De l’or sous le sapin, le business des cartes Pokémon.

Connue dans le monde entier, la franchise Pokémon est un produit phare des cadeaux de Noël. Multigénérationnels et unisexes, ces petits monstres n’ont pas fini d’envahir les rayons pour se retrouver sous le pied du sapin. Après 25 ans de prospérité, rien ne semble troubler le parcours exceptionnel de la franchise japonaise. Son créateur ne s’attendait certainement pas à une telle croissance, devenue aujourd’hui l’une des franchises les plus lucratives de l’histoire.

Depuis sa création, 9 générations de Pokémons ont vu le jour soit plus de 900 espèces différentes. Pour parvenir à référencer l’ensemble, une encyclopédie animalière fictive et un système de numérotation ont été créés.

Depuis sa création, 9 générations de Pokémons ont vu le jour soit plus de 900 espèces différentes. Pour parvenir à référencer l’ensemble, une encyclopédie animalière fictive et un système de numérotation ont été créés.

Née sous le nom de Pocket Monsters au Japon, la franchise Pokémon est créée en 1996 par Tsunekazu Ishihara. Propriétaire de la maison Creatures Incorporated, il conceptualise un univers où les animaux sont remplacés par des créatures imaginaires. Appartenant à différents types -plante, eau, feu, électrique, etc.- ces créatures sont capables d’évoluer et de développer des capacités uniques. C’est la naissance de la première génération, devenue mythique, avec l’unique Pikachu (ピカチュウ– Pikachu, le puissant Dracaufeu (リザードン – Lizardon), sans oublier Tortank (カメックス – Kamex) et Florizard (フシギバナ – Fushigibana).

Comptazine n°121- décembre 2022

Ce nouveau monde donne naissance à des jeux vidéo tel que Pocket Monsters Vert et Rouge dans lequel le joueur incarne un avatar et doit capturer des créatures. En outre, il doit les entrainer à développer leurs compétences afin de les faire évoluer. Devenir le meilleur dresseur avec le plus de monstres évolués est l’objectif final du jeu.

Véritable succès dès sa sortie, la franchise s’agrandit et investit dans des produits dérivés autour de ce nouveau monde (peluches, figurines, manga, …). Ces goodies, en extension des jeux vidéo, sont devenus un véritable phénomène en très peu de temps. Avec l’apparition de cartes de jeu à collectionner à l’effigie des Pocket Monsters, les ventes explosent. C’est l’euphorie dans les cours de récré, tous les enfants veulent des cartes, allant jusqu’à les échanger lors des parties de jeu.

En seulement deux ans, la franchise devient une marque reconnue dans tout le Japon et commence son exportation dans le monde.

Après un succès au Japon, la franchise s’exporte dans le monde à partir de 1999. Les jeux Pocket Monster Rubis et Saphir sont vendus à l’international par la compagnie américaine Wizards of the Coast. Après la parution des jeux, le nom de la franchise évolue et passe de Pocket Monster à Pokémon. C’est à ce moment-là que l’entreprise multinationale japonaise Nintendo récupère la propriété des cartes à collectionner. Elle commence alors la distribution de celles-ci dans le monde à travers sa société The Pokémon Company.

Les cartes japonaises sont traduites en plus de 13 langues différentes (anglais, italien, chinois, français, espagnol, …) et exportées dans plus de 77 pays et régions. La traduction des noms des différents Pokémons est rapidement devenue une difficulté majeure. Pour parvenir à exécuter cet exercice, sans dénaturer l’ensemble, des équipes spécialisées dans chaque pays ont été créées. Depuis leur création, plus de 30 milliards de cartes à collectionner ont été écoulées. Aujourd’hui encore, les cartes ne cessent de fasciner et de prendre de la valeur aux yeux des collectionneurs.

En France, l’univers Pokémon devient un véritable phénomène de société à partir de Noël 1999. Cette Pokémania est initiée par les séries, jeux vidéo et cartes à collectionner, distribués sur l’ensemble du territoire avec pour seul mot d’ordre le mythique « Attrapez les tous ! ». Après un an d’effervescence, l’engouement des joueurs pour les jeux Pokémon s’essouffle. Ce n’est qu’en 2016 que l’intérêt pour la franchise retrouve de sa superbe avec la sortie du jeu Pokémon Go sur IOS et Android. Pendant ce temps, les cartes à collectionner prennent de plus en plus d’importance pour devenir un produit phare de la franchise.

Bien que la marque Pokémon ait été lancée dans les cours de récréation avec un public très jeune, elle est rapidement devenue un phénomène transgénérationnel. En outre, il n’y a pas d’âge prérequis pour collectionner des cartes ou devenir un dresseur Pokémon. De nouveaux collectionneurs de tout âge apparaissent chaque jour avec des budgets de plus en plus conséquents. Aujourd’hui, c’est cette force de plaire à tous qui perpétue la notoriété de la franchise.

La nouvelle génération de collectionneurs profite des nouveaux réseaux pour partager et transmettre ses passions dans le monde. Des plateformes tel que YouTube ou Twitch deviennent des supports où tout un chacun partage sa collection, montre en direct l’ouverture de boosters, et divulgue l’arrivée des nouveautés en avant-première.

Face à l’appétence liée à ce marché en pleine expansion, est-il rentable de démarrer, ou de poursuivre, une collection de carte Pokémon ?

Depuis leur création en 1996, les séries de cartes sont mises à jour à chaque nouvelle génération. Aujourd’hui, la Pokémon Company est à la 9ème génération :

• Génération 1 : Rouge et Bleue en 1996
• Génération 2 : Or et Argent en 1999
• Génération 3 : Rubis et Saphir en 2002
• Génération 4 : Diamant et Perle en 2006
• Génération 5 : Noir et Blanc en 2010
• Génération 6 : XY en 2013
• Génération 7 : Soleil et Lune en 2016
• Génération 8 : Epée et Bouclier en 2019
• Génération 9 : Ecarlate et Violet en 2022

Avec plus de 900 créatures, le calendrier de production des cartes est tout simplement délirant. Des nouveautés tous les mois avec des coffrets, des tins, des box, sans oublier de nouvelles extensions tous les 2 à 3 mois.

Chaque génération possède plusieurs extensions. Elles sortent tout au long de l’année et permettent de couvrir l’ensemble du catalogue de la génération. Elles contribuent aussi au maintien d’un rythme de nouveautés conséquent qui permet à la franchise de conserver l’intérêt des acheteurs dans la durée. Les parutions étrangères sont différées des cartes japonaises. Les extensions distribuées au Japon sont parfois synthétisées en une seule, ou divisées en plusieurs, dans les pays étrangers. Ce phénomène est dû à la délocalisation de l’impression pour les parutions traduites.

Ainsi, c’est un tout autre calendrier qui rythme l’achat de cartes en France comparé au Japon. On assiste à une véritable prolifération de produits de cartes Pokémon tout au long de l’année.

Face à la densité de production et au nombre conséquent de diffusions, les futurs collectionneurs et investisseurs n’ont pas de craintes en ce qui concerne le possible arrêt d’approvisionnement des cartes Pokémon.

Afin de parvenir à mettre un prix sur les cartes à collectionner, un système de tarification a été mis en place. C’est grâce à celui-ci qu’il est possible de déterminer le prix des cartes. L’ensemble est à la fois simple et complet.

La tarification d’une carte Pokémon est fixée grâce à :

• La rareté dans la collection générale : moins la carte est imprimée, plus elle a de valeur.
• La rareté dans l’extension: il existe divers rangs de rareté (commune | peu commune | rare | reverse | ultra rare | trainer gallery | secrète), avec des probabilités plus ou moins élevées de tomber sur la carte lors de l’ouverture d’un pack. Plus le rang est élevé, par exemple une carte secrète, plus le prix sera élevé.
• La qualité de la carte dans sa globalité: l’aspect général doit être parfait et ne montrer aucun défaut.

Si la carte montre une erreur d’impression, celle-ci peut voir son prix évoluer car elle augmentera sa rareté. Mais dans l’ensemble, les acheteurs sont plus à même de payer le prix fort pour une carte sans défaut, avec une grande rareté dans l’extension et dans la collection générale.

Pour garantir l’état de la carte et la rareté de celle-ci, il est possible de la faire expertiser par des entreprises de certification. En effet, face à l’engouement des cartes Pokémon, de plus en plus de structures proposent une analyse détaillée et une certification de cartes de collections. Il est très simple de faire appel à elles. Il suffit de remplir un formulaire au préalable sur le site puis d’envoyer la carte en question dans leurs centres.

Les 3 plus grosses entreprises de certifications au monde sont les suivantes :

• La certification PCA (Professional Cards Authenticator), basée à Paris, certifie et protège les cartes Pokémon françaises, japonaises et anglaises. C’est une certification reconnue mondialement.
• La certification PSA (Professional Sports Authenticator) est spécialisée dans les cartes de collections dédiées aux grandes figures du sport américain. Leur domaine d’expertise s’est agrandi pour s’étendre aux cartes Pokémon japonaises, anglaises et françaises (première génération)

La certification MTG Grade authentifie des cartes, quelles qu’elles soient. Leur domaine s’étend de la licence Harry Potter à Pokémon, en passant par Dragonball Z ou encore Yu-Gi-Oh !

Comptazine n° 121- Décembre 2022

Face à toujours plus de demande, les cartes sont devenues difficiles à obtenir. Les joueurs et collectionneurs, en constante augmentation, dilapident les rayons des commerces distributeurs à chaque nouvelle parution. Les commerçants sont obligés de vendre au compte-gouttes et questionnent sur l’usage final du produit. Cette question peut sembler étrange mais elle permet d’éviter la prolifération des reventes sur internet. En effet, un grand nombre d’acheteurs ne collectionnent pas les cartes et préfèrent les revendre sur internet au prix fort.  Malheureusement, cette technique a créé de nombreuses pénuries dans les grands magasins, au plus grand regret des joueurs et collectionneurs.

Pour contrer ce processus, la franchise Pokémon a imprimé, entre 2020 et 2022, plus d’un quart des cartes jamais imprimées par la marque. C’est d’ailleurs sur les sites internet et les magasins spécialisés que l’on retrouve la plus grande quantité de ce stock de cartes.

En tant que collectionneur ou joueur, on peut facilement trouver des cartes sur des sites de seconde main, tel que Ebay, Vinted ou encore Leboncoin. Agrandir sa collection, trouver la perle rare ou dénicher des joyaux, tout est possible sur ces sites grâce à une offre très diversifiée aussi bien dans les prix que dans les produits.

Ainsi, démarrer ou poursuivre sa collection de cartes Pokémon ne semble pas infructueux. Des centaines de Pokémons, plus de 9 générations, des milliards de cartes imprimées et un marché en pleine expansion, tout semble réuni pour garantir un investissement concluant. Lier passion, souvenir et rentabilité est tout à fait possible avec un regard habile et un soupçon de chance.

Le marché des cartes Pokémon a près de 25 ans et pourtant, il ne cesse d’augmenter. C’est fort d’une production effrénée et d’un marché fructueux que la franchise poursuit son hégémonie sur le marché des cartes à collectionner. Plus qu’un simple jeu de cartes à offrir, ces petits bouts de carton deviennent de véritables pièces de collection.

Si le père Noël avait la main chanceuse, vous pourriez bien avoir un petit trésor sous le sapin.