C’est parce qu’elle joue un rôle considérable dans l’économie, que son célèbre sigle (BCE) figure si souvent à la une de nos journaux. Pour apprécier la vigueur des débats qu’elle suscite, il est indispensable d’analyser les fondements qui ont présidé à sa création, ainsi que les missions qui lui sont confiées.

Contrairement à ce que cet acronyme évoque de prime abord, ce n’est pas dans l’Europe géographique que la BCE intervient, mais dans l’Union Européenne et de façon plus systématique, dans la zone euro, constituée de ses 17 pays membres. C’est en effet en 2002 que l’Euro sous sa forme fiduciaire apparait dans nos porte-monnaie, mais c’est en réalité depuis 1999 qu’il s’est déjà introduit dans 11 pays. C’est donc très logiquement, pour préparer sa mise en circulation, qu’est crée en 1998 la Banque Centrale Européenne.

Cependant l’avènement de la BCE ne dispense pas les pays membres de l’UE d’avoir leur propre banque centrale nationale (BCN). Les BCN des Etats ayant adopté l’Euro comme monnaie nationale constituent avec la BCE ce que l’on appelle l’Eurosystème.

 

L’Organisation :

Au sommet de la hiérarchie se trouve le Directoire, composé de 8 membres dont les chefs de file sont le président et vice-président de la BCE. Cet organe de décision est chargé de la gestion courante de l’instance.

La nomination du président de la BCE relève de la compétence du Conseil Européen, lui-même constitué des chefs d’Etat des pays membres de l’UE. Depuis sa création, deux présidents ont été désignés : Le français Jean-Claude Trichet a succédé à la présidence de Wim Duisenberg, néerlandais. Le Français devra cependant laisser sa place à Mario Draghi qui prendra ses fonctions en novembre 2011, vraisemblablement jusqu’en 2019. Les membres du directoire sont en effet nommés pour 8 ans. Ce remplacement ne s’est pas fait sans susciter la désapprobation du président de la république française, Monsieur Nicolas Sarkozy. Mr Trichet étant actuellement le seul membre Français au sein du directoire de la BCE, la France ne serait donc plus représentée une fois son mandat expiré. Un accord a donc été trouvé. Concomitamment, un autre membre du directoire se retirera afin que lui soit substitué un Français.

Il faut rappeler que la BCE est une instance indépendante et que ses membres n’ont pas vocation à être imposés par un quelconque pouvoir extérieur. Le trouble relatif, provoqué les pressions de Nicolas Sarkozy au sein de l’organisation pouvait sembler fondé.

 

Missions :

On l’aura compris, la BCE joue le rôle d’autorité monétaire au sein de la zone Euro. Elle trace les grandes lignes des politiques monétaires à adopter pour que cette monnaie puisse résister à l’omnipotence du dollar. N’oublions pas que pour concurrencer le billet vert, auquel est associé un taux de change flottant (sa valeur varie essentiellement en fonction de l’état de la balance commerciale), la BCE a préféré opter pour un taux de change fixe. On comprend alors l’importance de l’existence d’une Banque Centrale, qui dispose en toute indépendance du droit de dévaluer ou de réévaluer sa monnaie.

C’est pour parvenir au financement d’une croissance non inflationniste au sein l’UE que la BCE à été créée. Pour ce faire, la BCE, tout comme la Fed (Réserve Fédérale), son homologue américain, fixe des taux d’intérêts directeurs qu’elle fait varier en fonction de l’état économique des pays constituant la zone euro. On dénombre trois catégories de taux directeurs : le taux de rémunération des dépôts , le taux de refinancement , le taux de prêt marginal. Il faut cependant savoir que lorsque l’on parle du remaniement du taux directeur par la BCE dans la presse, les médias et journalistes font généralement directement allusion au taux de refinancement, celui-ci étant le plus important. (NB : le taux directeur est celui qu’impose la BCE aux banques qui refinancent auprès de l’institution les crédits qu’elles accordent et destinés aux économies nationales. Il est un instrument essentiel pour relancer l’investissement ou le contenir, en période de suractivité économique)

 

La BCE dans notre actualité :

Compte tenu du rôle fondamental que joue la BCE dans notre économie, il n’est pas étonnant de la retrouver si souvent à l’origine de nombreux débats économiques ou politiques. La première controverse qu’elle alimente, et qui fait souvent la une de notre actualité reste la « surévaluation » de l’Euro. Avoir une monnaie forte, c’est prendre le risque de perdre en compétitivité et de voir ainsi les balances commerciales des pays de la zone euro s’effondrer. La France plaide ainsi pour une dévaluation de l’Euro. Il s’agit en l’état d’une hypothèse inenvisageable pour des pays comme l’Allemagne qui affichent une balance commerciale largement excédentaire, une monnaie forte se révélant indispensable pour l’Europe.

 

En conclusion, une banque centrale unique, indépendante des états dont elle est l’émanation, et qui les fruste d’un instrument essentiel de leur souveraineté, le pouvoir d’agir sur leur monnaie, est la source d’antagonismes inexpugnables. Les intérêts des uns étant rarement ceux des autres, les critiques contre cette institution ne sont pas prêtes de se tarir. Elle démontre, à l’évidence, l’impérieuse nécessité d’une organisation politique plus fédérale, qui serait ainsi légitime à reprendre la gouvernance de sa monnaie.