En 2011, en France, la dépense par étudiant du supérieur s’élève à 11 630 €, selon le MESR (Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche). L’école de Jules Ferry, gratuite et obligatoire, est un des piliers de notre république. C’est sur ces fondements que le système universitaire a été bâti. Bien que l’enseignement public soit majoritaire, le privé fait partie du paysage éducatif français et est juridiquement encadré bien qu’une partie du financement ne soit pas assuré par la collectivité. Part importante dans le budget de l’État, les dépenses d’éducation sont une nécessité. L’éducation est un investissement à long terme et gare aux coupes budgétaires immédiates qui enrayeraient la machine dans quelques années. Pourtant, il est également impératif que les gouvernements travaillent à court et moyen terme sur des sujets tout aussi essentiels : il faut soit conserver et dynamiser l’emploi dans les domaines où les jeunes suivent des formations, soit anticiper les besoins des entreprises et orienter efficacement les jeunes vers les métiers d’avenir.
Le système actuel d’orientation propose aux étudiants de se poser des questions à plusieurs stades de leur scolarité. Au collège, entretien d’orientation et stage d’initiation à l’entreprise sont de mise. Au lycée, les conseils de classe et les professeurs aiguillent leurs élèves en fonction de leur capacité du moment. Arrivé en terminale, le futur bachelier ne doit plus être en période de réflexion mais doit passer à l’action et faire ses choix sur la procédure APB (Admission Post Bac). Toutes ces étapes font partie intégrante de notre système pour deux raisons. D’une part, l’État a besoin que tous les corps de métiers offrant des perspectives d’emploi en France soient représentés de telle sorte que les entreprises implantées sur le territoire n’aient pas besoin de recruter à l’étranger. D’autre part, l’État doit « réguler » la future masse employable. Par exemple, il est toujours appréciable de ne pas avoir des « déserts médicaux » dans notre pays suite à l’insuffisance de médecins formés auparavant.
Le coût d’un étudiant en université
Il faut compter pas moins de 110 000 euros pour qu’un individu soit bachelier en quinze ans. Ensuite, chaque année de licence coûte en moyenne 10 767 euros. S’agissant des années de master, leur coût moyen est de 10 770 euros. À ce tarif, on comprend que chaque année de formation à l’université est un investissement pour l’avenir. En effet, les diplômés qui seront demain sur le marché du travail, pourront contribuer à la croissance économique de notre pays. Ces jeunes actifs participeront au développement en s’investissant dans les entreprises.
Les principaux financeurs de ces formations universitaires sont l’État et les collectivités pour en moyenne plus de 85 %. L’université, quant à elle, réussit à dégager 10 petits pour cents de recettes. Ces rentrées d’argent sont essentiellement le fruit de la formation continue et des droits universitaires. Alors au final, combien coûte un étudiant ? Pour effectuer ce calcul, il convient d’additionner les dépenses entre l’enseignement, la recherche, la documentation, la diffusion des savoirs, les coûts liés à l’immobilier, les aides directes et indirectes, les coûts liés à la vie étudiante et à la santé des étudiants, le pilotage de l’université et les dépenses non décaissables. En moyenne, 11 770 euros sont nécessaires pour assurer la formation des étudiants dans un cycle d’études du supérieur à l’université.
On notera alors que ces dépenses pharaoniques, mais justifiées, sont un capital précieux pour l’avenir. Pour faire un rapide comparatif européen, seule l’Allemagne affiche des dépenses d’éducation équivalentes.
Comment pourrait-on mieux gérer cet investissement ? Il faut, par exemple, veiller à bien orienter les étudiants pour limiter au maximum les redoublements. En effet, plus de 35 % des élèves de 15 ans ont déjà redoublé au moins une fois. Quant aux étudiants du supérieur, seul 47,5% des étudiants passent la première année de licence. Concernant les 52,5 % restants, 30 % redoublent, 16,5 % se réorientent et 6 % arrêtent leurs études.
Le coût d’un étudiant en BTS ou en CPGE
Le BTS est une formation courte en deux ans qui permet d’apprendre un métier. Celui-ci est reconnu et bien valorisé par les entreprises. En moyenne, il faut compter 13 745 euros de dépenses par an et par étudiant pour les établissements formateurs. Pour ce qui est des classes préparatoires aux grandes écoles (CPGE), le coût moyen de l’année est de 13 880 euros. On est donc très loin du compte lorsque l’année est facturée 5 500 euros à l’étudiant. En fait, pour comprendre comment fonctionnent les établissements privés ou les associations sous contrat avec l’État, il faut s’intéresser à la comptabilité de l’établissement. En effet, on s’aperçoit que la formation classique, en initiale, est financée pour le tiers par l’étudiant et que le reste est pris en charge par l’école grâce à des subventions reçues pour dispenser cette formation. Les subventions en question sont données par l’État et/ou les collectivités. Quant aux formations dispensées en alternance, la taxe d’apprentissage peut être reversée à l’école directement par les entreprises hôtes des apprentis. C’est une source de recettes non négligeable, surtout si le service rendu à l’entreprise d’accueil est bon. Ainsi, une entreprise attend des disponibilités fortes de la part de l’apprenti aux périodes charnières de son activité, une réactivité de l’école si des problèmes sont rencontrés…
Le financement public des établissements privés
Pour obtenir des financements publics, les établissements ont la possibilité de passer un contrat avec l’État. Quelques obligations incombent à l’établissement, telles que l’obligation d’avoir des locaux et des installations appropriés ou encore de devoir confier l’enseignement à des maîtres de l’enseignement public ou à des maîtres liés à l’État par contrat, qui sont recrutés par concours selon les mêmes modalités que les enseignants du secteur public. Il faut savoir qu’il est obligatoire d’établir une déclaration d’ouverture de chaque cours d’enseignement supérieur privé. Ce contrat oblige également l’établissement à dispenser l’enseignement selon les règles et programmes de l’enseignement public. En contrepartie, l’État prend à sa charge la rémunération des enseignants qui exercent dans ces classes sous contrat. L’État et chaque collectivité territoriale sont tenus de participer aux dépenses de fonctionnement des classes sous contrat, dans les mêmes conditions que pour les établissements publics. Quant aux dépenses d’investissement, elles peuvent faire l’objet d’une participation des collectivités publiques dans des conditions strictes : en règle générale, le total de leurs participations à ce titre doit rester inférieur à 10 % des dépenses annuelles de l’établissement et la participation doit répondre à certains besoins limitativement énumérés par la loi.
Le fonctionnement de la taxe d’apprentissage
La taxe d’apprentissage est un impôt dû par les entreprises qui a pour objet de participer au financement des dépenses de l’enseignement technologique et professionnel dont l’apprentissage. En principe, les recettes de la taxe font partie du budget de l’État mais, en réalité seulement une faible partie est versée au Trésor public. En effet, les entreprises peuvent s’exonérer de cette taxe en finançant directement certains établissements dispensant les formations technologiques et professionnelles. Pour obtenir une exonération totale ou partielle de la taxe d’apprentissage, les entreprises doivent passer par l’intermédiaire Pour les écoles d’enseignement d’un organisme collecteur spécialement habilité par l’État.
Certaines associations ou entreprises dispensant les formations peuvent, dans le cadre d’une convention passée avec le ministère de l’Éducation Nationale ou le ministère de l’Agriculture, collecter la taxe d’apprentissage. Toutefois, il existe une contrainte. Les fonds reçus en provenance de ces versements exonératoires doivent obligatoirement financer des dépenses en rapport avec les besoins spécifiques des formations technologiques et professionnelles pour lesquelles la taxe d’apprentissage est perçue.
L’établissement doit maintenir ou développer ses effectifs par tous les moyens
N’importe quelle université ou école doit remplir ses salles de cours et valider ainsi un « effectif minimum » pour fonctionner correctement. Afin de « démarcher » de nouveaux élèves, plusieurs techniques sont employées. L’école doit se rendre visible sur le marché en investissant dans un budget communication. Les dépenses sont principalement réalisées lors des salons d’orientation pour établir des contacts directs entre l’école et les futurs bacheliers. Pour être visible sur ces salons les établissements investissent dans l’aménagement de leur stand. Par exemple, sachez que la seule location de l’emplacement du stand de votre école sur un salon, coûte en moyenne 5 000 euros pour 10 mètres carrés. Certaines écoles de commerce ont adopté une stratégie commerciale et internationale sont présentes sur la plupart des salons aux quatre coins du monde. Une bâche tendue coûte en moyenne 700 euros, sans compter le travail de l’agence de communication. Les établissements investissent aussi dans la publicité, notamment dans la presse, la radio et le Web.
Pour les écoles d’enseignement supérieur, la fidélisation de l’étudiant et la réputation de l’école sont deux valeurs importantes. Par exemple, un des points primordiaux pour que l’école maintienne ou développe ses effectifs d’une année sur l’autre, est le taux de réussite aux examens. Celui-ci doit être travaillé en multipliant les efforts pédagogiques. Également, des opérations de communication peuvent être menées au sein de l’établissement. Elles prennent généralement la forme d’un soutien au BDE (bureau des élèves), de jeux concours pour animer les salons, de week-ends d’intégration… Parallèlement, l’école doit surveiller sa réputation sur le Web. Les informations données à propos de l’école sur internet sont travaillées et toute allégation de mauvais goût est traquée…
Des améliorations potentielles à court terme au niveau du système d’orientation
Mieux orienter les jeunes pourrait réduire les années d’études inutiles qui conduisent à un « BAC + rien » et pourrait faire baisser le taux de redoublement. Il serait par exemple intéressant de laisser en libre consultation dans les lycées une liste exhaustive de fiches métiers avec descriptif précis, contraintes, salaire moyen… Ces fiches existent et sont déjà disponibles au Pôle Emploi, au CIDJ, ou même sur le site de l’Onisep. Le principe serait, dans cet exemple, d’en informer l’élève et de l’accompagner dans sa première consultation. Cette dernière devrait être obligatoire.
Autre proposition, si du temps supplémentaire était accordé aux élèves indécis pour des visites régulières à un centre d’orientation, l’élève pourrait nourrir un véritable échange avec un professionnel de l’orientation connaissant parfaitement le marché des formations. Cette multiplicité de visites, pourrait aider l’élève à conduire son investigation quant à son avenir souhaité.
À titre de dernière proposition, il serait de bon ton, de faire un point au bout de 3 mois de cours dans la première année post-bac et de créer une seconde rentrée plus tardive dans l’année pour ceux qui désireraient changer de formation. Dans cette optique, l’élève réorienté au plus tôt, ne serait pas forcé de redoubler et économiserait, de fait, plusieurs milliers d’euros dans son parcours scolaire.
Les améliorations potentielles à long terme au niveau du système d’orientation
Les élèves en échec scolaire ne sont pas les seuls à connaître plus tard des difficultés sur le marché du travail. Certains jeunes diplômés se retrouvent également au chômage. Il faudrait instituer une cellule de veille qui travaillerait en étroite collaboration avec tous les autres ministères pour anticiper les besoins des entreprises. Les besoins en termes d’emplois seraient alors mieux définis si les données démographiques, économiques, politiques, sociales étaient prises en compte… Ainsi, l’orientation des jeunes ne se limiterait plus à l’étude de leurs propres capacités mais elle leur proposerait l’éventail des différents métiers pour lesquels il y aurait à la fin de leurs études de réelles perspectives d’embauche.