Depuis la sortie du jeu Diablo 3, l’UFC-Que Choisir a été interpellée, à plusieurs reprises, par des consommateurs dénonçant des dysfonctionnements. Soucieuse de connaître l’étendue réelle du problème, l’association a lancé un appel à témoignages. En 4 jours seulement, plus de 1 500 consommateurs ont fait part de leur mécontentement. Devant l’ampleur des griefs avancés et face au peu d’empressement de l’éditeur d’y répondre, l’association a décidé de réagir.
La grogne des joueurs se concentre essentiellement (90% des témoignages) sur la problématique de l’accès aux serveurs, dès lors qu’il est soit impossible soit de mauvaise qualité (ce qui rend le jeu difficilement jouable). Comment admettre que Blizzard n’ait pas anticipé le succès de son jeu, pourtant annoncé comme le blockbuster de l’année ? Mais surtout, l’association condamne le manque de transparence de l’éditeur qui, un mois après la sortie du jeu et alors que les dysfonctionnements perdurent, reste avare en explications. Compte tenu du temps écoulé depuis la sortie du jeu et la nature des problèmes, le préjudice des consommateurs est important et les joueurs ayant subi ces désagréments doivent être dédommagés.
Mais Diablo 3 n’est pas un cas isolé. Les jeux connectés sont aujourd’hui la norme et cela ne concerne pas uniquement « le multi-joueurs ». En effet, les éditeurs ont développé des mesures de protection anti-copie (DRM) qui impliquent une connexion à internet permanente. Cette évolution pose plusieurs problèmes : le dimensionnement des infrastructures et l’inadmissible obligation de connexion à la charge des joueurs.
Comment peut-on obliger les consommateurs à se connecter pour jouer seuls dans un pays où la qualité des infrastructures et leurs performances est assez relative parce que le très haut débit (via la fibre par exemple) n’est pas développé ? Une fois de plus, le développement des mesures techniques de protection se fait au détriment du consommateur, piégé par les choix des éditeurs. Les DRM altèrent très significativement les usages, puisque le consommateur ne peut jouir de ce jeu comme bon lui semble (par exemple chez un ami, dans un lieu public, etc.), tout en étant soumis à des dysfonctionnements très gênants (une coupure de réseau qui fait perdre le bénéfice de la partie) et cela sans aucune contrepartie tarifaire (les prix ne baissent pas). Il n’est pas acceptable que les consommateurs ne puissent pas jouer à un jeu payé entre 50 et 60 euros dans de bonnes conditions.
Au vu de ces éléments qui soulignent que les jeux vidéo n’en valent toujours pas la chandelle, l’association :
- Met en demeure Blizzard de remédier sous 15 jours aux différents problèmes dénoncés, et de communiquer sans délai de manière très transparente sur les mesures mises en place pour atteindre cet objectif ;
- Demande également à l’éditeur de dédommager les consommateurs ayant subi un préjudice ;
- Intervient auprès de la DGCCRF pour qu’elle se saisisse de ce dossier particulier et, plus largement, engage un travail sur la politique commerciale des éditeurs, plus particulièrement sur la légitimité des mesures techniques de protection qui implique un niveau de qualité de l’accès internet qui n’est pas disponible sur tout le territoire.