Provoquons enfin un vrai choc d’offre. Il faut repenser complètement le modèle fiscal de nos pays, et il faut tenter des paris. Aujourd’hui on va dans le mur, on le répète inlassablement, on voit l’Espagne s’effondrer, l’Italie s’enfoncer, la croissance mondiale s’arrêter mais on ne fait…rien. Toujours rien. Enfin, non, je suis mauvaise langue : on augmente les impôts, que ce soit la droite ou la gauche ; résultat : dette de 90 % du PIB, 70 milliards de déficit commercial, 5 % de déficit annuel. BRAVO ! Mesurettes non seulement inefficaces mais contreproductives. Là on y va tout droit, célèbre formule de celui qui saute par la fenêtre et qui se dit pendant son saut : « jusqu’ici tout va bien ». Tentons quelque chose bon sang ! Le choc de demande ne pourra pas fonctionner, étant donnée la contraction partout autour de nous, et principalement de nos partenaires européens. Ce n’est ni de droite ni de gauche que de dire ça, c’est la réalité. Tentons un choc d’offre : une vraie baisse des cotisations patronales et la suppression de l’impôt sur le revenu, compensées par des hausses massives de TVA et de CSG. C’est risqué, mais dans les sables mouvants, les petites agitations emmènent à l’enfouissement. Et là on s’enfonce.
La TVA sociale est une « faute économique » disaient encore les tenants de la campagne du désormais président de la république. Mais face aux réalités économiques, dont nous sommes ravi qu’ils les aient bien prises en compte, et ce depuis toujours, il va faire la « CSG sociale », ce qui est pratiquement la même chose. Politiquement il fallait l’abattre, et certes la base est peut-être pas tout à fait la même, mais les impacts et les résultats seront grosso modo les mêmes.
TVA sociale, CSG sociale : késako ?
A bien y regarder, il n’y a rien de vraiment social : c’est de déplacer le financement de nos prestations sociales (sécurité sociale, chômage, allocations familiales etc.) aujourd’hui payées avec les taxes prélevées sur les salaires et par les cotisations que paient les entreprises, vers quelqu’un d’autre pour les payer. Qui d’autre ? Et bien les gens : consommateurs ou citoyens.
On va baisser de 4 ou 5 % le coût d’un salaire pour une entreprise en contrepartie de quoi les consommateurs (TVA), ou les citoyens qui ont des revenus (CSG) -qui sont, on me racontera ce qu’on voudra, malgré tout un peu les mêmes- devront payer. On décharge les entreprises pour faire peser sur les personnes physiques
Les marchands de tapis : on va encore faire du 1% par ci, 1% par là. On a pas de couilles !
L’idée derrière la mécanique fiscale est de dire : si le coût du travail est moindre, les entreprises auront un coût de production plus faible, donc vendront moins cher, donc exporteront. Et à l’intérieur du pays, nos produits seront plus compétitifs face aux produits importés qui eux resteront au même prix. Donc on va relancer la production, car nos produits seront à des prix concurrentiels.
Ok, mais pensons nous sérieusement qu’une modification même de 5 % du coût du travail changera quoi que ce soit ? Admettons que 5 % de coût du travail entraîne des prix inférieurs de 5 % (ce qui est loin d’être le cas, puisque la main d’oeuvre ne représente pas la totalité du coût du produit), pensons nous sérieusement que les chinois ne seront pas capables de s’aligner ! Pensons nous vraiment que les entreprises vont répercuter entièrement sur le prix de vente 5 % et que elles ne vont pas en profiter pour augmenter leurs marges, qui soit dit en passant est trop basse dans nos PME et les empêche d’investir ce qui à long terme les étouffe. C’est ridicule. Ce n’est pas 5 % qu’il faut provoquer, mais beaucoup plus, sinon ce n’est que de l’augmentation d’impôt déguisée en « compétitivité », qui ne change rien à la compétitivité de nos entreprises, mais qui en revanche tape bien dans notre portefeuille
Le cercle vicieux de l’austérité/récession.
Effet on ne peut plus classique en économie : austérité = hausse d’impôt, coupes dans les budgets, baisse de salaires des fonctionnaires, baisse des transferts vers les ménages = baisse de la demande = baisse des recettes fiscales. J’annule toute la hausse des impôts parce que si je donne aux impôts directement, je ne peux plus consommer. Sauf que quand je consomme, je paie des impôts, donc il y a un manque de recettes. Mais si je ne consomme pas, les entreprises ne vendent pas : hausse d’impôt = pas de recettes fiscales supplémentaires = chômage = baisse de la demande = récession….et on tourne en boucle, on est du mauvais côté de la courbe de LAFFER, c’est à dire qu’à partir d’un moment les hausses d’impôt ne génèrent pas de hausse des recettes fiscales, mais contracte la demande et donc l’économie. Le cas d’école c’est la Grèce. C’est imparable.
Suppression de l’impôt sur les revenus, baisse significative des cotisations patronales.
Ce que nos gouvernants n’ont pas compris, c’est que l’économie n’est pas une science mathématique, mais sociologique. Il faut envoyer des signaux positifs, et là nous n’en avons aucun.
J’ai déjà fait un article sur la suppression de l’impôt sur le revenu, et je maintiens que c’est un moyen de redonner confiance à cette classe moyenne qu’on veut toujours protéger mais qu’au final on matraque parce qu’on ne sait pas faire autrement. C’est rendre aussi la liberté de choisir ce que je fais de mon argent, c’est la liberté d’arbitrage de mon revenu que je perds au fil des années.
Ensuite faire baisser aussi considérablement le coût supporter par les PME qui sont prises à la gorge, car non seulement elles représentent 55 % de l’emploi salarié en France, mais surtout les 2/3 des embauches des jeunes ayant un premier emploi. On commence dans les PME, or le chômage des jeunes est un fléau, et la contraction ne fait qu’accentuer le problème, ce sont toujours les premiers touchés : 50 % en Grèce, 51 % en Espagne, et près de 23% dans toute l’Europe ; rien à faire, on n’embauche pas de jeune à former quand on ne sait pas si l’entreprise existera encore dans 6 mois.
Compensées par des hausses massives de TVA et de CSG.
Il ne faut pas rêver, il faut bien payer les dettes ; le défaut encore pire. La base de ces deux impôts est extrêmement large, et fera participer tout le monde. La hausse de la seule CSG va peser sur ceux qui ont des revenus, mais ce sont ceux qui font tourner le pays. La hausse de la TVA est la plus large et la plus injuste. L’effort doit être collectif.
Je reconnais que les conséquences négatives de ce plan seront l’accroissement des inégalités. Néanmoins, cela est déjà le cas, de manière plus diffuse et moins visible, aujourd’hui, et en tout cas l’appauvrissement de tous. Si le PIB ne croît pas cette année, et que la population augmente de 2%, nous nous partageons le même gâteau en étant plus nombreux, c’est aussi simple que ça.
Et la dette ? Chez moi, 3% de déficit, c’est en dessous de 0, c’est encore de la dette supplémentaire, et si la croissance est nulle ou molle, le ratio dette/PIB va continuer de s’accroître, et le poids de la dette aussi : nous remboursons près de 50 milliards d’euros par an d’intérêt, soit le deuxième poste de dépense après l’éducation nationale, et autant que ce que rapporte l’impôt sur le revenu. Tous les efforts pour revenir à 3% sont assez…vains au final. Revenir à 3% ne changera pas la situation du pays. Encore une fois : TENTONS QUELQUE CHOSE, et si possible d’intelligent.
C’est un choc d’offre qui est proposé ici, un choc qui permettrait peut-être de créer des centaines de milliers d’emplois en redonnant du souffle à nos entreprises et en libérant un peu ceux qui n’utilisent que leur force de travail du poids de tout supporter. Si la situation de la France est loin d’être celle de l’Espagne ou celle de l’Italie aujourd’hui, celle de ces deux pays effraie, je crois que nous ne nous rendons pas compte de ce qui tombe sur la tête de ces pauvres espagnols et italiens, et nous ne voulons pas le voir. Il faut faire en sorte que nous n’en prenions pas le chemin, mais malheureusement pour l’instant je ne vois pas ce qui en freine la pente.