En 2012, la population française bat un nouveau record : 65 millions d’habitants (outre-mer inclus). Elle se classe au troisième rang en Europe, derrière la Russie et l’Allemagne. Ce chiffre élevé dissimule pourtant des disparités notables dans la répartition. Avec une relative faible densité moyenne de 115 habitants par km², le territoire français constitue une réserve d’espace.

La France est constituée de zones urbaines ou périurbaines très denses et de zones rurales presque vidées de leur population.

Les grandes villes et les périphéries rurales telles que Paris et la région parisienne, qui comprend près de 20 % de la population française, ou encore Marseille, Bordeaux, Lyon, sont des aires d’activités économiques intenses. Mais les vieux bassins industriels, comme les régions des Hauts de France (le département du Nord) et du Grand Est (anciennes régions Alsace et Lorraine) ainsi que certains littoraux tels que l’Armor en Bretagne, la Côte d’Azur dans le Midi (ensembles urbains de Marseille-Toulon et Nice-Grasse-Cannes-Antibes), ne sont pas en reste.

Les professions liées aux services à la population, relevant de l’économie dite « présentielle », et les fonctions dites « abstraites », telles que la conception-recherche ou les prestations intellectuelles, se développent simultanément. En revanche, les fonctions de « production concrète » déclinent. Les processus de production se complexifient, les relations entre industrie et services s’intensifient, les entreprises se diversifient et externalisent.

Ces mutations profondes de notre économie engendrent des regroupements de population. Un quart des emplois nationaux correspond à des fonctions de gestion, de conception-recherche, de prestations intellectuelles, de commerce inter-entreprises et de culture-loisirs. Dans l’aire urbaine de Paris, leur proportion atteint 37 %, contre 14 % hors aires urbaines. Ces fonctions sont qualifiées de « métropolitaines », c’est-à-dire propres aux villes.

L’agriculture et la fabrication principales, activités des zones hors des aires urbaines

Répartition des emplois selon la taille des aires urbaines et les fonctions en 2006 (en %)

 

Aire urbaine de Paris

Aires urbaines de plus de 200 000 emplois (hors Paris)

Aires urbaines
de 50 000 à 200 000 emplois

Aires urbaines
de moins de 50 000 emplois

Hors aires urbaines

Ensemble (France métropolitaine)

Agriculture

0,3

1,1

1,8

2,6

10,9

3,1

Fabrication

6,5

8,2

10,5

12,5

14,0

10,2

Bâtiment, travaux publics

4,4

6,0

6,7

7,0

8,8

6,5

Distribution

6,8

7,8

8,4

8,9

7,3

7,8

Services de proximité

9,6

9,0

9,0

9,4

11,0

9,6

Santé, social

7,2

9,1

9,2

9,3

6,7

8,3

Éducation, formation

5,0

5,5

5,8

5,6

4,5

5,3

Administration publique

9,2

9,3

9,5

9,3

6,4

8,8

Transports, logistique

8,1

8,3

8,6

8,5

8,3

8,4

Entretien, réparation

5,7

7,1

8,0

8,3

8,2

7,4

Gestion

18,5

14,7

13,1

11,3

7,9

13,3

Conception, recherche

4,9

3,8

2,1

1,5

1,1

2,8

Prestations intellectuelles

5,0

3,7

2,6

1,9

1,5

3,0

Commerce inter-entreprises

5,1

4,2

3,2

2,6

2,1

3,5

Culture, loisirs

3,8

2,0

1,5

1,4

1,4

2,1

Ensemble (emploi total)

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

100,0

Nombre d’aires urbaines

1

13

51

289

0

354

Nombre total d’emplois

5 561 906

5 081 964

5 145 684

4 890 641

4 580 975

25 261 171

Lecture : dans l’aire urbaine de Paris, 0,3 % des emplois relèvent de la fonction « agriculture ».

Source : Insee, recensement de la population de 2006 (exploitation complémentaire au lieu de travail).

Il n’y a pas que les emplois agricoles qui sont localisés loin des villes : la fabrication, le bâtiment et les travaux publics s’éloignent peu à peu des grandes aires urbaines. La fabrication représente 7 % des emplois dans l’aire urbaine de Paris, contre 14 % hors aires urbaines. Cette localisation hors des aires urbaines s’accentue avec les années : entre 1982 et 2006, pour la fabrication, les pertes d’emploi atteignent 43 % dans l’aire urbaine de Paris, contre 23 % hors des aires urbaines. La fabrication et le bâtiment désertent également les grandes capitales régionales. Les professions liées à la fabrication ne nécessitent pas la proximité des grandes villes. Le prix de l’immobilier, du foncier, et le faible niveau de qualification de la main-d’œuvre recherchée incitent les entreprises de ce secteur à se localiser à l’écart des grands pôles urbains, sous condition d’une desserte adéquate en réseaux de transports de marchandises.

Les cadres sont essentiellement à Paris

Au sein des cinq fonctions métropolitaines, les cadres, les professions intellectuelles et les chefs d’entreprise représentent 37 % des emplois, qualifiés de cadres des fonctions métropolitaines. Entre 1982 et 2006, le nombre de ces emplois a doublé : 1,1 million en 1982, contre 2,3 millions en 2006. Leur part progresse de façon régulière : de 5,2 % en 1982 à 9,1 % en 2006. Dans l’aire urbaine de Paris, ils sont plus du double de la moyenne nationale (18,3 %), soit 1 million d’emplois sur les 2,3 millions au niveau national. La part des cadres des fonctions métropolitaines est un indicateur de l’insertion des villes dans l’économie de la connaissance et de leur rayonnement décisionnel.

Même si Paris maintient sa prédominance, les cadres des fonctions métropolitaines augmentent au sein des treize aires urbaines de plus de 200 000 emplois : + 5 points entre 1982 et 2006, soit 10,5 % de l’emploi en 2006.

Part des cadres des fonctions métropolitaines (CFM) dans les aires urbaines de plus de 200 000 emplois

Nom de l’aire urbaine

Nombre total d’emplois en 2006

Nombre de CFM en 2006

Part des CFM en 2006 (en %)

Part des CFM en 1982 (en %)

Paris

5 561 906

1 019 219

18,3

10,7

Grenoble

250 569

35 186

14,0

7,3

Toulouse

504 757

69 151

13,7

6,0

Lyon

811 214

98 024

12,1

6,5

Montpellier

212 487

23 374

11,0

6,1

Nantes

351 665

36 770

10,5

5,4

Strasbourg

293 669

29 660

10,1

6,0

Rennes

274 228

27 558

10,0

4,3

Lille

498 654

49 547

9,9

5,2

Nice

385 430

37 489

9,7

5,8

Marseille – Aix – en – Provence

620 766

59 137

9,5

5,7

Bordeaux

448 751

42 559

9,5

5,5

Rouen

219 850

15 222

6,9

4,3

Toulon

209 924

11 663

5,6

3,3

Note : les aires urbaines sont classées selon la part des CFM en 2006.

Source : Insee, recensements de la population de 2006 (exploitation complémentaire au lieu de travail) et de 1982 (sondage au quart au lieu de travail).

La loi SRU

La loi SRU a profondément modifié les règles d’urbanisme en France, notamment sur le droit de rétraction, le logement social et la copropriété.

La loi SRU se caractérise par un ensemble de mesures visant à renforcer la démocratie et la décentralisation, à favoriser le développement durable et à privilégier la mixité sociale. Les communes sont maintenant obligées de respecter certaines règles. Elles doivent en effet disposer de 20 % de logements sociaux. En 2014, la loi ALUR va plus loin en demandant aux municipalités d’atteindre le seuil de 25 %. La loi SRU permet aux maires d’instituer une participation pour financer les voies nouvelles et les réseaux pour les constructions neuves et modifie le rôle d’ERDF.

La loi SRU était une réforme phare du gouvernement Lionel Jospin. Elle a été adoptée le 13 décembre 2000 et promulguée le lendemain.

Cette loi favorise donc la déconcentration des populations les plus pauvres dans un seul secteur donné. Mais cette mesure seule ne pourra bien évidemment pas résoudre tous les problèmes. D’autant que les dispositifs essayés dans d’autres pays du monde visant à ramener des classes populaires dans des quartiers plus aisés n’ont pas eu toutes les vertus qu’on en attendait. Lorsqu’elles sont déplacées de la sorte, les populations adultes se retrouvent en effet confrontées à des phénomènes de déracinement, parfois aux conséquences délétères. En revanche, cela serait moins le cas pour les enfants, qui bénéficieraient par ailleurs de l’outil le plus vertueux en matière de mixité sociale : l’espace scolaire.

Et même si la seule politique du logement est loin d’être suffisante pour régler des problèmes aussi complexes que ceux de la mixité sociale, cette loi a tout de même le mérite d’instaurer des bases sur le long terme pour une plus grande mixité. Elle prône aussi de penser les flux de population au niveau intercommunal.