La formation professionnelle est un business qui a toujours le vent en poupe ! Il est normal, qu’avec l’obligation de payer une taxe professionnelle continue, les entreprises veuillent au moins un retour sur « investissement ». La formation professionnelle représente 31,2 milliards par an, rien que ça !
Plus de 31,2 milliards consacrés à l’effort de formation
Le système de formation en France n’est pas le plus heureux. On peut critiquer la non-unicité des OPCA et leur opacité, la complexité du système pour trouver une formation, la faire valider dans la joie et la bonne humeur par son employeur et régler la note.
A chaque étape dans le processus de formation, une difficulté administrative ou légale vient s’interposer entre une personne et son envie de se former. Dans certains domaines, la formation n’est pas un luxe mais une obligation ! En informatique, par exemple, rares sont ceux qui utilisent les mêmes programmes que dans les années 2000, c’était pourtant il y a seulement 17 ans.
Pour être tout à fait franc avec à vous, même la rédaction de cet article a été difficile. En effet, les organismes qui fournissent les informations officielles, notamment la DARES, publient en 2016 les données concernant 2013. Ainsi, 3 ans pour rendre publiques les données sur un secteur d’activité, ce n’est pas idéal.
Nous sommes donc informés qu’en 2013, dans un contexte de croissance économique modérée, la dépense nationale pour la formation professionnelle continue et l’apprentissage s’élève à 31,2 milliards d’euros. Elle est stable par rapport à 2012 (+0,1 %). Rapporté au PIB, l’effort de formation, en baisse depuis 2010, atteint 1,47 % en 2013.
Dépense globale pour la formation professionnelle et l’apprentissage
Les entreprises demeurent le principal financeur (44,2 % de la dépense globale). Les régions conservent la deuxième place (14,7 %) et l’État la troisième (12,3 %). Par rapport à l’année précédente, la dépense augmente pour les régions (+3,6 %) et les entreprises (+0,9 %) mais elle baisse pour l’État (-1,8 %).
Les dépenses destinées aux dispositifs ciblés sur les jeunes et en faveur des personnes en recherche d’emploi progressent respectivement de 3,4 % et 2,8 %. Celles pour les actifs occupés du secteur privé diminuent de 0,5 %. Les dépenses de l’ensemble des trois fonctions publiques pour ces agents sont en recul. La baisse est plus prononcée pour les agents de la fonction publique d’État. Seule la dépense pour la fonction publique hospitalière progresse.
Taux de participation financière des entreprises à la formation continue selon la taille des entreprises
Ces 31,2 milliards d’euros ne correspondent pas à un budget que l’État redistribue. Il s’agit de la somme de contributions éclatées, de la part des entreprises, des régions, de l’État, mais aussi de l’Unédic et de Pôle emploi, des ménages, et d’autres organismes comme l’Agefiph pour les handicapés, etc.
Avec une dépense en hausse par rapport à 2012 (+3,6 %), les régions confortent leur place de deuxième financeur. La baisse des dépenses d’intervention de l’État en matière de formation professionnelle continue et d’apprentissage (-1,8 %) se poursuit mais elle est nettement moindre qu’en 2012 (-10,3 %).
La dépense des autres administrations ou organismes investis d’une mission de service public dont l’Agefiph, l’Unédic (6) et Pôle emploi, augmente de 3,5 % et représente 6,6 % de la dépense totale.
Les crédits alloués à la formation (hors agents publics) par les collectivités territoriales autres que les régions (départements, communes…), sont en forte progression en 2013 mais pèsent peu dans l’ensemble de la dépense (moins de 1 %).
La dépense des ménages, constituée d’achats de formation à titre individuel, est toujours dynamique (+4,5 %) et représente 4,3 % de la dépense globale.
Enfin, la dépense dans la fonction publique des fonctions publiques d’État, la fonction territoriale et hospitalière pour la formation de leur personnel, qui représente 17,6 % de la dépense totale de formation, est en repli (-5,6 %).
La baisse est plus prononcée pour les agents de la fonction publique d’État que pour la fonction publique territoriale. Seule la dépense de la fonction publique hospitalière progresse.
Pourquoi ça ne marche pas ?
En France, le système de formation professionnelle marche mal. Pourtant, chaque année, ces 31,2 milliards d’euros sont dépensés pour former les adultes et les apprentis. Cette somme impressionnante pourrait se justifier si elle permettait réellement de former ceux qui en ont le plus besoin et d’ajuster les compétences des Français aux transformations de plus en plus rapides du monde du travail.
Chacun pointe de petits dysfonctionnements par-ci par-là. Le contrôle des formations est quasi inexistant, l’accès aux formations paraît compliqué et nous n’arrivons pas à communiquer avec les OPCA pour avoir des informations.
Informer les entreprises sur la mise en place des formations et sur le niveau de prise en charge de ces formations fait pourtant partie de leurs priorités.
La dépense nationale pour la formation professionnelle profite avant tout aux plus diplômés, aux salariés de moins de 50 ans et à ceux des grandes entreprises. En effet, ce sont les cadres qui suivent le plus de formations, confirme l’Insee dans son suivi sur la formation des adultes. Précisons que ce sont les cadres eux-mêmes qui sont en demande de formation, tandis que pour les employés et les ouvriers, elles sont davantage imposées. Ces inégalités soulèvent ici le problème du manque de connaissance et de visibilité du système, les gens étant mal (voire pas) informés sur les dispositifs existants, comme le CIF ou le DIF (devenu CPF depuis le 1er janvier 2015 pour les salariés et les agriculteurs, ce compte personnel de formation dont la compréhension et l’aboutissement constitue un réel défi).
Dans le monde de la formation professionnelle, à 13 milliards d’euros de chiffre d’affaires, il y a en effet plus de 55 000 organismes de formation ! De quoi effrayer les salariés, les employeurs et les demandeurs d’emploi. En Allemagne, il y en a… 4 000. En plus, la plupart des formations dispensées sont courtes et non diplômantes. N’importe qui peut ouvrir un organisme de formation. Et une fois l’organisme créé, le contrôle devient surtout administratif et la certification est insuffisante.
Sur ces dizaines de milliers d’organismes, beaucoup ne font pas ou peu de chiffre d’affaires. Comme dans tous les marchés, il y a les bons et les mauvais. Certains organismes sont en effet seulement guidés par l’appât du gain et sont peu utiles en termes d’employabilité, parfois, même, ils présentent des dérives sectaires mais le client doit aussi se renseigner et choisir des organismes certifiés.
Ces résultats médiocres s’expliquent en grande partie par le financement très opaque qui entoure un système trop administré et rigide. Bien qu’il se soit amélioré au fil des années, sachant qu’il n’y a plus aujourd’hui que 21 OPCA contre 200 à 300 il y a vingt ans. C’est donc bien plus facile de les contrôler, alors que dans les années 1990, le système de la formation professionnelle était gangréné par le blanchiment d’argent et le financement d’appareils syndicaux, soutenant le patronat comme les salariés.
Les insuffisances de la formation professionnelle en France persistent malgré quatre réformes réalisées ces dix dernières années, y compris celle de 2014. Cette dernière réforme aura pour principal avantage d’avoir enfin supprimé l’obligation pour les entreprises de payer pour la formation professionnelle, précisant qu’il s’agissait d’une recommandation formulée aux gouvernements depuis 20 ans. Désormais, les entreprises devraient mieux faire coïncider leurs besoins avec les demandes de formation. Pour le savoir, il faudra attendre 2018. Le temps que des données soient publiées…
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