Payer son énergie moins cher, protéger l’environnement en utilisant les ressources non polluantes, voire revendre son électricité à EDF : autant de bonnes raisons de vouloir installer une éolienne dans son jardin.

Mais est-ce une si bonne idée ? Est-ce que je gagne vraiment de l’argent ? Tout un chacun peut-il le faire ? Ce n’est pas aussi simple que ça.

L’emplacement est primordial

Tout comme dans l’immobilier, installer une éolienne revient d’abord et avant tout, à choisir un bon emplacement. Les éoliennes démarrent avec peu de vent, de telle sorte qu’une brise suffit à la faire tourner. Une éolienne nécessite d’avoir suffisamment d’espace pour l’installer. Sachant qu’une éolienne classique domestique fait environ 10 mètres de hauteur avec des pâles de 4-6 mètres de diamètres, c’est une situation compliquée en ville.

En plus, il faut que ce vent soit régulier. Un vent fort mais irrégulier n’est pas intéressant. En effet, nous ne savons toujours pas stocker l’électricité correctement. De ce fait, il vaut mieux un courant continu que des fortes variations dont on ne saura pas quoi faire. Des cartes de vent existent, et permettent de se faire une idée du potentiel d’exposition. Bien entendu, les spécialistes font des études de votre terrain pour orienter et placer au mieux l’éolienne.

Quel type d’éolienne ?

Réponse de normand : ça dépend de vos besoins. Les éoliennes individuelles ou domestiques varient généralement entre 10 et 35 mètres, et les pâles de 2 à 10 mètres, pour une puissance de 100 watts à 20 kilowatts, soit une gamme très large !

Pour donner une idée, une éolienne domestique de 12 mètres de haut et 3,6 mètres de diamètre de 2 kilowatts, produit environ 2 000 kWh par an et correspond à 40 % de la consommation d’une famille de quatre personnes (soit une  moyenne de 6762 Kwh en France par foyer en 2008). C’est tout ! Pour être autonome énergétiquement, cela ne suffira pas (à moins de n’avoir que très peu d’appareils électriques et notamment pour se chauffer). La puissance de l’éolienne est relativement  proportionnelle à sa taille. Ainsi, une éolienne de 24 mètres peut couvrir jusqu’à 80 % des besoins en électricité d’une famille de 4 personnes (en supposant que la régularité du vent soit telle que l’éolienne fournit du courant en continu).

Désormais, des éoliennes de toits ou de pignons peuvent être fixées sur les toitures, mais elles entraînent des vibrations importantes, alors qu’elles fournissent peu d’énergie et un rendement très faibles. Il semble que cette technologie ne soit pas encore totalement au point.

Par comparaison, une éolienne industrielle au sein d’un parc éolien fournit environ 2 mégawatts pour alimenter environ 2 000 foyers et coûte environ 1 million d’euros.

Si on tient compte du prix du KWh fourni par EDF (Au 1er janvier 2012, le tarif de rachat applicable en France est de 0,082 euros par kWh. Ce tarif est garanti pendant 15 ans. Pour bénéficier de ce tarif, l’éolienne doit être installée dans une Zone de Développement Éolien (ZDE). L’électricité produite par les éoliennes industrielles est rachetée 86 euros le MWh (8,6 ct € le Kwh) en 2009. Ce tarif indexé sur l’inflation est lié à un contrat de 15 ans qui impose une dégressivité du prix de rachat en fonction du taux de charge annuel des éoliennes.
Une installation de petit éolien réalisée par un particulier étant le plus souvent située hors zone de développement éolien (ZDE), il est impossible de bénéficier des contrats de rachat imposés à EDF pour les énergies renouvelables par le mécanisme de la CSPE (Service public de l’électricité). Il est cependant possible d’envisager la revente de tout ou partie de l’excédent de la production d’électricité éolienne à une société (France Eoliennes, Weole Energy, Direct Energie) élue « responsable d’équilibre » pour le RTE (Réseau de Transport d’Electricité, filiale d’EDF). Le prix de rachat sera de l’ordre de 6 ct d’euros le KWh (prix indexé sur le tarif de gros en Europe sur Powernext) et très inférieur au prix public de fourniture d’électricité (environ 11 ct d’euros TTC le KWh en heures pleines).

Combien ça coûte ?

Loin d’être négligeable, le coût d’installation d’une petite éolienne varie de 10 000 à 90 000 euros en fonction de sa puissance, de la taille du mât et des travaux d’ancrage. Pour ces petites éoliennes, c’est le coût de l’installation qui est élevé, plus que celui du matériel lui-même. C’est un investissement qui s’inscrit dans la durée. Pour notre exemple d’éolienne de 12 mètres de haut, le coût se situerait autour de 20 000 euros et elle ne fournirait que 40 % de la consommation électrique moyenne d’une famille de 4 personnes.

Grenelle de l’environnement, niches fiscales, je bénéficie d’aides ?

Conscience écologique, transition énergétique, énergies renouvelables…, autant de bonnes raisons d’aider ceux qui veulent devenir propriétaires d’une éolienne.

Il est possible de bénéficier d’un crédit d’impôt depuis le 1er janvier 2012 de 32 % des dépenses TTC (hors main d’oeuvre) payées entre le 1er janvier 2006 et le 31 décembre 2013 (il était de 50 % en 2010, austérité oblige), celui-ci étant plafonné en fonction de votre situation familiale. De plus, grâce au système du bouquet énergétique, vous pouvez obtenir un crédit d’impôt de 40 % si vous cumulez cette installation d’éolienne avec d’autres travaux éligibles au crédit d’impôt : j’installe une éolienne et une pompe à chaleur par exemple.

Si le territoire est en régime rural d’électrification, vous pouvez recevoir des aides du FACE (Fonds d’Amortissement des Charges d’Electrification) ou de l’ADEME, l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie
(www.ademe.fr) par l’intermédiaire de votre syndicat d’électrification ou parfois de votre commune.

Des aides complémentaires peuvent exister localement, provenant de l’Union européenne (FEDER, Fonds Européens de Développement Régional), des Conseils Régionaux ou Généraux, comme par exemple la région Languedoc Roussillon qui est la première région de France à proposer de subventionner 25 % du montant d’achat de l’éolienne si elle est raccordée au réseau électrique.

Je suis un malin moi ! Je revends mon électricité à EDF !

Ce n’est pas aussi simple que ça. L’obligation de rachat de l’électricité produite par votre éolienne ne vaut que pour certains territoires très précis : les ZDE, zones de développement éolien. L’étendue de ces zones est très faible !

En conclusion, non, l’éolienne domestique n’est pas encore pour tout le monde. Une petite éolienne est amortie au bout de 15 à 20 ans de fonctionnement. Une très bonne exposition aux vents est la condition indispensable pour amortir une petite éolienne en 15 ans et espérer qu’elle fonctionne encore quelques années de plus. Investir dans une petite éolienne pour substituer sa production à l’achat d’électricité sur le réseau EDF permet juste d’espérer l’équilibre énergétique.

Les démarches administratives :

  • Demande d’un récépissé de dépôt préalable à la déclaration de travaux pour les installations de moins de 12 mètres de hauteur.
  • Dépôt d’une demande de permis de construire pour les installations de plus de 12 mètres de hauteur (plan de masse, intégration paysagère, vérification du Plan d’Occupation des Sols etc.) ;
  • Demande d’autorisation d’exploitation auprès de la Direction de la Demande des Marchés Énergétiques (DIDEME) ;
  • Demande de raccordement au réseau auprès de l’Electricité Réseau Distribution de France (ERDF).
  • Pour les clients en ZDE, demande d’un certificat d’obligation de rachat auprès de la DRIRE et demande d’établissement du contrat de rachat de l’électricité par EDF auprès de l’Agence d’Obligation d’Achat (AOA) ; pour les clients hors ZDE, demande de contrat de rachat de l’électricité auprès d’Enercoop (ou équivalent)

Le saviez-vous ?

La production primaire brute (nucléaire, hydraulique, éolienne, photovoltaïque) s’établit à 506 TWh en 2010. Il s’y ajoute 63 TWh produits par des centrales thermiques classiques. Ainsi, la production française d’électricité est assurée à 75 % par le nucléaire, à 12 % par l’hydraulique, 11 % par le thermique classique, 1,7 % par l’éolien, et 0,1 % par le photovoltaïque, beaucoup plus marginal.