Pour faire suite à notre article sur les pouvoirs de décisions des salaires des patrons (et ici nous pensons aux grands patrons), et si le patronat n’arrive pas à comprendre, qu’en l’état actuel, l’autorégulation ne fonctionne pas, le salaire des patrons sera encadré, et pas forcément de la meilleure manière. Par ce symbole des rémunérations, la gouvernance de nos grandes entreprises semble elle aussi promise au changement.
De 100 smics…
Dans les pays anglo-saxons, les fonds de pension (c’est-à-dire l’argent que les retraités et futur retraités confient à des gestionnaires pour assurer le paiement d’une retraite, c’est-à-dire la retraite par capitalisation) sont en pointe dans le lutte de bonne gouvernance, et pèse de leurs poids pour encadrer les comportements des dirigeants (golden parachute, retraites chapeaux, stocks options et autres).
En France, il y a de la contestation, mais peu de rejet dans les assemblées. Néanmoins, en mars 2012, l’ERAFP (établissement pour la retraite additionnelle de la fonction publique, lié à la caisse des dépôts), jeune fonds de retraite des fonctionnaires qui a déjà accumulé 12 milliards de réserve à la fin 2011 qui veut jouer le rôle de chien de garde : séparation des fonctions de président du Conseil et de directeur général, pas de stock options qui devraient être réservées aux start-ups, et pour ce qui nous concerne : pas de rémunération de patron supérieure à 100 fois le SMIC.
C’est un vrai acteur actionnarial qui se prononce pour la première fois en France dans ce sens
…à 240 smics ?
Néanmoins, le cabinet de conseil PROXINVEST (qu’on peut difficilement taxer d’être d’extrême gauche), qui se veut être « la première agence française d’analyse de gouvernance et de politique de vote », milite depuis longtemps pour une meilleure gouvernance, et recommandent un certains nombres de règles. Dont celle de limiter le salaire des grands patrons à 240 fois le SMIC. Dans son rapport sur la rémunération des dirigeants de Février 2012, ce cabinet dit : « Au regard de ces manquements au « raisonnable » et à l’ « équilibre » prônés par l’AFEP-MEDEF, il semble permis de parler d’échec de l’auto-régulation. », et ajoute « notre pays doit combler son retard dans l’exercice de la responsabilité. ».
En ce qui concerne la rémunération, ils proposent trois recommandations pour y parvenir :
- Un vote annuel sur la rémunération
- Une information dans le tableau des rémunérations sur le coût individuel des retraites sur-complémentaires
- Des critères de performance vérifiables de plus long terme
Gare à la loi !
Francois Hollande veut déjà le faire pour les entreprises publiques, mais bien sûr, difficile d’évoquer ce sujet sans parler de Jean-Luc Mélenchon (lui on peut le qualifier d’extrême gauche) dans cet article. Dans son programme présidentiel figurait une mesure choc : le plafonnement des salaires, non pas à 20 smic comme on l’a trop entendu, mais à 20 fois le salaire le plus faible dans l’entreprise (ok, 20 smic, sauf si le patron augmente les bas salaires) pour toutes les entreprises (pas seulement pour les entreprises publiques comme le nouveau président). Si le patronat n’arrive pas à comprendre que ce genre d’idée arrivera au pouvoir si on continue sur la même pente, nous allons avoir droit à une loi encadrant les rémunérations, ce qui serait là encore une atteinte à la réussite et à l’esprit d’entreprise