Croissance ou récession ? Lire le début de l’article

Sursaut de la consommation des ménages

Les dépenses de consommation des ménages accélèrent au quatrième trimestre 2016 (+0,6 % après +0,1 %). Les dépenses en biens fabriqués rebondissent (+1,0 % après −1,1 %), surtout celles en automobiles.

 

2016 T1

2016 T2

2016 T3

2016 T4

2015

2016

Consommation des ménages

1,3

0,1

0,1

0,6

1,5

1,8

Alimentaire

0,4

-0,6

0,8

-0,4

1,2

0,7

Énergie

2,4

1,7

-1,5

3,7

1,4

1,8

Biens fabriqués

2,3

0,2

-1,1

1,0

2,6

2,5

Services

0,8

-0,1

0,4

0,3

1,0

1,5

Malgré une baisse de la consommation des ménages sur le mois de décembre 2016, les économistes parlent de bouffée d’oxygène.

Il faut comprendre que la consommation des ménages est un des acteurs économiques les plus difficiles à manœuvrer. La confiance se gagne avec de la stabilité et du temps. Si vous parlez de crise à un particulier, fini les dépenses, la nouvelle voiture et ses vacances dans le Jura. Il préfèrera sagement économiser ses quelques deniers au cas où !
Etudions maintenant le revenu disponible brut (RDB) et les ratios des comptes des ménages. Le revenu disponible brut est le revenu à disposition des ménages pour consommer et épargner.
Voici donc la formule de l’INSEE pour le calculer :

Revenu disponible brut =
     salaires nets (salaires bruts – cotisations sociales salariales)
+   excédents bruts d’exploitation des entrepreneurs individuels
+   prestations sociales
+   autres (revenus de la propriété)
–    impôts.

 

Revenu disponible brut et ratios des comptes des ménages :

Variations t/t-1, en %

2016 T1

2016 T2

2016 T3

2016 T4

2015

2016 (acquis)

RDB

0,5

0,3

0,7

 

1,4

1,9

RDB (pouvoir d’achat)

0,6

0,2

0,6

 

1,6

1,9

RDB par unité de consommation (pouvoir d’achat)

0,5

0,1

0,5

 

1,2

1,5

RDB ajusté (pouvoir d’achat)

0,6

0,3

0,6

 

1,6

1,8

Taux d’épargne (niveau)

14,4

14,5

15,0

 

14,5

 

Taux d’épargne financière (niveau)

5,6

5,5

5,9

 

5,5

 

Le revenu disponible brut augmente d’environ 3,4 % annuellement depuis 20 ans ; heureusement d’ailleurs car avec l’augmentation de la population et l’inflation, le RDB doit augmenter sous peine de baisse systématique du pouvoir d’achat.  En 2008 par exemple, le Revenu Disponible Brut global des ménages était de 1 257 mds d’euros, soit environ 20 000 euros par habitant par an. Il existe cependant de nombreuses disparités régionales; en Ile-de-France, le RDB est de 24 139 euros par habitant, tandis qu’il n’est que de 17 259 euros en Nord Pas-de-Calais.

Mais comme toutes mesures macroéconomiques, le calcul de l’évolution du pouvoir d’achat est réalisé ici à l’échelle globale (comptabilité nationale) et ne considère pas les inégalités au sein de la population.

L’investissement des ménages et des entreprises accélère nettement en fin d’année

Peut-être faut-il voir dans ce rebond la fin de la crise ? L’investissement des ménages est en hausse pour la première fois depuis 2008.

Au quatrième trimestre 2016, la FBCF totale accélère (+0,8 % après +0,3 %), notamment celle des ménages et des entreprises non financières. En effet, la FBCF en biens manufacturés rebondit nettement (+1,8 % après −2,3 %), surtout celle en matériels de transport. En revanche, l’investissement en services marchands (+0,8 % après +1,4 %) et en construction décélère (+0,3 % après +0,6 %), notamment celui en travaux publics.

La FBCF est la somme des investissements, essentiellement matériels, réalisés pendant l’année sur le territoire français. Il consiste souvent en l’achat de machines ou de bâtiments, ces machines et ces bâtiments ayant pour objet de contribuer à la production de biens et services. Les achats d’habitations sont des investissements car, par exemple, un appartement permet de produire un service, celui du logement. Depuis quelques années, la FBCF intègre certains investissements immatériels

 

2016 T1

2016 T2

2016 T3

2016 T4

2015

2016

FBCF (Formation brute de capital fixe)

1,2

0,0

0,3

0,8

0,9

2,8

Produits manufacturés

2,7

0,1

-2,3

1,8

2,1

6,0

Construction

0,5

-0,1

0,6

0,3

-2,2

0,9

Services marchands

1,2

0,0

1,4

0,8

4,4

3,3

Sur l’ensemble de l’année 2016, la FBCF totale accélère nettement : +2,8 % après +0,9 %.
Le climat de confiance des industriels et des ménages est en train, espérons, de regagner les niveaux connus d’il y a quelques années avant la crise. La consommation des ménages, l’investissement des entreprises continuent de progresser. A cela, il faut donc ajouter les créations d’emploi mais aussi les défaillances d’entreprises, en baisse de 8,3% l’an dernier (-12% au quatrième trimestre 2016) et qui redescendent au niveau de 2008.

L’investissement des entreprises est devenu un des moteurs de l’économie française

Comme pour les particuliers, la confiance est un indicateur mesurable avec le taux d’épargne. Les entreprises recommencent, doucement mais surement à investir. On voit leurs taux d’épargne diminuer (de 21,2% au premier trimestre jusqu’à 20,4 au 3ème trimestre).

Cette hausse d’investissement va se traduire par un regain économique dans les mois à venir.

Ratios des comptes des sociétés non financières

(en %)

2016 T1

2016 T2

2016 T3

2016 T4

2015

Taux de marge

32,0

31,5

31,4

 

31,4

Taux d’investissement

23,3

23,5

23,4

 

22,9

Taux d’épargne

21,2

20,5

20,4

 

19,7

Taux d’autofinancement

90,9

87,2

87,0

 

86,3

Source : Insee

Enfin, pour compléter le tableau des investissements de tous les acteurs économiques du territoire, il faut s’intéresser aux administrations publiques.

Dépenses, recettes et besoin de financement des administrations publiques

 

2016 T1

2016 T2

2016 T3

2016 T4

2015

En milliards d’euros

 

 

 

 

 

Dépenses totales

313,2

314,8

316,8

 

1242,8

Recettes totales

294,9

296,6

297,0

 

1166,3

Capacité (+) ou besoin (-) de financement

-18,4

-18,2

-19,8

 

-76,5

En % de PIB

 

 

 

 

 

Capacité (+) ou besoin (-) de financement

-3,3

-3,3

-3,6

 

-3,5

Source : Insee

La capacité de financement est le solde du compte de capital. Ce solde est égal à l’épargne brute augmentée des transferts nets en capital et diminuée des dépenses faites à des fins d’accumulation. Il faut donc lire sur le tableau ci-dessus que les administrations publiques locales affichent un besoin de financement et sont donc de moins en moins en capacité d’investir. La solution actuelle repose sur l’emprunt et continuera de creuser le déficit public.

Le commerce extérieur a été le point noir de la croissance française en 2016

Certes, les exportations devraient repartir à la hausse sur la première moitié de l’année, « à la fois pour répondre à la demande des partenaires de la zone euro et du fait de livraisons aéronautiques à nouveau dynamiques », précise l’Insee.

Le commerce international est l’échange de biens, de services et capitaux entre pays. Ce type de commerce existe depuis des siècles (cf. route de la soie), mais il connaît un nouvel essor du fait de la mondialisation économique.

En 2016, les exportations françaises reculent de 0,6 %, du fait de la baisse des ventes de produits intermédiaires et de céréales, supérieure à la poussée de celles d’automobiles. Les livraisons aéronautiques sont stables à haut niveau. De leur côté, les importations se stabilisent après une légère reprise l’année précédente. En effet, les achats hors énergie s’accroissent de nouveau, notamment ceux de matériels de transport. A l’inverse, les approvisionnements énergétiques poursuivent leur recul, en lien avec la nouvelle baisse des prix en moyenne annuelle. En définitive, le solde commercial FAB/FAB se dégrade, passant de 45,0 milliards en 2015 à 48,1 milliards en 2016, en raison d’un accroissement du déficit manufacturier supérieur à l’allègement de la facture énergétique.

Mais le contexte, lui, n’est plus aussi bon. L’Opep et onze pays producteurs se sont engagés à diminuer leur production de pétrole afin de consolider la remontée des cours. Or, qui dit rebond du pétrole dit hausse de l’inflation. A priori, il s’agit d’une bonne nouvelle pour la Banque centrale européenne (BCE), qui s’efforce, sans grand succès, depuis deux ans d’atteindre son objectif de 2 % d’inflation, avec sa politique monétaire très accommodante. Mais, parallèlement, aucune revalorisation de salaire n’est enclenchée.

Le commerce extérieur ne devrait plus handicaper la croissance française

La hausse du pétrole rognera également les marges des entreprises. Et elle aura des répercussions sur l’industrie, notamment sur des secteurs comme la chimie, exposés à la concurrence de pays comme les États-Unis où le coût de l’énergie est plus faible. Par ailleurs, les entreprises et les ménages – sans parler de l’État – devront faire face à la légère hausse des taux d’intérêt.

La contribution des variations de stocks est négative au quatrième trimestre

Au quatrième trimestre 2016, la contribution des variations de stocks à l’évolution du PIB est de −0,2 point (après +0,7 point), surtout du fait des « autres produits industriels » (pharmacie et produits sidérurgiques notamment).

Sur l’ensemble de l’année, la contribution des stocks à l’activité est neutre, après +0,2 point en 2015.

Alors reprise, stagnation ou récession ?

Malgré la croissance molle confirmée par l’Insee pour 2016, le gouvernement n’est pas insatisfait de ces résultats. Le pays a été victime de trois facteurs conjoncturels. D’abord, la météo : les inondations et les intempéries ont fragilisé l’économie, notamment l’agriculture, et pesé à hauteur de -0,2 % sur le PIB en 2016. Ensuite, les attentats de Paris et de Nice ont entraîné une baisse de l’activité touristique avec un impact de -0,15 % sur le PIB. Enfin, les grèves du printemps (cheminots, loi Travail) ont handicapé l’activité économique, qui s’est contractée de 0,14 % au deuxième trimestre.

Les résultats positifs sont donc mis en avant. Pour la deuxième année consécutive, l’activité économique aura été dynamique et aura permis de faire reculer le chômage, tout en réduisant le déficit public selon le ministre de l’Économie. Il y a eu 127 600 emplois créés dans les secteurs marchands (hors agriculture), contre 99 000 sur l’ensemble de l’année 2015.

Les marges des entreprises s’améliorent.

Concernant le déficit public, il s’est réduit de près de 5 % du PIB à 3,3 % en 2016.

Il reste encore du chemin à parcourir mais la reprise de la croissance tant annoncée émet sa faible lueur au bout du tunnel… Go, go, go !