Mais quels sont les taux de calcul de l’amortissement dégressif ? Mince, je ne me souviens plus du nom de l’économiste machin-truc… L’abandon de créances ? On l’a vraiment vu en cours ? La mémoire nous joue parfois de sacrés tours. Elle est évidemment sélective et a un fonctionnement complexe. On va s’attacher à analyser le fonctionnement de notre mémoire au travers de 3 étapes et essayer de comprendre l’impact bénéfique ou plutôt toxique des médicaments sur la mémoire voire sur la santé en général.
Notre mémoire…
Par simplification, on peut la présenter en 3 étapes et décrire notre système de mémorisation. La mémorisation d’informations se fait en plusieurs étapes, aussi importantes les unes que les autres. Il s’agit d’abord d’encoder une information (c’est-à-dire la mettre en mémoire, imprimer une information), puis de la stocker (c’est-à-dire la ranger) et enfin de la récupérer au moment où l’on en a besoin.
L’encodage consiste à enregistrer une information en utilisant une méthode qui permettra de mieux la récupérer. C’est la phase d’apprentissage, elle est dépendante du bon fonctionnement de la mémoire à court terme et de la mémoire de travail. Vous pourrez noter que ces deux mémoires sont très sensibles aux capacités attentionnelles. Si on est dérangé pendant cette phase d’apprentissage, on doit le plus souvent recommencer ou faire répéter l’information.
Cette phase d’apprentissage est liée au contexte (perceptions sensorielles, état émotionnel, valeur affective de l’information…) et à ses propres capacités d’attention et de motivation à apprendre. On peut utiliser des stratégies répétitives, comme le fait de ranger ses affaires toujours au même endroit (lunettes, clés, aide-mémoire…). L’utilisation d’indices et de repères facilite l’encodage (avec qui étais-je quand on m’a donné cette information ? où étais-je lorsque l’on m’a dit ça ? qu’étais-je en train de faire pendant que l’on m’a donné cette information ?).
Le stockage est la seconde étape qui succède à l’encodage. C’est le moment où l’information se range dans notre cerveau, où l’on va graver les données dans notre mémoire. Les informations ainsi encodées seront gardées et réactivées au besoin et en fonction des situations.
A noter que le stockage se fait sur un temps plus ou moins long et dépend de la qualité de l’encodage. Plus on fait attention aux informations que l’on nous donne, plus elles seront bien rangées et stockées dans notre mémoire.
La récupération des informations est la recherche du souvenir, qui peut ensuite être restitué. Si la récupération bloque (impression que l’on est face à un “trou noir”, le fameux “trou de mémoire”) il faut s’aider des indices, des repères pris à l’encodage et se rappeler le contexte d’apprentissage de l’information. Quel est le contexte situationnel ou émotionnel du souvenir : “où étais-je ? Avec qui ? …”.
Notre système de mémorisation
Qu’elle soit à court ou long terme, la mémoire est l’outil le plus précieux pour les études
La mémoire à court terme
La mémoire à court terme est le système de mémoire immédiate, que nous utilisons pour retenir une information qui nous est utile sur le moment. Elle peut maintenir des informations de manière ponctuelle, durant une dizaine de secondes environ. Sa capacité de stockage est évaluée à environ 7 éléments. Exemple : retenir un numéro de téléphone avant de le composer. La mémoire à court terme est la première étape d’une mémorisation à plus long terme. Si nous avons envie d’apprendre une information, nous pouvons engager un processus volontaire d’apprentissage (en répétant plusieurs fois l’information) afin de la stocker en mémoire à long terme.
La mémoire à long terme
- La mémoire à long terme se décompose en différents systèmes de mémoire, selon la nature de l’information à mémoriser. On distingue la mémoire explicite de la mémoire implicite :
- La mémoire explicite (déclarative) concerne la mémorisation d’informations que nous pouvons exprimer avec des mots. Elle recouvre la mémoire sémantique et la mémoire épisodique.
- La mémoire implicite concerne quant à elle la mémorisation des habiletés motrices, verbales ou cognitives, qui ne nécessitent pas de faire appel à un souvenir conscient. Elle se manifeste dans l’action.
Utiliser ses capacités de mémorisation
Savoir comment les différentes mémoires fonctionnent est un bon début mais comment apprendre mieux, plus vite et de manière plus efficace ? Qui n’a pas un jour rêvé de trouver le truc, l’astuce, la potion qui lui fera mémoriser sans difficulté des centaines de pages ? Si la régularité du travail est toujours un gage de réussite — non pour des raisons morales, mais pour celles qui tiennent à la manière dont s’impriment nos circuits de la mémoire — certaines techniques et bonnes pratiques peuvent néanmoins s’avérer très utiles.
Évidemment, le schéma normal consiste pour l’essentiel à réviser suffisamment longtemps à l’avance son examen ou son concours. Des efforts constants et du travail de mémorisation régulier entraînent le cerveau à retrouver les circuits empruntés par les informations ainsi que leurs lieux de stockage. Ce sport cérébral doit être associé à une bonne hygiène de vie. Le rythme doit alterner entre séquences d’efforts mentaux et séquences de repos (détente, sport, oxygénation et sommeil) pour permettre au cerveau de recharger les accus de la mémoire. Le non-respect de cette alternance peut conduire au surmenage et avoir des conséquences désastreuses sur les capacités d’attention comme sur la mémoire.
La fatigue est la principale ennemie de la mémoire. Lorsqu’un étudiant rencontre des difficultés d’apprentissage et de mémorisation, c’est le plus souvent son hygiène de vie qui est en cause. De ce point de vue, le vrai booster du cerveau, c’est le sommeil.
Alcool et drogue (cannabis, entre autres) sont évidemment à proscrire, leurs effets néfastes sur la mémoire sont largement démontrés. En agissant sur les neurotransmetteurs, alcool et drogues altèrent la qualité de la transmission des informations vers l’hippocampe (zone du cerveau où la mémoire est stockée).
Les “médicaments mémoire”
Peut-on doper sa mémoire avec des compléments alimentaires, des smart-drugs, médicaments de l’intelligence, ou bien encore des médicaments qui permettent de lutter contre la fatique sans qu’il y ait un réel dopage et surtout sans dommage pour la santé ?
Doper sa mémoire
La preuve de l’efficacité de substances médicamenteuses sur la mémoire n’a jamais été démontrée. Certains produits disponibles en pharmacies ne sont généralement que des produits excitant le système nerveux (caféine notamment) en accroissant le taux d’adrénaline dans le sang. En augmentant artificiellement son énergie, la personne est convaincue d’être plus efficace. En réalité, elle est simplement dans en état d’excitation nerveuse qui ne conditionne pas particulièrement un meilleur apprentissage !
On se souvient du film Limitless, dans lequel le NZT, un produit pharmaceutique révolutionnaire permet au héros d’exploiter son potentiel intellectuel au maximum. Bien évidemment cela reste de la fiction ! Des publicités pour des produits vantent de booster la mémoire du consommateur. Certains étudiants franchissent le pas et prennent des médicaments pour se donner un coup de fouet, diminuer leurs besoins en sommeil, lutter contre le stress à l’approche des examens…
Les compléments alimentaires
Le marché des compléments alimentaires en Europe et en Amérique du nord est énorme ! Entre les vitamines, les oligoéléments, les acides-aminés et plus récemment les oméga-3, un Français sur cinq consomme des compléments alimentaires. Les laboratoires pharmaceutiques, les industriels et les distributeurs pratiquent des marges élevées et profitent de cette nouvelle manne.
En réalisant toutes les combinaisons possibles de vitamines, oligo-éléments, etc. les laboratoires proposent aujourd’hui des compléments alimentaires pour toutes les situations : vieillissement, fatigue, stress, ménopause, minceur, digestion, problèmes urinaires, sommeil, articulation, vision, peau, libido, cholestérol… Mais un seul type de compléments alimentaires nous intéresse ici : ceux qui prétendent améliorer votre mémoire et vos capacités cognitives.
Pour fonctionner, notre corps a besoin de deux types de molécules : les molécules non-essentielles, qu’il sait fabriquer à partir de molécules “banales” (sucres, graisses, protéines) et les molécules essentielles, qu’il ne sait pas fabriquer. Il faut donc que votre alimentation apporte ces molécules essentielles. On en distingue principalement quatre types :
- les vitamines : par définition, votre corps n’est pas capable de fabriquer une vitamine, mais il en a besoin pour faire fonctionner certaines enzymes.
- les oligo-éléments : ce sont généralement des éléments simples, comme le fer, le magnésium, le sélénium…
- les acides-aminés essentiels : ce sont des petites molécules comme la phénylalanine, le tryptophane…
- les acides gras essentiels : il s’agit des oméga-3 et des oméga-6.
Tous ces éléments sont naturellement présents dans une alimentation variée et équilibrée. Dans certaines situations, notamment pour la femme enceinte, certains compléments alimentaires peuvent se révéler utiles. Mais en ce qui concerne les compléments alimentaires pour le cerveau, les médecins sont catégoriques. Il n’y a aucun effet réel sur les performances intellectuelles, mis à part un effet placebo.
Les étudiants se persuadent qu’ils ont besoin de pilules, augmentent les doses et prolongent les cures, à la recherche d’une efficacité potentielle. En réalité, il s’agit plus d’un piège publicitaire.
Prenons le cas du médicament mémoire le plus prisé du marché. Le laboratoire fabricant, leader français sur le marché des compléments alimentaires, a bien compris quels sont les principaux demandeurs de ce genre de pilule et la notice précise :
- qu’il est indiqué pour “la mémoire, la concentration, et les étudiants”,
- qu’il permet de “stimuler vos capacités intellectuelles en cas de surmenage ou période d’examen”,
- qu’il contient des principes actifs “qui contribuent à stimuler les capacités intellectuelles en favorisant concentration et mémorisation”,
- qu’il faut doubler les doses (4 gélules par jour au lieu de 2) en période “d’activité intellectuelle intense” (comprenez qu’il faut en acheter 2 fois plus).
Les extraits de Ginkgo biloba, utilisés dans la médecine chinoise, augmentent le débit sanguin, notamment au niveau cérébral mais leurs prétendus effets sur les performances mentales n’ont jamais été prouvés. Quant au Bacopa monnieri, une étude a été menée sur des adultes en bonne santé, auxquels on a donné au moins 300 mg de Bacopa pendant 3 mois : il n’y a eu aucune amélioration, ni de la mémoire à court terme, ni de la mémoire à long terme, de l’attention, ou même de l’état psychologique (l’anxiété par exemple).
Pourtant, le laboratoire n’hésite pas à promettre monts et merveilles, et surtout réussite aux examens aux étudiants en panique pendant leurs révisions, qui hélas ne prennent pas toujours l’initiative de lire les études sur les composants du médicament (ce qui n’est pas mon cas). A raison de 4 gélules par jour en période d’examen, vous devrez débourser 6,90 € par semaine pour ce placebo impur (2 gélules par jour pendant 3 mois pour les seniors, soit plus de 40 € au total).
On peut donc dire objectivement que les compléments alimentaires, même ceux à base de Bacopa et de Ginkgo biloba, n’ont pas plus d’effets sur les performances cérébrales que n’en avaient les élixirs et autres poudres de perlimpinpin au début du siècle. L’effet placebo est pourtant bel est bien réel.
Les antiasthéniques (anti-fatigue)
Il s’agit de comprimés effervescents contenant essentiellement de la vitamine C et de la caféine, responsable des effets recherchés. La caféine pharmaceutique, celle qu’on trouve dans ces comprimés, est exactement la même que celle du café, du thé et autres boissons de ce type.
Contrairement aux vitamines, la caféine a un effet direct sur le cerveau, en améliorant le niveau d’éveil et donc les performances intellectuelles. Attention tout de même, la caféine se contente de ralentir la sensation de fatigue, sans pour autant éliminer le besoin de dormir. De plus, si l’on consomme régulièrement une même quantité de caféine, le cerveau développe une tolérance : il s’adapte de façon à maintenir les réactions normales de fatigue, malgré la dose de caféine à laquelle il est habitué. Autrement dit, la caféine a de moins en moins d’effets. Pire, l’arrêt d’une consommation habituelle de caféine entraîne un syndrome de sevrage dont les manifestations sont non seulement de la fatigue, mais aussi des maux de tête, des nausées, voire des troubles neuropsychologiques (anxiété, irritabilité, incapacité à se concentrer etc.). Ce sevrage dure quelques jours, pendant lesquels les performances cérébrales sont nettement diminuées. Pour éviter ce syndrome, il faut diminuer les doses de caféine progressivement, sur plusieurs semaines voire plusieurs mois. Si besoin, remplacez le café par du thé. En effet, même si les feuilles de thé contiennent plus de caféine que les grains de café, les effets du thé sont plus doux : d’une part la caféine y est plus diluée que dans le café, d’autre part le thé contient des molécules qui ralentissent l’absorption de la caféine.
Que ce soit en boisson ou en comprimés, une surconsommation de caféine mène tout droit à l’intoxication : insomnie, troubles digestifs, palpitations, troubles neuropsychiatriques exacerbés (irritabilité, anxiété, agitation)… Ces manifestations sont franches dès 600 mg de caféine par jour (soit 12 comprimés ou 6 cafés). La dose limite de consommation de caféine est de 200 mg par jour, soit 2 cafés par jours, à ne jamais prendre à moins de 6 heures avant de vous coucher.
Les smart-drugs : médicaments de l’intelligence
Les smart-drugs sont des produits licites, normalement prescrits dans les troubles du sommeil (narcolepsie, hypersomnie). Ils agissent directement sur les neurones, en augmentant la quantité de monoamines au niveau des connexions synaptiques, en particulier la dopamine et la noradrénaline. Il en résulte un effet réel sur l’activité cérébrale : accélération de la perception, surexcitation, amélioration de la vigilance, de la clairvoyance et des performances cognitives (en particulier la mémoire). Ils ont pour but de lutter contre la fatigue, d’augmenter la concentration et l’attention.
L’une des smart-drugs les plus utilisées est le Méthylphénidate, utilisé pour traiter les enfants hyperactifs ou la narcolepsie. Son mécanisme d’action sur le cerveau est le même que celui de la cocaïne. A ce titre, il entraîne des troubles cardiaques (tachycardie), digestifs (nausées, vomissements), et neurologiques à forte dose ou à long terme : spasmes musculaires, troubles de la vision, nervosité, anorexie, insomnie, crises d’angoisse, épuisement… Notez qu’à cause de l’importance des détournements et mésusages (notamment par les étudiants), le méthylphénidate est sur la liste des médicaments surveillés de près par l’AFSSAPS (Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé).
Une autre smart-drug très prisée des étudiants est le Modafinil, surnommé “le viagra du cerveau”. Il ne provoquerait ni euphorie intense au moment de la prise, ni “gueule de bois” au réveil. Notez que j’utilise le conditionnel car son mécanisme d’action est très mal connu : sans entrer dans les détails techniques, il ressemblerait à celui des amphétamines, en inhibant la recapture de monoamines, en particulier la dopamine et la noradrénaline.
Les études sur le Modafinil se contredisent au sujet de l’amélioration des performances cognitives. Certaines fonctions sont améliorées, alors que d’autres sont ralenties. Remarquez que selon une étude de 2005, les effets bénéfiques ne se trouveraient que chez les personnes ayant un “petit QI” (100-112) : cette étude rétrospective menée sur des étudiants volontaires en bonne santé soumis à une batterie de tests cognitifs, a montré que globalement le nombre d’erreurs aux tests est diminué, mais qu’en réalité, cela est dû à l’amélioration des résultats chez les étudiants avec un petit QI, et très peu à l’amélioration des résultats de ceux ayant un QI élevé (> 112).
Les risques liés à la prise de Modafinil sont importants. En plus de divers symptômes comme des maux de tête, des palpitations et des douleurs thoraciques, des vertiges, une vue troublée et bien d’autres désagréments, cette “drogue” provoque des réactions allergiques sévères. Ces réactions sont très graves, parfois mortelles. Fièvre, éruptions cutanées, œdèmes notamment au visage et à la gorge sont les signes qui doivent conduire à un arrêt total et immédiat de ce type de “médicaments”
Alors dopage ou pas ?
La consommation de stimulants par les cadres ou les étudiants relève d’un véritable dopage, puisqu’il s’agit de prendre un produit pour améliorer ses performances, passer un obstacle, par exemple un examen. Certes leur prise n’a rien d’illégal, mais cela soulève des questions éthiques. Certains professeurs suggèrent d’ailleurs l’utilisation de véritables tests anti-dopage, par exemple avant les concours. Pour rappel, la caféine, le méthylphénidate et le modafinil sont classés “produits dopants” par l’Agence Mondiale Anti-dopage.
Une consommation répétée de ces molécules mènent droit à la dépendance psychique (mis à part la caféine qui n’induit qu’une dépendance physique). Ne vous y trompez pas : on devient accro au médicament sans s’en rendre compte. Au début vous avez le contrôle, alors vous continuez à consommer car cela vous aide psychologiquement, voire physiquement, jusqu’au jour où vous avez besoin de votre pilule, ne serait-ce que pour être dans un état relativement normal. Être accro à un médicament, alors que vous n’en aviez pas besoin au départ, relève de la toxicomanie.
Pour être en forme pendant vos révisions, je vous recommande de dormir autant que vous en avez besoin (ce qui n’est hélas pas toujours faisable…), d’éventuellement prendre un café ou un thé de temps en temps (jamais plus de 2 par jour), et surtout de manger équilibré toute l’année (ne négligez pas les sources d’oméga-3, pour le cœur bien plus que pour le cerveau). Si vous avez des carences, prenez les compléments alimentaires adaptés. Quoi qu’il en soit, aucune molécule ne pourra remplacer le travail avant un examen.