Les procédures d’inventaire
L’inventaire de fin d’exercice
La notion d’inventaire n’est pas liée uniquement à celle de stock. En effet, l’inventaire est la liste, à un moment donné, de tous les biens et de toutes les dettes de l’entreprise. Le Code de Commerce impose, à toutes les entreprises industrielles et commerciales, un inventaire annuel. Dans le cadre de l’inventaire des stocks, tous les articles sont comptés à la date précise de clôture et, dans de nombreux cas, les mouvements de stocks, d’entrée et de sortie, sont interdits pendant la période d’inventaire.
L’inventaire permanent
L’inventaire permanent que l’on appelle aussi « inventaire informatique » consiste à comptabiliser en permanence les entrées et les sorties et de connaître ainsi le stock à disposition. Cette pratique n’exclut pas l’apparition d’écarts car il s’agit souvent de valeurs calculées et donc théoriques.
L’inventaire intermittent
L’inventaire intermittent est un contrôle par comparaison de l’inventaire permanent aux quantités effectivement observées sur le lieu de stockage. Il consiste à mobiliser une partie du personnel des magasins et à comptabiliser tout ce qui existe en stock. Les quantités relevées sont comparées aux valeurs contenues dans les fichiers. Quand apparaissent des discordances entre les quantités, c’est-à-dire des écarts d’inventaire, il sera procédé à un deuxième comptage… Cela est fréquent car l’inventaire physique des stocks est une opération fastidieuse et en conséquence, source de nombreuses erreurs.
L’inventaire tournant
L’inventaire tournant est lui-aussi, un contrôle comme l’inventaire intermittent et consiste à répartir le comptage tout au long de l’année. Chaque jour ou chaque semaine, le personnel du magasin va comptabiliser un certain nombre de références. Cela peut se faire par exemple au passage à zéro : zéro dans les fichiers informatisés ou zéro sur les aires de stockage.
Sauf incident ou accident particulier, le déclenchement d’une opération d’inventaire est de la responsabilité de la gestion des stocks même si c’est bien le personnel des magasins qui ont la tâche du comptage physique.
Une aire de stockage étant généralement ouverte entre 220 et 250 jours par an, il est conseillé de procéder aux vérifications pendant 200 jours, en traitant environ 1/200ème du stock chaque jour.
Les stocks et la comptabilité générale
Les stocks figurent à l’actif du bilan. Par opposition aux immobilisations, on les place dans les actifs circulants. Les stocks figurent aussi d’une certaine façon, au compte de résultat :
Dans la rubrique « produits d’exploitation » en production stockée (produits finis et en-cours) par l’expression de la variation des stocks entre deux inventaires de fin d’année (stock final – stock initial)
- Dans la rubrique « charges d’exploitation » en variation des stocks de marchandises, matières premières ou autres approvisionnements par l’expression de la variation des stocks entre deux inventaires de fin d’année (stock initial – stock final)
Les règlements fiscaux permettent de porter aux comptes de stocks des provisions pour dépréciation, correspondant aux pertes de valeur d’articles vieillissants dont la vente ou l’emploi deviennent incertains (comptes 39).
Valorisation des stocks et des sorties
L’inventaire permanent des stocks passe par la connaissance continue des stocks en quantité et en valeur. Pour la valorisation des entrées en stocks, il faut distinguer :
- Les éléments achetés (marchandises, approvisionnements, certains emballages commerciaux) qui sont évalués soit au coût d’acquisition (ensemble des charges supportées en raison de l’achat des éléments stockés), soit à un coût approché, soit à un coût préétabli.
- Les éléments fabriqués (différents types de produits et autres emballages commerciaux) qui sont normalement évalués à leur coût de production (ensemble des charges supportées par l’entreprise en raison de la création des produits ou services). Si ce coût n’a pas été encore calculé en fin de période, il peut être remplacé par un coût préétabli. Pour la valorisation des sorties, tout élément stocké doit sortir, en principe, des magasins au coût auquel il y était entré.
L’application de cette règle est toutefois délicate, car peu d’éléments de stocks peuvent faire l’objet d’une véritable individualisation. La plupart sont au contraire interchangeables et ne peuvent plus être identifiés après leur entrée en magasin. Une sortie peut succéder à différentes entrées évaluées à des valeurs différentes.
Les méthodes admettant la fongibilité totale des lots
Les méthodes fondées sur le calcul du coût unitaire pondéré comme substitut au coût réel sont admises à la fois en comptabilité analytique et en comptabilité générale. Il en existe deux variantes.
Le coût moyen unitaire pondéré (C.M.U.P.) après chaque entrée : toutes les sorties qui suivent une entrée donnée sont évaluées à un coût moyen unitaire pondéré (C.M.U.P.) calculé ainsi :
[stock existant (en valeur) + entrée (en valeur)] / [stock existant (en quantité) + entrée (en quantité)]Le coût moyen unitaire pondéré sur une période : en cours de période, les entrées sont enregistrées normalement en quantité et en valeur mais les sorties sont enregistrées uniquement en quantité. À la fin de la période, le coût moyen qui sert à évaluer les sorties se calcule ainsi :
[stock existant (en valeur) + total des entrées (en valeur)] / [stock initial (en quantité) + total des entrées (en quantité)]En principe, la période retenue pour l’application de cette méthode ne doit pas excéder la durée moyenne de stockage. Ce procédé a l’avantage de niveler les variations de coûts. Il a l’inconvénient de ne permettre la valorisation des sorties qu’en fin de période.
Les méthodes de l’épuisement des lots
Ces méthodes admettent une fongibilité des produits à l’intérieur des lots mais les lots eux-mêmes ne peuvent pas se mélanger. Ces procédés retiennent comme coûts de sortie, les coûts exacts d’entrée (et non la moyenne) mais dans un certain ordre (purement comptable) car les produits ne sont pas forcément différentiables en magasin.
La méthode premier entré, premier sorti (P.E.P.S.) : dans cette méthode, les lots sortent par ordre d’ancienneté : lors d’une sortie, il faut d’abord prélever sur le premier lot non épuisé, puis s’il n’est pas suffisant sur le deuxième, etc.
Avec cette méthode, les sorties suivent avec retard les variations de prix. Ce retard est fonction de la plus ou moins rapide rotation des stocks. Elle conduit à minorer les coûts de revient de la période en majorant le stock final en période de hausse des prix.
La méthode dernier entré, premier sorti (D.E.P.S.) : cette méthode n’est pas encore admise par les règles comptables françaises. Ici, les sorties sont valorisées au coût des articles les plus récemment entrés et figurant encore en stock.
Avec cette méthode, en période de hausse des prix, le stock final est minoré et les coûts de revient de la période sont majorés. Les coûts suivent bien les variations de prix.
Les conséquences du choix de la méthode de valorisation
La méthode choisie entraîne une certaine valeur du stock et du coût de revient, puisque le montant des sorties lui est affecté. Le choix a donc une incidence directe sur le résultat de l’entreprise. Ses conséquences doivent être jugées en fonction de l’évolution générale des prix :
Stock amont | Stock aval | |
En période de hausse des prix | ||
C.U.M.P. | Légèrement sous–valorisé | Légèrement sous–valorisé |
P.E.P.S. | Proche du coût de remplacement | Sous–valorisé |
D.E.P.S. | Sous–valorisé | Valorisé à un coût récent |
En période de baisse des prix | ||
C.U.M.P | Légèrement sur–valorisé | Légèrement sur–valorisé |
P.E.P.S. | Proche du coût de remplacement | Sur–valorisé |
D.E.P.S. | Sur–valorisé | Valorisé à un coût récent |