Face à la crise, le Gouvernement a mis en œuvre des mesures de soutien massives pour protéger les Français. Sous l’effet de ces mesures et de l’impact de la crise sur les recettes publiques, le déficit public a atteint 9,2 % du PIB en 2020 (selon l’INSEE), après 2,1 % du PIB en 2019 (3 % du PIB avec l’effet de la bascule du crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi). Il s’établirait à 9% du PIB en 2021, selon le Gouvernement. La dette publique (selon les critères de Maastricht) est évaluée à 115,7% du PIB en 2020 affichant une augmentation sans précédent de près de 20 points. Le gouvernement prévoit qu’elle passera à 118% du PIB en 2021.
La loi de finances pour 2021 est le budget de la relance. Sur les 100 Md€ du plan de relance, plus de 86 Md€ sont financés par l’État. La loi de finances pour 2021 concrétise la baisse de 10 Md€ des impôts de production à compter de 2021, soit 20 Md€ en cumulé sur deux ans.
La loi de finances pour 2021 confirme par ailleurs les engagements du Gouvernement en matière de baisse des impôts, avec la suppression progressive de la taxe d’habitation sur les résidences principales engagée en 2018, et la baisse du taux de l’impôt sur les sociétés.
Pour bien comprendre la situation, nous avons extrait les différents graphiques issus de la présentation faite au Sénat.
Dans le détail, les dépenses des administrations publiques ont bondi de 5,5% (+73,6 milliards d’euros par rapport à 2019). Elles ont été tirées notamment par la hausse des prestations sociales, des rémunérations dans le secteur hospitalier et des aides débloquées pour les entreprises.
Les dépenses engagées l’an dernier par les administrations publiques locales ont en revanche diminué globalement (- 2,3 milliards d’euros), malgré la hausse des dépenses en matière de RSA (départements) et d’aides aux entreprises (régions). En effet, les achats des services publics locaux se sont contractés lors des périodes de confinement et l’investissement communal a chuté (-13,7%), à la fois du fait du contexte sanitaire et des effets liés à l’organisation l’an dernier des élections municipales.
Au total, le déficit de l’État atteint 182 milliards d’euros, celui de la sécurité sociale 48,3 milliards et celui des administrations locales (collectivités, opérateurs publics) s’établit à 4,2 milliards d’euros (contre – 1,1 milliard en 2019). Les organismes divers d’administration centrale (Odac) affichent quant à eux, un excédent de 23,1 milliards d’euros, dont la grande majorité est imputable à la reprise de la dette de la SNCF Réseau par l’État. En ce qui concerne les administrations locales, le déficit s’explique entièrement par celui de divers opérateurs (Île-de-France Mobilités, Société du Grand Paris, etc.). Les seules collectivités locales sont « à l’équilibre », malgré une dégradation de leur solde de 1,2 milliard par rapport à 2019.
La dette des administrations publiques (telle que calculée d’après les critères de Maastricht) a augmenté de 270,6 milliards d’euros en 2020 pour s’élever à 2.650,1 milliards d’euros. Cette hausse s’explique d’abord par l’endettement de l’État (+177,3 milliards) et des administrations de sécurité sociale (+75,2 milliards).
La dette dépassera certainement la barre des 125% du PIB. Bien que ces niveaux soient très élevés, les taux d’intérêt des obligations de l’Etat français restent bas et même négatifs jusqu’aux échéances de dix ans. Alors pourquoi se soucier de la dette ? L’argument est simple : puisque s’endetter ne coûte rien, autant en profiter et advienne que pourra !
La réponse est pourtant simple. Ce n’est pas parce que les taux d’intérêt sont bas que la dette baisse. Autrement dit, même si la dette ne coûte pas cher, il faudra bien finir par la rembourser. Un argument de bon sens qui est pourtant de plus en plus oublié tant l’aveuglement collectif autour de la dette publique est grand.
Pour la rembourser, les seules solutions réellement viables consistent à stimuler la croissance et à augmenter les impôts. Reste à voir dans quelles proportions cela va être décidé.