Cela fait maintenant quelques années que nous n’avons pas retrouvé une croissance économique forte. Notre pays va-t-il repartir ? Est-il normal de stagner, après des centaines d’années de développement fulgurant ? La croissance est mesurée et comparée au produit intérieur brut. Cela signifie que la croissance est exprimée en pourcentage par rapport aux richesses créées sur l’intérieur de notre territoire. Sommes-nous au paroxysme de ce que la société française peut créer ?

La croissance est limitée à 1,1 %

Trêve de philosophie, nous avons subi une grosse crise en 2008 et la confiance n’est pas revenue depuis. Est-ce aussi simple que ça ? Que faut-il pour générer de la croissance ?

La confiance, ça se mérite. La confiance pour la France rime souvent avec stabilité. Ce n’est pas vraiment le cas en ce moment. Après le Brexit, l’élection de Trump, la victoire du non au référendum en Italie, une nouvelle période d’incertitudes commence. La confiance des agents économiques n’est donc pas vraiment au rendez-vous. Le pays est plutôt en léthargie dans un monde qui évolue plus vite que lui. Étant donné que personne ne sait encore vraiment évaluer les conséquences, la France est dans une situation d’attente et semble s’engluer dans un rythme de croissance loin de ceux qu’elle a pu connaître avant la crise européenne du début de la décennie.

Pourtant 2015 paraissait l’année rêvée pour repartir sur une croissance forte. Euro, pétrole, taux d’intérêt permettaient au pays d’être dans une situation on ne peut plus favorable. Malgré cela, la croissance du PIB français n’a pas dépassé 1,1 %. Nous avons même connu une récession sur le second trimestre 2016…

Période

Variation
du
 PIB Français

1er trimestre 2015

0,6

2e trimestre 2015

0

3e trimestre 2015

0,4

4e trimestre 2015

0,4

2015

1,2

1er trimestre 2016

0,6

2e trimestre 2016

-0,1

3e trimestre 2016

0,2

4e trimestre 2016

0,4

2016

1,1

1er trimestre 2017

0,3

2e trimestre 2017

0,4

Dans ses prévisions, l’Insee avait déjà revu une première fois, de 1,6% à 1,3%, son scénario de croissance pour 2016. L’institut a finalement conclu à 1,1%, compte tenu d’une production agricole qui a souffert sur les derniers jours de l’année et du commerce extérieur qui n’a pas regagné les parts de marché à l’international prévues.

Pourtant, avec le quatrième trimestre 2016, le produit intérieur brut (PIB) accélère : +0,4 %, après +0,2 % au troisième trimestre. Les dépenses de consommation des ménages accélèrent au quatrième trimestre (+0,6 % après +0,1 % au troisième trimestre), de même que la formation brute de capital fixe (FBCF ; +0,8 % après +0,3 %). Au total, la demande intérieure finale hors stocks est plus dynamique, contribuant davantage à la croissance : +0,6 point après +0,2 point.

Les exportations sont plus vigoureuses (+1,1 % après +0,5 %) tandis que les importations ralentissent (+0,8 % après +2,5 %). Au total, le solde extérieur contribue légèrement à la croissance du PIB : +0,1 point après −0,7 point. À l’inverse, les variations de stocks y contribuent négativement (−0,2 point après +0,7 point).

Le PIB et ses composantes en volumes chaînés

 

2016 T1

2016 T2

2016 T3

2016 T4

2015

2016

PIB

0,6

-0,1

0,2

0,4

1,2

1,1

Importations

0,6

-1,5

2,5

0,8

6,4

3,6

Dép. conso. ménages

1,3

0,1

0,1

0,6

1,5

1,8

Dép. conso. APU*

0,4

0,4

0,3

0,4

1,4

1,5

FBCF totale

1,2

0,0

0,3

0,8

0,9

2,8

dont ENF*

2,2

-0,1

0,1

1,3

2,7

4,3

ménages

0,3

0,3

0,7

0,9

-0,8

1,5

APU*

-0,9

-0,5

0,0

-1,1

-3,9

-0,7

Exportations

-0,3

0,0

0,5

1,1

6,0

0,9

Contributions :

 

 

 

 

 

 

Demande intérieure finale hors stocks

1,0

0,1

0,2

0,6

1,3

1,9

Variations de stocks

-0,2

-0,8

0,7

-0,2

0,2

0,0

Commerce extérieur

-0,3

0,5

-0,7

0,1

-0,3

-0,9

* ENF : entreprises non financières – APU : administrations publiques

Il paraît donc sage de ne pas prévoir de croissance mirobolante pour cette année 2017. L’Insee table sur un petit 1,5 % de croissance mais pourrait vite se raviser si les chiffres ne sont pas au rendez-vous. Ce qui est attendu est d’ailleurs plutôt optimiste, progression de de 0,3 % au premier trimestre, puis de 0,4% au deuxième.

Pour comprendre ce qui nous arrive, il faut s’intéresser à de nombreux facteurs. A chaque strate de notre économie, il y a des petites failles dans l’engrenage qui pèse sur le résultat final.

La France augmente sa production totale de nouveau

Il faut voir le verre à moitié plein. Les prémices de la croissance peuvent se ressentir si la production totale générée augmente. C’est le cas pour ce dernier trimestre 2016.

La production totale de biens et services accélère légèrement au quatrième trimestre (+0,6 % après +0,5 %), grâce à un net rebond dans l’énergie (+3,7 % après −1,5 %). Elle augmente au même rythme qu’au troisième trimestre dans l’industrie manufacturière (+0,7 %) et dans les services marchands (+0,3 %). En revanche, elle ralentit dans la construction (+0,3 % après +0,9 %).

En moyenne sur l’année, la production totale progresse un peu plus vite qu’en 2015 (+1,4 % après +1,3 %) : elle rebondit dans la construction (+0,7 % après −2,2 %), augmente dans l’énergie (+1,8 % après +1,4 %) et l’industrie manufacturière (+0,6 % après +1,5 %). La production agricole diminue fortement en raison de conditions climatiques défavorables au printemps.

Le tableau ci-dessous donne un très bon aperçu de la santé économique des différents acteurs économiques de notre pays. Globalement, même si la production totale augmente faiblement, son évolution est stable.

 

2016 T1

2016 T2

2016 T3

2016 T4

2015

2016

Production totale

0,7

-0,2

0,5

0,6

1,3

1,4

Biens

0,2

-0,8

0,1

0,9

1,2

0,1

Industrie manufacturière

0,3

-1,0

0,7

0,7

1,5

0,6

Construction

0,4

-0,3

0,9

0,3

-2,2

0,7

Services marchands

1,0

-0,1

0,6

0,6

1,8

2,1

Services non marchands

0,4

0,3

0,2

0,3

1,0

1,3

Source : Insee

 

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