Et oui, la notation des dettes des états est depuis près d’un siècle une histoire mouvementée. Vous savez, les agences de notation sont ces organismes, censés être indépendants, qui notent le risque des dettes émises par les états. Le fameux AAA représentant l’investissement sans risque, dont on est certain que l’émetteur remboursera. Évidemment si la note baisse, le risque de ne jamais se faire rembourser, ou tout du moins une partie comme dans le cas de la Grèce, est plus important, donc pour prêter de l’argent on réclame une « prime de risque » c’est à dire un taux plus important.

La Grèce, la crise de 1929, les agences montrées du doigt : un goût de déjà vu…

Les agences de notation sont nées aux États-Unis au moment de la conquête du chemin de fer, les investisseurs ne savaient plus où investir leur argent, croulant sous les sociétés qui créaient des chemin de fer partout et leur promettaient monts et merveilles.

Le trésor américain reprochait aux agences de n’avoir pas vu venir la crise de 1929 (ça ne vous rappelle rien…), et leur a donc demandé d’élargir leur champ de compétence en notant les pays.

MOODY’S avait dégradé la note de la Grèce, provoquant une montée des taux d’intérêt insoutenable, et donc un défaut de paiement de ce pays, entraînant une crise économique majeure qui déboucha sur un coup d’état militaire terrible et conduisit à un retour de la monarchie en 1935, puis une dictature du général Metaxas. En 1936, MOODY’S s’excuse et arrête de noter les états jugeant l’exercice trop risqué et les conséquences trop lourdes, tout comme FITCH. Tout ça ne vous rappelle rien ?

Le retour des notations des états demandé par les états !

Dans les années 70, l’Australie a du mal à convaincre des investisseurs d’acheter de la dette australienne, et demande à MOODY’S de noter sa situation pour prouver au marché que l’état australien est un bon emprunteur. Retour de la notation des pays par les agences. Noter que c’est un état qui demande le retour ! D’ailleurs, en 1986 l’Australie est le premier pays occidental développé d’après guerre qui perdra son AAA…, et mettra 17 ans à s’en remettre.

Aujourd’hui, à nouveau les agences de notation sont décriées, montrées du doigt par les politiques de tout bord, et l’histoire recommence un peu !

Un grand merci à l’économiste Jean-marc DANIEL pour avoir ressorti cette histoire (dans Le Monde, BFM notamment)