Le papier est l’exemple même d’un recyclage réussi. En 2012, 6,91 millions de tonnes de papier ont été réinjectées dans le circuit de production.
Avec un taux d’utilisation de 60 %, les papiers et cartons recyclés sont devenus la première source de matière première de l’industrie du papier français. C’est-à-dire que la matière première de la fabrication de papier est :

  • la fibre provenant du recyclage du papier pour 60 %,
  • le bois pour les 40 % restants, dont 70 % proviennent de recyclage de sciures….

Ce qu’on appelle ici papiers, ou encore papiers-cartons, regroupent : papier,  cartons, caisses en carton, journaux, emballages ménagers, magazines, etc. Le processus de recyclage est proche, et ce sont les mêmes centres et usines qui les recyclent.
Le taux de récupération du papier est bon, il est passé de 40 % à 72 % en une vingtaine d’années grâce à l’effort de tous. Il a permis, en outre, de créer une filière économique exportatrice.

Cycle-du-papier

Vos papiers

Commençons par vous : le potentiel de collecte de papier des ménages est estimé à 2,3 millions de tonnes de papier, et tout est loin d’être recyclé.
Qu’y a-t-il dans ces papiers :

  • 47,2 % de documents publicitaires. Il ne vous a pas échappé qu’à l’heure de la dématérialisation et du numérique, vous étiez encore noyé dans les papiers publicitaires trouvés dans les boîtes aux lettres, derrière les essuie-glaces etc.
  • 34,8 % de presse
  • 9,5 % de courriers
  • 4,1 % de livres et annuaires.
  • 4,5 % de divers (dont les enveloppes).

Les papiers de bureau

Les papiers de bureau, vous vous en doutez sont les papiers, notamment graphiques, rejetés par les entreprises et les administrations.
Environ 1,2 millions de tonnes de papiers issus des bureaux ont été jetées. D’ailleurs, encore trop peu ont été recyclés malheureusement.
Le papier est évidemment le premier consommable de bureau : avec le carton, il représente près de 70 % des déchets générés par les activités tertiaires. La consommation de papier en France est estimée entre 70 et 85 kg par employé et par an. La moitié seulement de ces déchets de papiers n’est pas collectée donc, non recyclée par voie de conséquence.  
Pis encore, si 60 % de la matière première de l’industrie papetière française proviennent de la fibre de papier recyclé, seuls 5 % du papier ramette consommés sont fabriqués à partir de fibres recyclées. Au bureau, faites comme à la maison : recyclez !
Car le papier de bureau jeté ravitaille une partie de l’industrie papetière : papier graphique, hygiène, emballage. On estime que pour traiter les papiers de bureau, il faut en moyenne un emploi pour  1 000 tonnes. Ces emplois sont d’ailleurs difficilement délocalisables puisque le transport du papier récupéré et recyclé pour le transformer ailleurs serait alors, trop cher.
Et enfin, du point de vue de l’impact environnemental, la production de papier recyclé consomme trois fois moins d’énergie et d’eau que la production de papier non recyclé (c’est-à-dire essentiellement à partir de bois).
En réalité, environ 2,8 millions de tonnes de papiers graphiques ont été recyclées en 2009. Ce papier provient :

  • des ménages, pour 52 %,
  • des chutes de fabrication, pour 15 %,
  • d’invendus et de non distribués (sic) pour 15 %
  • des papiers de bureaux pour 7 %
  • le reste en divers.

Pour pousser au recyclage des papiers de bureau, le Ministère du développement durable et les acteurs du secteur ont signé le 6 février 2012 une convention d’engagement volontaire : la collecte de 200 000 tonnes de papiers de bureau supplémentaires en 3 ans, jusqu’à 2015. Là où il y a le plus de travail est au niveau des ces petites entreprises… et administrations bien sûr. Ils ont également prévu de renforcer le tri à la source : sensibilisation et accompagnement des entreprises du secteur tertiaire et des collectivités territoriales, ou encore la formation des personnels en charge de la collecte.

Une filière dynamique

450 entreprises composent le secteur de l’industrie du recyclage de papier. Elles ont produit en 2011 un volume de 7,2 millions de tonnes de matières pour un chiffre d’affaires avoisinant le milliard d’euros.
En moyenne depuis 1999, le secteur croît de 5 % par an, bien au-dessus du PIB français. Même la crise de 2008-2009 n’a que peu affecté cette industrie car elle exporte dans le monde entier.
Pourtant la production française de papier a baissé de 3,5 % depuis 2010 : la presse papier recule et même la production de carton plat (principalement utilisé pour fabriquer les boîtes) a reculé de 2 %. Ainsi, rien qu’en 2011, 4 usines de fabrication de papier cartons ont dû fermer.
Sur les 7,2 millions de tonnes de papier/cartons recyclés, 5 millions ont été consommées par les usines de l’industrie papetière de France. Le reste est donc exporté. Or, comme vous le savez, la balance commerciale de la France est déficitaire avec un solde de la balance commerciale de -61,2 milliards d’euros. En effet, la France importe pour 61,2 milliards d’euros de plus qu’elle n’exporte. Parmi les pays vers lesquels la France exporte, son meilleur client est l’Espagne, suivie de l’Allemagne. En ce qui concerne la fibre provenant de papier recyclé, la demande du consommateur est en hausse ce qui permet aux  industries d’augmenter leurs capacité de production . En outre, cette filière de produits écologiques exporte. Même l’Asie vient chercher de la fibre de papier recyclé chez nous : 20 % des exportations françaises de papier recyclé va vers l’Asie.

Le processus de recyclage du papier

L’idée est de transformer les vieux papiers en pâte, puis d’affiner, nettoyer et dépolluer éventuellement cette pâte, qui servira de base pour la fabrication d’un nouveau papier.
Trois étapes sont nécessaires :

1. Pulpage et défibrage :

Les produits papier-cartons usagés sont d’abord placés dans un pulpeur. C’est une cuve cylindrique remplie d’eau et d’adjuvants divers et munie d’un agitateur puissant. Le papier en suspension dans l’eau va alors se décomposer en rompant les liaisons entre les fibres de cellulose. Les produits résiduels qu’il pourrait contenir sont alors isolés.

2. L’épuration

On va nettoyer afin de dépolluer le papier. L’épuration sépare les fibres des éléments qui leur sont associés : colles, vernis, peintures, agrafes. Pour éliminer les impuretés on va filtrer et cycloner. Le filtrage est classique puisqu’on va récupérer les impuretés en fonction de leur taille pour ensuite les séparer en fonction de leur densité. Le cyclonage va donc être comme son nom l’indique une rotation très rapide du papier, comme une centrifugeuse. Les éléments les plus denses se concentrent à la périphérie et les moins denses au centre.

3. Le désencrage et pressage à chaud

Ils sont nécessaires uniquement pour la fabrication de pâte blanche. Ce procédé est essentiellement utilisé dans le cas du recyclage des papiers graphiques, types magazines. Il faut, en effet, supprimer encres et teintures utilisées.
On va alors ajouter un savon à la pâte, et des bulles d’air créées vont transiter à la surface du papier. Les particules d’encre vont venir se coller aux bulles qui parcourent le papier ; puis, elles vont remonter à la surface. On crée ainsi une « boue de désencrage », qui est en fait une sorte de mousse qu’on aspire et qu’on rejette.
Les fibres rejoignent ensuite le procédé habituel de fabrication du papier-carton. Elles sont déposées sur une toile en mouvement où elles s’égouttent pour former une feuille qui sera pressée et séchée sur des cylindres chauffés à la vapeur. Une nouvelle feuille de papier ou de carton est ainsi fabriquée.
Éventuellement, on prendra soin de la blanchir en la diluant avec une pâte de meilleure qualité (pâte vierge ou papiers recyclés de haute qualité), ou en injectant du peroxyde d’hydrogène pour que vos ramettes de papier recyclé n’aient plus cette couleur grisâtre ou jaunâtre.