Trouver un stage est toujours un moment compliqué dans le cursus d’un étudiant, surtout lorsque c’est la première expérience professionnelle. Nous l’avons déjà dit dans les pages de Comptazine, le diplôme est le premier rempart contre le chômage, à condition que les expériences professionnelles aillent avec. Il est loin le temps où il suffisait de s’afficher avec un BAC+4 pour trouver du travail. Aujourd’hui, en comptabilité, secteur qui recrute rappelons-le, il faut montrer le savoir et le savoir-faire. Les expériences professionnelles sont très valorisées, non seulement pour les compétences qu’elles permettent d’acquérir (la pratique du métier est loin de la théorie), mais aussi pour la détermination qu’elles suscitent à s’insérer et travailler dans le monde professionnel. Il ne faut négliger aucune possibilité de stage ou d’emploi et il faut également rappeler que l’alternance facilite l’insertion professionnelle.
Alors comment trouver ce stage ou ce contrat d’apprentissage ? Quelles sont les entreprises qui accueillent ? Comment se présenter devant un employeur potentiel ?
Il faut commencer par répéter ce que vous savez déjà : chercher un stage, un contrat d’apprentissage, ou un emploi, demande de l’organisation, de l’abnégation, de la patience et de la détermination. C’est un vrai boulot !
Rédiger un CV et une lettre de motivation
Vous trouverez des dizaines de sites d’aide à la rédaction d’un CV ou d’une lettre de motivation. Malheureusement, autant vous le dire tout de suite, aucun ne sera idéal.
Nous voudrions soulever une erreur souvent commise par les jeunes diplômés : ne mettez pas en avant plus qu’il ne le faut votre école ou votre cursus : mettez-vous en avant. Il arrive que les CV et les lettres de motivation soient une publicité pour l’école ou le diplôme que vous passez ou que vous avez passé : l’employeur ne recrute pas votre diplôme mais vous ! Quelles sont les compétences que vous avez, quelle est votre expérience professionnelle, etc.
Un CV doit être clair, simple, lisible et sur une page si possible. Pensez vraiment que la personne qui parcourt votre CV ne va y passer que quelques secondes : pensez toujours qu’elle n’a pas de temps à perdre. Le CV est un équilibre difficile à trouver entre votre personnalité d’un côté et le caractère de l’emploi que vous recherchez. C’est pourquoi, un CV plein de trouvailles typographiques, de couleurs, artistique, conviendra mieux à un emploi de graphiste qu’un à un poste de comptable. Recevoir un CV original et surprenant quand l’emploi demande d’être précis, rigoureux est incongru et vous desservira. En revanche, le CV austère et carré pour un emploi en marketing est inadapté. Faites plusieurs CV : tous les sites d’emploi permettent d’en enregistrer plusieurs et de choisir le plus adapté à l’annonce à laquelle vous répondez.
La photo n’est pas obligatoire, le rédacteur de cet article n’en a jamais mis. Vous êtes joli(e), tant mieux, mettez une photo, mais sobre, vous ne savez pas qui va examiner votre CV. Un homme aura tendance à convoquer une jolie femme, c’est sûr.
La lettre de motivation est un exercice obligatoire ; vous n’y échapperez pas. Là encore, si nous avons un conseil à vous donner, soyez simple, bref, concis et enthousiaste. Ne soyez surtout pas larmoyant : « je cherche depuis maintenant un an un stage, mais personne ne veut me donner ma chance, donc je postule à ce poste… », c’est la catastrophe. Soyez factuel sur vos expériences, décrivez ce que vous avez fait et appris et n’en rajoutez pas, en particulier sur vos précédentes expériences professionnelles : en effet, si l’entreprise était si merveilleuse, votre poste si riche et vous si bon, alors pourquoi n’y êtes vous pas encore !
Ne négligez pas la forme de la lettre de motivation, présentez-la dans les règles et adressez-la au dirigeant, qui peut être le chef d’entreprise en PME, ou le directeur des ressources humaines dans les grandes entreprises. Prenez le temps qu’il faut pour trouver son nom, regardez le site internet de la société, appelez le standard pour le demander. Il faut éviter le plus possible, le « Monsieur, Madame », et par pitié RELISEZ-VOUS : il n’y a rien de plus agaçant que de recevoir une lettre, ou un mail d’ailleurs, qui regorge de fautes d’orthographe. Puisque nous en parlons, si vous communiquez par mail ou par réseaux sociaux avec votre futur employeur, respectez la forme car l’outil avec lequel vous communiquez ne change rien, ce n’est pas parce que c’est un mail que l’on doit se sentir familier. Si on a pu le croire il y a une dizaine d’années, les « nouveaux outils » sont rentrés dans le rang.
Rechercher les entreprises qui recrutent
Répondre aux annonces
Encore faut-il savoir où chercher les annonces auxquelles répondre. Internet a révolutionné la recherche d’emploi en fournissant des bases de données performantes et en permettant de postuler le plus souvent en ligne.
Les sites internet sont devenus le graal de l’annonce d’emploi. Ce sont des outils fantastiques qui font gagner un temps précieux de recherche. Indeed.fr (le plus efficace à nos yeux en ce moment), Monster, cadremploi, l’apec etc., mais aussi des sites régionaux comme centreemploi.fr, grandsud-emploi.fr.
N’oubliez pas les sites professionnels, notamment en ce qui concerne la comptabilité, les sites de l’Ordre des Experts-Comptables : www.annonces.experts-comptables.com, et les sites régionaux, moins fournis mais moins visités aussi : www.oec-paris.fr/emploi, www.experts-comptables-orleans.fr (orléans) etc.
Les cabinets de recrutement
Les dirigeants, notamment de PME, n’ont pas le temps de traiter les flux monstrueux de CV qui leur parviennent, de recevoir beaucoup de candidats ni de vérifier leurs antécédents etc. Pour ce faire, ils mandatent des cabinets de recrutement qui permettent d’avoir une sélection de quelques candidats qui ont passé les différents filtres : c’est une externalisation de la direction des ressources humaines. Les offres passées par ces cabinets sont semi-publiques, si vous me permettez l’expression, c’est-à-dire que vous ne connaissez pas le véritable employeur derrière l’annonce ; c’est le but de la manœuvre.
Pour les professions des métiers du chiffre, deux cabinets se démarquent : Hays et Michael Page. Inscrivez-vous, remplissez les formulaires et répondez à quelques annonces. Si votre CV est intéressant, ils vous rappelleront. Vous passerez alors un entretien avec un conseiller : préparez-le exactement comme vous le feriez avec un recruteur habituel, vous serez jugé de la même manière. D’ailleurs, le cabinet peut, le cas échéant, vous ouvrir les portes de plusieurs recruteurs qui seraient intéressés par votre profil.
Les cabinets de recrutement vivent sur les placements qu’ils effectuent. En effet, si l’employeur final embauche une personne présentée par le cabinet de recrutement, la commission du cabinet de recrutement tournera autour de 20/25 % de la rémunération annuelle du salarié.
Les candidatures spontanées
Il ne faut pas négliger les candidatures spontanées. La majorité des postes à pourvoir fait partie de la « zone grise » : ce sont des offres cachées que l’on voit difficilement, soit qui ne sont pas publiques, soit diffusées seulement sur certains sites ou réseaux sociaux, par exemple. Beaucoup de dirigeants de PME n’ont pas le temps de passer des annonces, recevoir des candidats, étudier les candidatures…, donc ils auraient besoin de quelqu’un mais ne le cherche pas vraiment par faute de temps ou de moyens ; et c’est là que votre CV tombe sur son bureau et vous êtes exactement celui ou celle qu’il cherchait ! Vous ne serez pas surpris d’apprendre que votre serviteur, le rédacteur de cet article, a décroché ses trois derniers postes comme cela.
Préférez encore aujourd’hui le courrier pour candidater auprès des PME (moins de 50 salariés) : le courrier arrive sur le bureau. Il faut savoir que le mail, si il n’est pas arrivé en SPAM, se trouve au milieu des 150 autres de la journée que la secrétaire, si il y en a une, ou le dirigeant lui-même, va traiter plus que rapidement : ils n’ouvriront probablement pas ni l’un ni l’autre les pièces jointes. Adressez le courrier au dirigeant lui-même, c’est toujours mieux.
Pour les grosses sociétés, c’est un peu différent. Le flux de courrier se perd tout autant que les mails et les directions des Ressources Humaines sont chargées de traiter ces affaires. Les sites de ces sociétés, à la rubrique « recrutement » ou « carrière » comportent le plus souvent un onglet candidature spontanée qui permet de lancer son CV.
L’entretien
Dès votre arrivée (soyez à l’heure évidemment) arborez de la détermination et soyez poli. Vous vous fichez de la réceptionniste car vous avez rendez-vous avec le directeur général, vous la snobez. Ne faites jamais cette erreur ! Il y a toutes les chances qu’après l’entretien, le patron vienne demander à la réceptionniste comment vous vous êtes comporté avec elle car pendant les 10 minutes d’attente, vous êtes regardé, ne l’oubliez pas, et tout compte. Prenez les journaux mis à votre disposition plutôt que votre téléphone portable, regardez les brochures de la société, ça peut toujours servir. Soyez attentif à l’ambiance, le comportement des gens qui passent dans le couloir, adaptez-vous aux codes de la société dans laquelle vous avez atterri. Si les gens sont en jean, rigolent dans les couloirs, ce n’est pas pareil que des costumes cravates silencieux. Vous devez vous adapter à l’entreprise, pas le contraire.
Quant à la tenue : pour les hommes, préférez toujours le costume cravate, on ne pourra jamais vous le reprocher quelle que soit la circonstance, alors que toute autre tenue peut être mal interprétée. Éviter s’il vous plaît le costume noire/chemise blanche/cravate noire, ça fait serveur ou veilleur. Pour les femmes, tailleur classique, n’en faites pas trop.
N’arrivez pas les mains vides. Venez avec deux exemplaires de votre CV et de votre lettre de motivation (une pour vous et une pour votre interlocuteur) dans une pochette avec quelques feuilles blanches et un stylo.
On est venu vous chercher et on vous fait passer dans le bureau. Les 30 premières secondes sont absolument fondamentales. Vous devez sourire par dessus tout, et donner une poignée de main franche. Ne vous asseyez pas avant qu’on vous y ait invité et posez votre manteau sur le dos de la chaise que l’on vous propose : sans vous étaler.
Les entretiens prennent le plus souvent une forme banale. Vous êtes face à une seule personne qui commence par vous demander d’expliquer votre parcours. Il se peut que l’on commence par vous présenter la société. Faites semblant d’être intéressé et n’hésitez pas à prendre des notes.
Les entretiens peuvent prendre d’autres formes comme le « bon flic/mauvais flic » : une personne vous parle gentiment en souriant, alors que l’autre vous regarde en coin. Le premier parle, et de temps en temps, le deuxième vous balance une question un peu méchante : « Vous nous dites que vous savez vous servir d’Excel, mais rien ne le prouve». Gardez votre calme, ce n’est que de la déstabilisation pour voir votre réaction. Ne vous laissez pas intimider, répondez toujours point par point avec le sourire. Vous avez dit que vous étiez bon en anglais, boom, une question en anglais débarque au beau milieu de l’entretien sans prévenir : il vaut mieux que vous soyez effectivement bon en anglais. Mais pour vous rassurer, il y a toutes les chances que vous soyez aussi bon, voire meilleur en anglais que votre interlocuteur ; n’ayez donc pas trop de complexes de ce côté-là car la plupart des employeurs que nous avons pu connaître étaient médiocres en langues étrangères.
Si vous avez deux personnes en face de vous, regardez chacune d’entre elle tour à tour, même si une des deux ne dit rien.
Le salaire arrive souvent en dernier : il faut en parler lors de l’entretien. En revanche, ne posez pas de question sur les tickets restaurants ou le comité d’entreprise par exemple. Le salaire est par contre un point majeur. N’ayez d’ailleurs pas peur d’aborder le sujet. Soyez franc, mais raisonnable. Ne jouez pas la carte du « je demande très haut, pour baisser ensuite ». C’est agaçant, on ne vend pas des tapis ici ! Soyez d’emblée raisonnable et ferme. Il faut vous renseigner sur les salaires de la profession avant.
L’entretien téléphonique est la méthode de recrutement qui a le plus progressé depuis quelques années. C’est une étape nouvelle dans le parcours du candidat, un écrémage de plus. Il n’est pas différent fondamentalement de l’entretien physique à ceci près que vous pouvez être en caleçon dans votre salon. Mais au fond, nous vous conseillons de le préparer de la même manière qu’un entretien physique. Cela vous permettra d’être dans le même état d’esprit et c’est bien ce qu’il faut faire. Par exemple, on l’oublie souvent, mais le sourire s’entend au téléphone.
Les questions étranges.
Méthode à la mode : on vous pose des questions bizarres censées vous déstabiliser pour voir votre manière de réagir. Ça vient des start-up de Californie. Certains employeurs essaient d’appliquer cette méthode dans d’autres domaines avec plus ou moins de bonheur. Bref.
Alors, combien de pièces de 10 centimes pourriez-vous mettre dans ce bureau ?, Pourriez-vous faire rentrer un éléphant dans un frigo ? Êtes-vous pour ou contre le jus de citron ? Préféreriez-vous combattre un canard de la taille d’un cheval ou 100 chevaux de la taille d’un canard ? Quelle est l’adresse mail la plus sympa que vous ayez vue et pourquoi ? Si vous gagniez un million d’euros que feriez-vous ?
Pas facile a priori hein ?
Les plus courantes sont les questions de types problèmes mathématiques, comme le nombre de pièces de 1 euro dans le bureau. Se lancer dans de savants calculs est une manière de répondre (une pièce de 1 euros fait environ 1 cm cube, or ce bureau fait 3 mètres de long, 3 mètres de large et 2 mètres de hauteur etc.) à condition que vous n’ennuyiez pas votre interlocuteur, que vous bougiez de votre chaise, que vous soyez mobile, dynamique : levez-vous pour mesurer la pièce avec des pas etc. Vous montrez que vous prenez le problème à bras le corps, que la difficulté ne vous fait pas peur etc.
Mais la vraie bonne manière de répondre serait (employons des conditionnels car chaque employeur est différent) décalée, humoristiques : montrez votre intelligence, votre malignité et votre façon de vous démarquer : c’est bien cela qui est scruté. Vous pouvez rebondir : « cela dépend, vous comptez continuer à vous servir de votre bureau ? », « je ne suis pas certain que l’inspection du travail ne soit tout à fait d’accord avec cette idée », « n’y a t-il pas une autre manière d’utiliser autant d’argent ? ». A vous de trouver évidemment.
Pour les autres questions, c’est pareil :
Un éléphant dans le frigo ? Suis-je dans un pays où j’ai le droit de tuer un éléphant, ai-je des outils à ma disposition, le frigo est-il déjà plein ?
Canard ou cheval ? Et bien, les deux me tueraient bien, mais quitte à combattre, je préfère un seul adversaire qu’une horde, quelle qu’elle soit qui m’empêcherait de m’échapper en m’encerclant.
Un million d’euros ? Et bien je sauterais de joie pour commencer, puis je calculerais déjà la somme nette, après impôts et je réfléchirais aux options qui s’offrent à moi. Mais si c’est ce qui vous inquiète, je serai au travail le lendemain comme d’habitude, car un million d’euros aide énormément bien entendu, mais ne fait pas une vie.
Le plus important est de rester calme face à la question, de répondre assez vite, mais prenez quelques secondes avant de répondre.
Rechercher un stage, un contrat d’alternance, un emploi est une chose qui s’apprend sur le terrain. Vous allez avoir des réussites et des déconvenues, c’est certain, et c’est normal. Après un entretien, passez tout de suite à autre chose, continuez votre recherche jusqu’à ce que vous ayez signé, n’attendez pas une réponse avant de continuer votre recherche et ne soyez pas impatient.