Un climat des affaires globalement bien orienté
En 2017, l’indicateur du climat des affaires (ICA) demeure globalement bien orienté dans les DOM et collectivités françaises de la zone euro.
Dans l’océan Indien, l’ICA se renforce : à La Réunion, dans le sillage d’une activité économique dynamique, il s’installe à son plus haut niveau depuis dix ans, tandis qu’à Mayotte l’indicateur passe en territoire positif en début d’année avant d’atteindre des niveaux élevés, malgré un climat social tendu. Dans le bassin Antilles-Guyane, l’ICA revient autour de sa moyenne de longue période en dépit des évènements climatiques et sociaux qui ont marqué l’année. En Guyane, les mouvements sociaux de mars-avril ont sensiblement pesé sur l’activité, cependant l’indicateur s’est très rapidement redressé à partir du deuxième trimestre pour retrouver la dynamique amorcée avant la crise sociale. En Guadeloupe, au-delà d’un léger à-coup au premier semestre, l’ICA revient en fin d’année à son niveau de longue période, tandis qu’en Martinique, le climat des affaires demeure stable. Enfin, à Saint- Pierre-et-Miquelon, la consommation des ménages soutient l’activité, en lien avec un marché du travail favorablement orienté.
Dans les COM du Pacifique, les évolutions conjoncturelles sont plus hétérogènes. En Polynésie française, l’amélioration observée depuis trois ans se confirme en 2017. L’indicateur du climat des affaires, qui se stabilise à un niveau élevé, illustre la bonne tenue de l’activité. Parallèlement, la confiance des chefs d’entreprise se restaure progressivement en Nouvelle-Calédonie, à la faveur d’une remontée des cours du nickel. L’ICA se redresse à compter du deuxième trimestre, pour se rapprocher de sa moyenne de longue période. Néanmoins, dans le contexte pré-référendaire, le climat économique général reste plutôt morose. Enfin, à Wallis-et-Futuna, l’année 2017 s’inscrit dans la continuité de l’année 2016, caractérisée par une consommation des ménages stable et une progression de l’investissement des entreprises.
L’inflation remonte, mais demeure continue
Après une phase de stabilisation en 2016, les prix ont légèrement progressé dans l’ensemble des DCOM (+0,8 % en moyenne en 2017), en lien avec le redressement des prix de l’énergie. En outre-mer, l’évolution des prix demeure très corrélée à celle observée au niveau national, mais il existe deux exceptions : Wallis-et-Futuna où la péréquation tarifaire de l’électricité a continué d’accompagner la baisse des prix (-1,2 %) et Saint-Pierre-et-Miquelon dont la structure des importations, plus orientées vers le Canada que vers la Métropole, génère une inflation plus élevée (+3,0 %) que dans les autres géographies ultramarines.
Évolution en demi-teinte du marché du travail
Les marchés du travail des géographies ultramarines affichent un bilan en demi-teinte, en partie dû à la fin du plan national de formations. Alors que le nombre de demandeurs d’emploi s’accroit dans le bassin Antilles-Guyane, la situation est plus contrastée dans l’océan Indien : à La Réunion l’emploi salarié privé progresse, profitant notamment du développement des contrats courts, tandis qu’à Mayotte le taux de chômage se détériore, en lien avec la formalisation progressive du marché du travail. Saint-Pierre-et-Miquelon s’affirme comme une exception, avec une situation proche du plein emploi malgré une légère dégradation en fin d’année.
La situation sur le marché du travail est également hétérogène dans les COM du Pacifique. En Polynésie française, le renforcement du marché du travail se poursuit. L’indice de l’emploi salarié augmente de 1,8 % en fin d’année. En revanche, le marché de l’emploi calédonien est sous tension : les offres d’emploi ont toujours davantage de difficulté à être pourvues et le stock moyen d’offres actives en fin de mois s’accroit (+12,8 %). En parallèle, le nombre de demandeurs d’emploi en fin de mois diminue par rapport à 2016 (-2,9 % en moyenne annuelle) malgré la hausse du nombre de licenciements économiques (+12,3 %). Ainsi la baisse des demandeurs d’emploi traduit sans doute davantage un découragement progressif face aux difficultés rencontrées sur le marché du travail. À Wallis- et-Futuna le marché du travail demeure stable : au premier semestre 2017, la progression de l’emploi dans le secteur privé est compensée par le léger recul du secteur public, ce dernier restant prépondérant (61 % de l’emploi total).
Pour mémoire, l’Outre-mer demeure caractérisée par un taux de chômage structurellement plus élevé qu’en métropole, oscillant entre 18,0 % à la Martinique et 25,9 % à Mayotte, contre 8,6 % en France métropolitaine. À La Réunion, où vit près d’un ultramarin sur trois, le taux de chômage atteint 22,4 %.
Une activité de crédit dynamique
À fin 2017, l’encours des crédits consentis dans l’Outre-mer s’élève à près de 61,4 milliards d’euros, en hausse de 4,8 % sur l’année.
En écho à un contexte économique favorable, l’encours de crédit s’inscrit en hausse de 5,6 % dans les départements et collectivités d’outre-mer (DCOM) de la zone euro, pour atteindre 46,6 milliards d’euros. Il augmente en particulier fortement (+6,7 %) pour les DOM de l’océan Indien, alimenté en volume par les crédits à l’habitat des ménages à La Réunion. Dans les DCOM de l’océan Atlantique, l’encours de crédit est en hausse de 4,5 %, porté par les crédits à l’équipement des entreprises.
L’activité de crédit est également en hausse dans les COM du Pacifique (+2,6 %), portée par les crédits aux ménages. En Polynésie française, l’encours sain affiche une hausse de 2,6 % sur l’année, alimenté par les crédits à l’habitat des ménages et dans une moindre mesure par les crédits à l’équipement des entreprises. Toutefois, en raison d’une diminution de l’encours, l’encours brut est en baisse de 1,8 %.
En conclusion, la situation économique de l’Outre-Mer ne cesse de s’améliorer et il faut continuer à investir sur ces territoires pour que la situation ne se dégrade pas. Structurellement, l’Outre-mer est dépendant de la Métropole. L’activité industrielle est, dans son ensemble, peu développée. Cette situation engendre une économie parcellaire orientée sur la production locale, l’importation et le tourisme.
Il faut également prendre en compte la disparité des cultures qui composent l’Outre-Mer. Certaines populations sont réfractaires à l’engagement de la Métropole sur ces territoires. L’éducation des jeunes, centrée sur l’histoire et les mœurs de France métropolitaine, renforce ce sentiment de non-appartenance. Pourtant, dans ce contexte, l’infrastructure déployée, les centres de soins et les aides de l’Etat ne sont pas remises en cause.
Il faut donc éviter le sentiment de désintérêt de la Métropole vis-à vis de l’Outre-Mer.