A la clôture hier soir, le CAC 40 affichait 3135.18 points, soit une capitalisation totale, au cas où vous auriez décidé de vous offrir toutes les entreprises, de 814.59 milliards d’euros. C’est bon ou c’est pas bon ? Et bien, les deux mon capitaine. Car 814.59 milliards représentent à peine une fois la somme des fonds propres des sociétés composant l’indice, ce qui est absurde. Mais à la fois, ce niveau offre depuis la création de l’indice, le 01 octobre 1987 initié à 1000 points, un rendement d’environ 5% par an sur 25 ans, ce qui n’est pas si mal.
Une fois la valeur des fonds propres !
L’étude du cabinet RICOL-LASTEYRIE est toujours pleine d’enseignements. A la fin 2011, la somme des fonds propres des entreprises du cac 40 se montait à 801 milliards de dollars, ce qui fait donc un « price to book », c’est-à-dire une valorisation par rapport aux fonds propres autour de 1.
Nous avons même quinze société qui sont valorisées en dessous de leur fonds propres, comme les banques par exemple, qui sont en pleine tourmente, mais aussi des entreprises comme GDF-SUEZ (valorisée 70% de ses fonds propres), VEOLIA(60%), et Peugeot (20%) et Renault (30%) – et hors cac 40 on a même des entreprises comme Air-France qui est valorisée moins que la somme de la valeur de revente de ses avions ! La meillure étant Essilor avec un ratio de 3.
Bon les récentes turpitudes de nos constructeurs automobiles peuvent amener à penser que les analystes ne se trompent pas toujours, certes, mais 20% de ses fonds propres : quand même !
Une valorisation absurde.
Cette valorisation au niveau des fonds propres est particulièrement absurde :
-Les entreprises ont des résultats qui sont globalement bons : un chiffre d’affaire en 2011 qui augmente de 4%, et une marge opérationnelle autour de 10% hors banque et assurance,
-Le taux d’endettement sur fonds propres est à 38% qui révèle un endettement bas, même si des disparités sont assez fortes en ce domaine : Carrefour, Veolia, EDF ou Peugeot ont des dettes supérieures à leurs fonds propres, et ces valeurs sont massacrées,
-Les principes comptables en Europe sont, vous le savez, fondés sur la prudence,
-Enfin, cela valorise l’actif immatériel de ses sociétés à 0. C’est-à-dire le nom des marques, leur réputation etc. n’a aucune valeur, elles n’ont pas de fonds commercial ! : Danone, L’Oreal, Pernod-Ricard !
Même pendant la crise de 2008, la capitalisation boursière du CAC 40 était de 1.2 fois les fonds propres, soit 20% de plus qu’aujourd’hui, alors quel la situation si elle reste comliquée semble quand même un peu meilleure.
Pourtant, sur le long terme…
Avant la crise de 2008, le cac caracolait à près de 7 000 points, et les entreprises valaient plus de 2 fois leurs fonds propres, ce qui n’était alors qu’une bulle constatées aujourd’hui. Peut-être peut-on trouver un juste milieu, ce qui n’est pas l’apanage, ni le but, de la bourse, j’en conviens. J’ai en mémoire l’étude sur 100 ans de Friedman-Schwarz au début des années 80 qui avaient étudiées les valorisations aux Etats-Unis, et arrivaient à la conclusion qu’en moyenne la bourse rapportait 7% par an ; grossièrement, une valorisation de 7% par an nous amènerait sur 25 ans à environ 5 400 points aujourd’hui, ce qui ne serait pas absurde en tendance de long terme.
Aujourd’hui autour de 3000 points, le cac 40 depuis sa création a donc environ triplé, ce qui amène un rendement de 5% par an, sur la seule valeur (sans les dividendes touchés). Est-ce si mal ? Non. D’autant compte tenu du risque de défaut tout à fait probable des états européens, de la situation catastrophique de la conjoncture, et de la situation particulière de certaines entreprises françaises qui ont du mal avec le virage de la mondialisation (on pense aux constructeurs autos), trop centrées sur l’Europe et ses marchés stagnant voire baissiers.
Cette valorisation est aussi un révélateur de ce que pense de notre pays les investisseurs, qui pensent donc que le cac 40 vaut une sorte de valeur de liquidation (les actionnaires récupéreraient les fonds propres si on arrêtait toute production en théorie et qu’on vendait tous les actifs pour payer toutes les dettes), et que nos fleurons seront donc incapables de créer la moindre valeur dans le futur. Cela reflète la difficulté de notre pays à se réindustrialiser si les investisseurs internationaux ne nous croient plus capables de créer de la valeur, et selon un adage boursier : « on essaie pas de rattraper un couteau qui tombe ».