Première partie de l’article : Zoom sur les stations de sports d’hiver – Partie 1

Les actions publiques

Le développement du tourisme est un enjeu économique et culturel majeur. Les territoires réclament toujours plus d’équipements, d’aménagements et d’installations. Il est dans l’intérêt d’un département, d’une région, d’une communauté de communes, de développer le tourisme. Plus la région vit économiquement, plus l’assiette de l’imposition s’élargit. Les recettes générées sont donc plus importantes. Dans cette optique, il est donc intéressant d’investir ou de subventionner les projets des entreprises privées lorsqu’elles souhaitent relier en remontées mécaniques deux domaines skiables ou qu’un projet hôtelier pointe le bout de son nez.

Ainsi par exemple, dans le Puy-de-Dôme, la communauté de communes du Massif du Sancy a financé avec l’aide du conseil régional, du conseil général et du fond européen, les téléskis du Ferrand Nord, du Ferrand Sud et du Col de Couhay, les retenues collinaires des stations du Mont-Dore et de Chastreix-Sancy, le télésiège de la Dore, ses canons et ses pistes, le téléphérique de La Perdrix et la mise en place d’une billetterie homogène sur toutes les stations.
Comme il n’est pas non plus question de dilapider l’argent public au profit d’entreprises privées, la communauté de communes du Massif du Sancy nous rappelle que “les investissements réalisés par la Communauté de Communes sont ensuite remis aux exploitants qui en assurent la charge. Ces derniers reversent ensuite une redevance à la Communauté destinée à assurer l’équilibre financier des projets.”

La taxe Loi Montagne, instituée par la Loi Montagne de 1985, s’établit à 5 % maximum du chiffre d’affaires de l’opérateur dont 3 % versés à la commune et 2 % au département. En France, ce sont 50 millions d’euros qui sont versés aux communes et départements au titre de cette taxe, qui ne pèse que sur l’activité des remontées mécaniques, à l’exclusion des autres prestataires de la station.

Les autres redevances contractuelles. Chaque convention de service public peut instituer tout type de redevance : redevance d’exploitation exclusive du domaine, redevance d’affermage, etc. Aucune règle n’existe quant à la nature et au montant de ces redevances : c’est la liberté contractuelle qui prévaut. Ce système s’appelle la DSP (Délégation de Service Public).

Largement utilisée dans tous les secteurs d’activité, la DSP est pourtant très critiquée par les professionnels des sports d’hiver. La gestion des domaines skiables représente un secteur économique à risque fort et pourtant avide de capitaux. Dans ce contexte, l’investisseur est une denrée rare. Il a besoin de pérennité, de possession des exploitations. Alors devons-nous céder nos montagnes à des entreprises privées ?

Le système des délégations de service public en vigueur dans notre pays, pour perdurer, doit maintenir l’équilibre entre la puissance publique locale qui décide et organise le service et l’investisseur-opérateur qui exécute, sous contrôle, le contrat dans lequel il s’est engagé. Le délégant et le délégataire ont un objectif commun majeur : offrir le meilleur équipement, le meilleur produit et le meilleur service possible. Dans ce monde de Candide, il faudra rajouter les ego de chacun. Les contrats de DSP conclus peuvent être irréalisables par les entreprises car la demande publique est en fait non-rentable. Également, le principe même de déléguer, pour une durée conclue, la gestion à une entreprise privée, ne favorise pas l’investissement de cette dernière. En effet, la non-certitude de récupérer les fruits de ses efforts est rédhibitoire.

Pour autant, il paraît impensable de céder nos plus beaux sommets… La question reste entière.

La montagne et ses salariés

Les métiers de la neige ont considérablement évolué en plus de 40 ans. Les pionniers de “l’or blanc” étaient des hommes et des femmes issus de la montagne. C’est d’abord cette passion de leur pays associée à un esprit visionnaire qui a permis l’émergence des stations que nous connaissons aujourd’hui. Au fil des décennies, cette activité hivernale s’est transformée en véritable “industrie” touristique. Les métiers, les équipements, la technologie, les organisations des entreprises ont dû s’adapter au développement rapide et composent aujourd’hui une activité économique qui compte dans la vie de nos régions, l’exploitation des remontées mécaniques et des domaines skiables.

Carte-Emplois-des-stations-en-France

Les salariés des domaines skiables sont aujourd’hui conscients d’appartenir à une profession structurée. Les métiers proposés intègrent, au-delà de l’exploitation des remontées mécaniques et des pistes, la commercialisation, le marketing et les notions de qualité, de sécurité et d’environnement.

Ces mutations et l’arrivée de nouveaux “profils” professionnels ont nécessité une meilleure qualification des salariés.

La convention collective des domaines skiables est unique en son genre, l’article 16 en est le pivot : il organise la priorité de réembauchage et la reconduction des contrats de travail d’une saison sur l’autre. Une enquête réalisée en 2009 dans le cadre paritaire par Domaines Skiables de France, la CFDT, la CGT, et FO, a montré que la situation des saisonniers dans le secteur des remontées mécaniques est bien éloignée des stéréotypes véhiculés sur la précarité des saisonniers en général. A noter que :

  • l’ancienneté moyenne des saisonniers du secteur est de plus de 8 ans en moyenne
  • 60 % des saisonniers sont propriétaires de leur logement.

Les métiers des domaines skiables sont plus que variés. On peut citer : Hôte de caisse, Agent d’accueil, Agent d’exploitation, Conducteur de remontées mécaniques, Electricien, Mécanicien, Chef de secteur remontées mécaniques, Directeur d’exploitation, Chef d’exploitation, Pisteur-secouriste, Artificier, Conducteur d’engins de damage, Nivoculteur, Chef de secteur pistes, Directeur des pistes, Monteur, Autres métiers non spécifiques aux domaines skiables : secrétaire, comptable, informaticien, responsable de la qualité, de la sécurité, de l’environnement, directeur des ressources humaines etc..

Pour des raisons de management, de nouveaux diplômes professionnels ont vu le jour : les Certificats de Qualification Professionnelle : conduite de téléporté à attaches débrayables, conduite d’engins de damage, conduite de téléporté à attaches fixes.

Courbe-EVOLUTION-DES-TAUX-AT-MP

De même, une organisation de professionnels des domaines skiables a vu le jour. Domaines Skiables de France est la chambre professionnelle des opérateurs de domaines skiables. Créée en 1938 sous le nom de Syndicat National des Téléphériques de France, cet organisme s’est progressivement développé en même temps que se multipliaient les appareils de ”transport par câble”, et les pistes de ski desservies. Aujourd’hui, il fédère 406 adhérents répartis entre 238 membres actifs (opérateurs de remontées mécaniques ou de domaines skiables), 168 membres correspondants (fournisseurs, constructeurs, centres de formation, maîtres d’œuvre…).

La gestion d’une station et ses problèmes

Pour découvrir simplement les problématiques de gestion d’une station de ski, un jeu sympa existe : www.‌ski-empire.fr

En savoir plus, les problématiques de gestion des stations :
Cam-problématiques-postes-de-dépense Courbe-problématiques-évolution-des-chargesHisto-problématiques-certification-des-entreprises
La sécurité des remontées mécaniques

La sécurité sur les remontées mécaniques est la préoccupation constante de tous les acteurs qui participent à la chaîne de conception et d’exploitation des remontées mécaniques. Les machines répondent toutes aux normes fixées par les réglementations en vigueur. Les entretiens doivent être effectués en temps et en heure.

Au niveau du système comme au niveau de chaque constituant de sécurité, la plupart des scénarios susceptibles de conduire à un accident sont identifiés et font l’objet de mesures de protection basées sur des analyses de sécurité et des arbres de défaillance. Les pièces de sécurité font l’objet de calculs croisés, intégrant les coefficients de sécurité prévus dans les normes européennes. Des tests d’endurance sévères sanctionnent la bonne conception des pièces les plus complexes.

Les maîtres d’œuvre, bureaux de contrôle et organismes notifiés imposés par la réglementation effectuent un second regard sur la conception et sur la réalisation.

Quant aux opérateurs de domaines skiables, sous le contrôle de l’Etat (Préfets, Ministère du Transport), ils effectuent au quotidien la maintenance, les contrôles et les essais prévus par la réglementation. Le programme de suivi de chaque appareil prévoit des contrôles et essais journaliers (effectués avant l’ouverture au public), hebdomadaires, mensuels et annuels.

Les autres contrôles pluriannuels (ex : quinquennaux) impliquent généralement le démontage et le contrôle pièce par pièce de chacun des éléments d’un même sous-système (véhicules, supports du câble en ligne, système de tension, etc.). Pour ces opérations, l’exploitant est susceptible de faire appel à des laboratoires de contrôle spécialisés.

Il en va de la responsabilité de chaque acteur de préserver la sécurité de tous les utilisateurs.