Je viens encore de subir quelques spams en surfant… On connaît tous ces publicités où il faut cliquer frénétiquement sur les croix pour fermer les onglets qui s’ouvrent intempestivement. Comment gagner 12 500 € en 2 semaines ? De quoi faire rêver…Alors grosse arnaque ou pas ? Boursicoter serait devenu tellement simple que tout le monde pourrait le faire ? A l’heure où les marchés boursiers mondiaux s’affolent, où l’on parle de crise en Asie, au moment où les internautes se voient proposer de trader sur des options binaires, il est de bon ton de repositionner les concepts et les mécanismes de la bourse.

La bourse

La bourse aujourd’hui est le lieu où s’échangent notamment les valeurs mobilières, émises par les sociétés et proposées aux épargnants. C’est un marché où se rencontrent des offreurs et des demandeurs de capitaux. Les échanges portent sur des titres de propriétés, également appelés actions ou/et titres de créance (Obligations). Cela paraît évident de nos jours, la bourse est gérée en temps réel par le biais d’un ordinateur central. Il n’en a pas toujours été ainsi. Auparavant, les ordres de bourse étaient criés par les traders oralement dans une grande salle des marchés physiques.

Les bourses de valeurs peuvent être classées selon un principe de spécialité, la nature des titres échangés, l’identité des opérateurs habilités à intervenir sur ces marchés financiers, ou encore selon le mode de règlement des opérations qui se nouent sur ces marchés (à ce titre, on distingue le règlement comptant des marchés boursiers qui acceptent le règlement à terme).

Les principales places boursières dans le monde sont situées à New York, Londres, Francfort et Tokyo.

La bourse réunit deux personnes : l’acheteur et le vendeur. Ces deux acteurs ne se connaissent pas et n’ont aucun moyen de se connaître. Les transactions sont donc réalisées par le biais du marché et des ordres boursiers donnés par les traders. Ce marché est influencé directement par le nombre d’acheteurs (demande) et le nombre de vendeurs (offre). De la confrontation entre les offres et les demandes résulte le prix d’équilibre.

Pour faire une opération, il est donc nécessaire que vendeur et acheteur soient d’accord. Lorsque l’acheteur est d’accord avec le prix pratiqué par le vendeur, l’ordre de bourse est lancé, l’affaire se conclut. Le vendeur doit donc se positionner au bon prix selon sa stratégie. En effet, si une position est en chute libre, il faut vendre extrêmement rapidement ou les conserver jusqu’à un retour à la normale.

La rencontre de l’offre et de la demande fixe donc le prix d’un actif, d’une action ou de tout autre bien s’échangeant en bourse. Quand il y a davantage d’offreurs (vendeurs) que de demandeurs (acheteurs), le prix du bien tend à baisser. En effet, les vendeurs afin de vendre leur bien consentiront un prix inférieur. Il en est de même pour le marché de l’automobile d’occasion. Lors des primes à la casse des gouvernements Balladur et Juppé, le marché de l’occasion a subi une forte baisse de la demande qui s’est accompagnée d’une forte baisse des prix.

La bourse est donc un marché financier où des traders essayent de se positionner au mieux selon leurs informations et leurs intuitions pour le compte de leurs clients.

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La bourse ne peut donc pas être résumée à une place où l’on s’échange des actions d’entreprise. Il existe d’autres produits échangeables et d’ailleurs, les volumes sont nettement plus importants que ces derniers. Les différentes opérations sont classées en fonction du niveau de risque.

Le risque de crédit : le risque naît de la probabilité d’une entreprise ou d’un État à faire défaut sur sa dette. Le produit traité est similaire à une assurance qui protège son acheteur d’un défaut éventuel, c’est-à-dire d’un événement qui ferait que l’entreprise ou l’État se verrait dans l’incapacité d’honorer sa dette. L’acheteur de cette assurance est donc une personne qui possède une créance sur l’entreprise ou l’État concerné. Le trader donne un prix à cette assurance en fonction du risque encouru. Par exemple, la Russie a plus de chance de faire défaut que les USA donc l’assurance sur sa dette est plus chère. Ensuite, en fonction des conditions économiques ou politiques, le prix de l’assurance varie. On dit que la “qualité de crédit” varie. Et selon le prix auquel l’assurance a été vendue ou achetée, le trader réalise une perte ou un gain. Ces produits sont les plus récents sur le marché et sont ceux qui se développent le plus vite. Ce sont aussi ceux qui ont le plus d’avenir.

Le risque de taux (“fixed income”) : le risque naît du mouvement des taux d’intérêts, qui sont décidés par les banques centrales. Si vous empruntez à 5 % aujourd’hui pour un an et que soudainement la banque centrale décide de baisser ses taux à 4 % par an, vous ne pourrez re-prêter votre argent qu’à 4 %. Vous aurez donc perdu de l’argent. C’est le deuxième marché le plus important du monde en terme de volume. Un contrat portant sur un nominal de plusieurs centaines de millions de dollar ne pose pas de problèmes. On l’appelle le “fixed income” ou marché de la dette. On traite sur ce marché principalement des swaps et obligations. C’est le marché le plus technique mathématiquement et là où on trouve généralement les ingénieurs.

Le risque des actions (“equity”) : c’est le risque dont on a parlé précédemment. Il est lié aux activités des entreprises. C’est un petit marché comparé au marché de la dette. Des échanges de nominaux de l’ordre du million de dollar constituent la norme.

Le risque de change (FX) : c’est le risque lié aux taux de change. C’est le marché le plus important du monde avec un volume journalier de 2 000 milliards de dollars, en constante augmentation.

Le risque des matières premières : petit marché comparé aux changes ou à la dette, mais en pleine expansion aussi, le risque est lié au prix des matières premières.

Le métier de trader

Les clichés concernant les traders sont nombreux… Flambeurs, égocentriques, imbus d’eux-mêmes, survoltés… Le métier de trader est stressant. Démarrage à 7 heures à la City à Londres ou à 9 heures à Paris, les traders doivent restés extrêmement concentrés de la première minute de leur travail à la dernière. Les pauses déjeuners sont prises sur le pouce…

Doit-on les plaindre ? Non. Les traders suivent des formations spécifiques, sont complètement conscients des choix de vie qu’ils prennent et pour la plupart, gagnent plutôt bien leur vie et ne font que très peu d’heures supplémentaires une fois les marchés fermés. La carrière d’un trader est comme celle d’un sportif, courte et intense. Dans le métier de trader, l’information est primordiale. Il est nécessaire de se tenir au courant d’un maximum d’événements pouvant affecter le marché.

Toute la journée, les traders achètent et vendent des titres derrière leur écran d’ordinateur. Ils discutent avec les brokers et lisent beaucoup de rapports financiers, de notes d’analyse de conjoncture. De bonnes méthodes pour garder un flux continu d’informations est de rester en permanence branché sur les dépêches de Bloomberg et Reuters, qui apportent des informations sur les sociétés.

Chaque Trade est donc le résultat d’une analyse plus ou moins rapide de l’ensemble des indicateurs que les traders ont à leur portée. Ils suivent l’évolution normale du marché et, sauf information particulière, restent incapables de prévoir un krach boursier ou une dévaluation subite d’action. Une fusion d’entreprises, un chiffre d’affaires en baisse, une élection, et ce sont les prévisions des traders qui évoluent. Certains auront un objectif à long terme tandis que d’autres spéculent sur une journée, les day‑traders. Tout est envisageable. C’est cette diversité des objectifs et des évaluations de chacun des acteurs qui permettra une meilleure liquidité du marché.

Les ordres peuvent être donnés directement par le client du trader. Concrètement, il reçoit un appel de son client qui lui demande d’acheter les actions demandées. Mais le trader peut agir pour le compte d’un client en semi-liberté, c’est-à-dire que son client lui demande de développer et de faire fructifier son portefeuille d’actions. Il aura donc l’autonomie nécessaire pour passer des ordres dans les limites convenues et fixées. Dans le cadre d’une banque, les règles de trading sont mises en place au préalable et selon l’autonomie confiée à chaque trader, il pourra passer des opérations plus ou moins importantes. Évidemment, plus la marge de manœuvre du trader est grande, plus les bénéfices ou les pertes peuvent être importants. Il en résulte donc, dans les cas les plus heureux, des sommes record gagnées. Les bonus liés à ces gains sont donc eux aussi, tout aussi record.

Tous les traders ne se valent pas

Le “market maker” : travaille sur les produits de bases tels que le cours des devises, les obligations d’État etc. Il répond aux clients en cotant des prix à double sens, un prix où il est d’accord pour acheter et un autre prix où il est d’accord pour vendre. Les positions qu’il tient sont la conséquence des transactions qu’il réalise et il doit toujours couvrir ces positions, tout en essayant de réaliser un profit. Le market maker n’est donc pas censé spéculer. Il doit respecter des limites de positions strictes. Le plus souvent les jeunes recrues commencent par un poste de market maker, ce qui leur permet d’appréhender le marché en prenant peu de risque.

Le trader de produits vanilles : est un spéculateur. Les revenus ne proviennent que très peu des marges (même s’il en y a), et beaucoup plus des activités de spéculation. Les profits proviennent généralement de la spéculation. Le cours de l’or va-t-il monter ou descendre ? La Réserve Fédérale américaine montera-t-elle ses taux au prochain meeting ? etc. On se doute que cette activité dépend donc essentiellement du trader et que les revenus associés y sont fortement variables. Les recrues sont le plus souvent des jeunes de 20 à 23 ans sans expérience mais enthousiastes, que la banque éduque à ses propres modèles parmi les professionnels.

Le trader de produits structurés : a le vent en poupe ces dernières années. Ces produits proposent souvent une indexation complexe de la rentabilité sur différents produits vanilles. Les profits générés proviennent alors des marges prises par la banque lors de la transaction. Comme il est généralement difficile de donner un prix avec certitude à des produits exotiques (puisque généralement ils n’existent pas encore), et qu’il n’y a aucune liquidité dans le marché pour les couvrir parfaitement (ils sont souvent émis à l’unité), ces marges sont importantes voire monumentales. Ce sont de purs gestionnaires du risque, ils ne spéculent pas puisqu’un seul deal peut rapporter parfois 500 000 euros. Cette branche emploie le plus souvent d’anciens chercheurs de la banque ou des jeunes diplômés destinés à le devenir et qui ont une inclination pour les affaires.

Le “proprietary trader” : est le chouchou de la banque. Ils ont carte blanche pour spéculer avec les capitaux bancaires sur tous les marchés. A l’opposé du market maker, il ne cote pas les clients. C’est le métier à haut risque mais qui est l’un des mieux rémunérés au monde. On l’a vu, une partie variable de leurs salaires est proportionnelle aux gains réalisés. Sa position est très convoitée, mais représente une exception en terme d’âge au sein de la salle puisque les proprietary traders sont les plus expérimentés des traders. Une expérience préalable de 10 ans dans le trading constitue la norme.

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