Ce terme économique est employé lorsque le prix des biens et des services subit une hausse généralisée et durable. Cette situation entraîne une baisse du pouvoir d’achat. Pour faire simple, avec la même somme d’argent, on peut acheter moins de produits qu’auparavant.

Qu’est-ce que l’inflation ?

L’inflation est au cœur de l’actualité. Hausse des prix, baisse du pouvoir d’achat, stagnation des salaires sont des mots-qui rythment notre quotidien. Qu’est-ce que l’inflation ? Quelles incidences à a l’inflation sur notre consommation ? Quels sont les facteurs qui font grimper l’inflation ?

Dans un premier temps, définissons l’inflation. Ce terme économique est employé lorsque le prix des biens et des services subit une hausse généralisée et durable. Cette situation entraîne une baisse du pouvoir d’achat. Pour faire simple, avec la même somme d’argent, on peut acheter moins de produits qu’auparavant.

L’étude des prix

En France, c’est l’INSEE (Institut national de la statistique et des études économiques) qui est chargé de mesurer tous les mois les évolutions de prix. Il utilise des indices : l’Indice des Prix à la Consommation (IPC) et l’Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (IPCH). On parle d’inflation quand les prix augmentent (quand l’indice est supérieur à 100), et de déflation quand ils diminuent (quand l’indice est inférieur à 100).

Indice des Prix à la Consommation (IPC)

En se basant sur la relève des prix d’un ensemble fixe de biens et services, l’INSEE nous permet d’estimer, entre deux périodes données, la variation moyenne des prix des produits consommés par les ménages. En fonction du volume consommé, un produit ou un service est plus ou moins pondéré proportionnellement à son poids dans la dépense de consommation des ménages.

Indice des Prix à la Consommation Harmonisé (IPCH)

Avant que l’euro ne devienne notre monnaie unique, chaque pays utilisait ses propres méthodes et procédures nationales pour mesurer l’inflation. Depuis l’introduction de l’euro, il est nécessaire de disposer d’un instrument de mesure de l’inflation à l’échelle de la zone euro, permettant d’éviter les doublons ou les lacunes dans les statistiques et pouvant être utilisé selon des modalités comparables entre les pays. C’est ce que permet l’IPCH, qui s’appuie sur un ensemble de normes juridiquement contraignantes. Cet indice, ainsi que ceux produits par les différents organismes statistiques des pays membres de l’Union européenne, est utilisé par Eurostat (l’organisme européen en charge de la production de statistiques européennes harmonisées) pour calculer l’inflation en zone euro et dans l’Union européenne. Il est conçu expressément à des fins de comparaison internationale. L’IPCH ne remplace pas l’indice national qui reste l’indice de référence pour analyser l’inflation en France, avec l’indice d’inflation sous-jacente.

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L’IPC et l’IPCH sont des indicateurs de variation mensuelle d’un panier de différents produits et services représentatifs de la consommation finale des ménages.

Les habitudes de consommation sont différentes pour chacun

Chaque ménage consomme différemment. Certains possèdent une voiture, d’autres mangent de la viande tous les jours et d’autres encore habitent dans de grandes agglomérations. Pour mesurer efficacement le poids des différents biens et services, une moyenne est réalisée dans le calcul de l’inflation.

Les biens et services de référence consommés par les ménages font notamment partie des catégories suivantes :

  • les biens d’usage courant (tels que les produits alimentaires, les journaux ou l’essence)
  • les biens durables (habillement, ordinateurs, machines à laver, etc.)
  • les services (salons de coiffure, assurances ou loyers)

Tous les biens et services consommés par les ménages durant l’année considérée sont représentés par un « panier ». Chaque bien ou service figurant dans ce panier a un prix qui peut varier dans le temps. Le taux d’inflation annuel est obtenu en comparant le prix total du panier au cours d’un mois donné à celui relevé pour le même mois de l’année précédente.

Exemple de calcul de l’inflation*

Quantités achetées au cours de l’année de référence

Prix (année de référence)

Prix (un an plus tard)

Prix (deux ans plus tard)

par unité

total

par unité

total

par unité

total

150 baguettes

1,50 euro

225 euros

1,30 euro

195 euros

1,60 euro

240 euros

100 tasses de café

2,40 euros

240 euros

2,40 euros

240 euros

2,15 euros

215 euros

12 coupes de cheveux

20 euros

240 euros

22 euros

264 euros

23 euros

276 euros

1 veste d’hiver

145 euros

145 euros

176,00 euros

176 euros

160 euros

160 euros

Prix total du panier

 

850 euros

 

875 euros

 

891 euros

Indice des prix

 

100,0

 

102,9

 

104,8

Taux d’inflation

     

2,9 %

 

1,8 %

De quoi est composé l’IPC ?

L’INSEE observe la variation du prix de dizaines de milliers de biens et services. Le détail précis des prix étudiés n’est pas rendu public mais l’indice est publié chaque mois au Journal officiel. Des enquêteurs collectent sur le terrain 160 000 prix pour l’ensemble des produits consommés par les ménages français sur tout le territoire, et dans toutes les formes de points de vente. Un relevé des prix “dématérialisé” est effectué pour 500 000 prix via les tarifs, les prix sur internet, les données administratives, etc.

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Depuis janvier 2020, viennent s’ajouter les données de caisse. Ces données sont recueillies par les enseignes de la grande distribution au moment où le consommateur passe à la caisse du magasin. Ces données concernent les produits alimentaires industriels, d’entretien, d’hygiène et de beauté vendus en supermarchés et hypermarchés. Elles permettent de suivre 80 millions de produits supplémentaires. Ces biens et services sont réunis en grandes catégories auxquelles il est attribué une pondération, mise à jour annuellement, en fonction de leur poids dans la consommation moyenne des Français. Par exemple, en 2021, l’alimentation pèse 15,8 %, le logement 15,3 % (ce poids prend en compte les loyers et des charges, comme l’eau, l’électricité, etc.), la restauration 6 % et l’habillement 3,6 %. Les achats de logements ne sont pas considérés comme des produits de consommation, mais comme des biens patrimoniaux : l’usage d’un logement n’entraîne pas sa destruction, même progressive, il est fréquent que la valeur d’un logement augmente avec le temps, enfin l’achat d’un logement est, pour une part, un placement financier. Pour calculer la pondération adossée aux loyers, il faut tenir compte du fait qu’environ 60 % des Français sont propriétaires et donc ne paient pas de loyer. La pondération des dépenses de loyers (généralement autour de 6 %) est une moyenne qui cache de grandes disparités entre les propriétaires et les locataires. Depuis l’an 2000, la hausse de l’IPC a été en moyenne de 1,4 % par an. Ce chiffre cache cependant des variations très différentes selon le type de produits. Par exemple, le prix du gaz a augmenté en moyenne de 4 % par an en moyenne au cours de la même période, le fioul domestique de 2,7 % et le tabac de 6,4 %. À l’inverse, les prix moyens de la santé ont baissé de 0,2 % par an, des loisirs de 0,32 % par an et des communications de 1,68 % par an, notamment du fait des baisses de prix dans l’informatique. Les variations de prix tiennent compte de l’évolution de la qualité. Par exemple, si le prix d’un médicament ou d’une télévision reste identique mais que sa qualité a augmenté, l’INSEE considérera que son prix a baissé.

Différences entre statistiques et ressentis du consommateur

Parfois, la statistique publique nous dit que les prix augmentent ou baissent, mais ce n’est pas forcément ce que nous ressentons.

La méthodologie de calcul de l’IPC par l’INSEE repose sur l’observation de différents produits dans différents points de vente. Le poids de chaque produit dans le panier est ensuite pondéré selon la consommation moyenne des Français. La différence de ressenti peut avoir plusieurs sources :

  • Les produits et services répertoriés ne reflètent pas exactement votre consommation personnelle. Par exemple, si vous êtes non-fumeur, les produits liés au tabac ne sont pas intégrés dans votre panier de consommation personnelle (alors qu’ils représentent en moyenne 2 % des dépenses des Français).
  • La pondération des biens et services du panier ne correspond pas à vos habitudes de consommation. Par exemple, si vous habitez en zone rurale, avec une offre réduite de transports en commun, vos dépenses liées à l’automobile (carburant, entretien, réparation …) seront plus élevées que pour une personne ayant un accès direct aux transports en commun qui, de fait ne prend sa voiture que de façon ponctuelle. La part de vos dépenses liées à l’automobile sera donc plus élevée selon votre mode de vie ou de consommation.
  • Les taux d’inflation sont mesurés sur les douze derniers mois, alors que nos souvenirs remontent plus loin dans le temps. L’IPCH est défini comme un rythme de progression sur douze mois. Cela signifie que l’on compare le niveau général des prix d’une période donnée (par exemple janvier 2019) à celui enregistré un an plus tôt (en janvier 2018). Or, lorsqu’ils forment leur perception de l’inflation, les consommateurs peuvent avoir en mémoire les prix en vigueur quelques années auparavant. Sur une longue période, les prix ont tendance à augmenter sensiblement, même si le taux d’inflation annuel est bas. Si, par exemple, le taux de variation annuel de l’IPCH s’établit à 2 % par an pendant dix ans, le niveau général des prix aura progressé de bien plus de 20 % à la fin de cette période.
  • Variations des prix et améliorations de la qualité. Nous considérons souvent que tout changement de prix d’un produit est synonyme d’inflation. Cependant, ce changement s’accompagne parfois d’une amélioration de la qualité du produit, que l’IPCH neutralise en éliminant la variation due à la différence de qualité.

Exemple : les prix des voitures augmentent, mais les nouveaux modèles sont souvent dotés d’équipements de série qui étaient auparavant proposés en option (par exemple un système de navigation, la climatisation ou des airbags). Si tel est le cas, les augmentations de prix s’expliquent en partie par une amélioration de la qualité et non uniquement par l’inflation. Supposons que les prix des voitures aient progressé de 5 % en moyenne. Si les améliorations de la qualité apportées aux véhicules sur la période comptent pour 1 % dans cette augmentation, l’IPCH fera apparaître une hausse de prix de 4 %.

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L’indice des prix à la consommation ne doit pas être confondu avec un indice du coût de la vie. En effet, il faudrait prendre notamment en compte les coûts supplémentaires pour les ménages qui résultent de l’apparition de biens et services qui n’existaient pas auparavant et dont la consommation est devenue la norme. Si l’on devait mesurer le coût de la vie, il serait probablement plus élevé aujourd’hui qu’il y a 5 décennies car les usages ont évolué. Il est désormais normal d’avoir un smartphone, une voiture, un ordinateur, ce qui n’était pas le cas auparavant…

À l’inverse, l’indice des prix à la consommation mesure l’évolution des prix à structure de consommation constante. Le prix de tous ces biens devenus indispensables a baissé (ou bien leur qualité s’est considérablement accrue) et c’est cette baisse que l’IPC retrace. Le changement de structure de la consommation – l’achat d’un téléphone portable devenu indispensable à la vie de tous les jours – ou l’amélioration de la qualité de ces produits – les smartphones rendant beaucoup plus de services que les premiers téléphones portables – se traduisent par une augmentation de l’utilité du consommateur et pas par une augmentation des prix.

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La hausse des prix à la consommation dans la zone euro depuis 1961

Dans les années 19701980 et, l’inflation a atteint un niveau élevé dans de nombreux pays européens. Mais depuis le milieu des années 1990, les taux d’inflation ont baissé sensiblement en raison des mesures prises par ces pays dans la perspective de l’introduction de l’euro et grâce à la politique monétaire de la BCE.

Ce ne sont pas toujours les produits qui enregistrent les variations de prix les plus fortes qui pèsent le plus sur l’indice. Le taux d’inflation dépend également de la part relative de chaque produit, autrement dit de leur « poids », dans les dépenses de consommation moyennes des ménages.

Le site europa.eu vous permet d’accéder aux chiffres les plus récents avec ce tableau de bord interactif de l’inflation : cliquez ici

Consultez les derniers chiffres et les données de long terme remontant jusqu’à 1996. Examinez en détail la situation de chaque pays et les groupes de produits utilisés pour calculer le taux d’inflation. En sélectionnant une période, vous pouvez suivre l’évolution de l’inflation, présentée en animation, mois après mois.

Les causes de l’inflation

Les raisons de ce retour de l’inflation sont nombreuses : forte reprise économique consécutive à la crise liée à la pandémie de Covid-19, augmentation des prix de l’énergie, perturbations des chaînes de valeur et de l’offre de certains produits en raison de la pandémie, effets inflationnistes de certaines mesures budgétaires et monétaires, etc. Le déclenchement de la guerre en Ukraine est venu, fin février, amplifier ce mouvement d’augmentation des prix.

En économie, quatre facteurs peuvent être à l’origine de l’inflation :

L’inflation par les coûts

Lorsque les prix des matières premières augmentent, l’accroissement pèse sur les coûts de production des entreprises.

Afin de préserver leurs marges, les entreprises augmentent leurs prix. Cela provoque une première hausse pérenne des prix.

Toutefois, si les salaires sont indexés sur l’inflation, la hausse des prix est répercutée automatiquement sur le niveau des salaires, qui s’accroissent à leur tour. Il s’en suit une nouvelle hausse des prix et un cercle vicieux inflationniste se met en place.

C’est ce processus qui était à l’œuvre dans les économies occidentales au milieu des années 1970 après le premier choc pétrolier et qui a conduit à l’apparition de taux d’inflation annuelle élevés, supérieurs à 10 %.

L’inflation par la demande

Lorsque la demande de produits ou de services augmente mais que l’offre de produits et services n’arrive pas à répondre à ce surcroît de demande, les prix augmentent.

En effet, les entreprises investissent pour augmenter leur capacité de production et embauchent de nouveaux salariés, ce qui stimule davantage l’activité économique et la demande globale des ménages. Tant que les quantités produites ne parviennent pas à satisfaire la demande globale, le processus de hausse des prix se poursuit. Cette situation est typique d’une économie qui sort d’une phase prolongée de faible croissance ou même d’une récession.

Dans un contexte de sortie de conjoncture morose ou déprimée, les entreprises ne réagissent pas immédiatement à une hausse de la demande pour leurs produits car elles cherchent à écouler leurs stocks et préfèrent avoir la confirmation du caractère durable de la reprise avant d’investir.

L’inflation importée

Lorsque le taux de change d’une monnaie se déprécie par rapport au dollar et/ou aux autres principales devises de facturation du commerce mondial (essentiellement la livre sterling, le yen et l’euro), le coût des produits importés augmente.

Ce renchérissement des importations se répercute dans tous les secteurs de l’économie et touche les ménages autant que les entreprises. Ce phénomène peut aussi avoir pour origine une forte hausse des cours des produits énergétiques et agricoles sur les marchés mondiaux.

L’inflation par excès de création monétaire

Certains économistes qualifiés de « monétaristes » affirment que l’inflation « est toujours et partout un phénomène monétaire » (pour reprendre l’expression de leur chef de file, Milton Friedman). Ils considèrent en effet que l’inflation apparaît parce que le stock de monnaie circulant dans l’économie est trop important par rapport à la quantité de biens et services offerts.

C’est donc un excès de création monétaire par les banques commerciales ou par le financement du déficit public par la banque centrale (ce que l’on dénomme souvent par l’expression « faire fonctionner la planche à billets ») qui est à l’origine de l’inflation. Dans ce contexte, celle-ci est alimentée par un excès de demande et par la dépréciation du taux de change.

Les conséquences de l’inflation

Une hausse régulière mais modérée du niveau général des prix est l’objectif principal des politiques monétaires conduites par les grandes banques centrales. À ce titre, une progression de l’inflation de l’ordre de 2 % par an est considérée par la Banque centrale européenne (BCE) comme une cible optimale.

À un niveau modéré d’inflation sont, en effet, associés plusieurs avantages :

  • Cela permet aux entreprises d’ancrer leurs anticipations de hausses des prix à moyen et long terme. Le caractère prévisible de ces dernières est favorable à la prise de décision d’investir, car il réduit l’incertitude sur les revenus futurs engendrés par l’investissement.
  • Cela incite par ailleurs les ménages à placer leurs excédents de liquidités plutôt que de les thésauriser ou de les conserver sur leurs comptes bancaires. À défaut, l’érosion monétaire réduirait le pouvoir d’achat de leur épargne. Une inflation modérée contribue donc à assurer l’équilibre entre le niveau d’épargne et le niveau de l’investissement sans lequel les taux d’intérêt s’orienteraient à la hausse, limitant ainsi les projets d’investissements des entreprises.
  • Cela permet également de conserver les taux d’intérêt à des niveaux peu élevés, puisque la banque centrale qui fixe les taux d’intérêt directeurs n’a pas besoin de restreindre les conditions de crédit pour atteindre son objectif de politique monétaire. Ceci est favorable à la croissance économique car les ménages et les entreprises peuvent emprunter à des conditions financières incitatives, tant en termes nominaux (le niveau des taux d’intérêt) que réels (le niveau des taux d’intérêt diminué de l’inflation).

Une inflation trop forte est toutefois nocive

Si l’inflation progresse trop fortement, cela peut avoir des répercussions dommageables pour l’économie tout entière :

  • Cela peut entraîner une dégradation de la compétitivité, prix des produits fabriqués dans le pays par rapport aux produits fabriqués à l’étranger. En effet, si les prix des produits domestiques deviennent plus élevés que les mêmes produits fabriqués à l’étranger pour une qualité comparable, la demande étrangère risque de diminuer (baisse des exportations) alors que la demande interne pour les produits étrangers risque d’augmenter (hausse des importations). Il en résulte une baisse de l’activité pour les entreprises domestiques qui est susceptible d’entraîner des réductions d’effectifs et donc une progression du chômage.
  • Cela renforce l’incertitude quant au niveau futur des prix. Aussi, les entreprises adoptent des comportements prudents en matière d’investissement car la rentabilité de ceux-ci est difficile à anticiper. Une trop forte inflation risque donc de réduire les investissements productifs et donc le potentiel de croissance.
  • Cela peut pénaliser les ménages si leurs salaires ne sont pas indexés sur la hausse des prix. Ils subissent alors une perte de pouvoir d’achat qui peut les amener à réduire leur consommation ou à désépargner pour maintenir leur niveau de vie.
  • Mais cela favorise les emprunteurs car le niveau réel de leur dette diminue. Par contre, elle pénalise les créanciers pour les raisons opposées.

Preuve de ce changement d’attitude vis-à-vis de l’inflation, la plupart des banques centrales ont, d’ores et déjà, durci leur politique monétaire. Elles ont ainsi intégré le caractère « durable » de l’inflation actuelle. Dernières décisions en date : celles de la Réserve fédérale (FED) d’augmenter ses taux d’intérêt directeurs de 0,5 point et de réduire progressivement la taille de son bilan à partir du mois de juin.

Selon un rapport de la Banque mondiale paru fin avril, l’impact sur les prix alimentaires et de l’énergie de la guerre en Ukraine devrait, en effet, durer plusieurs années. Si les prix vont augmenter fortement en 2022, avant de connaître des baisses plus ou moins prononcées en 2023 et 2024, il n’en demeure pas moins qu’ils resteront à un niveau plus élevé qu’en 2021. Fin 2024, le prix de la viande de bœuf sera, selon les prévisions de la Banque mondiale, supérieur de 8 % par rapport à son niveau de 2021. Les hausses de prix au cours de la même période atteindront 12 % pour le charbon, 13,6 % pour le pétrole, 16 % pour le café, 17,5 % pour le blé, 21,3 % pour l’huile de palme et 38,5 % pour le gaz naturel.

Prévisions d’évolution des prix alimentaires et de l’énergie

Selon la Banque mondiale, ces augmentations du prix des produits alimentaires et de l’énergie devraient contribuer à maintenir l’inflation à un niveau non négligeable, en raison notamment des deux effets suivants :

  • les énergies fossiles ne sont que faiblement substituables à court terme : puisque l’inflation touche toutes les sources d’énergie, il est moins facile de remplacer une source par une autre ;
  • la hausse du prix de certaines matières premières et de produits de base va provoquer un effet « boule de neige ». Ils sont, en effet, utilisés dans la production de nombreux biens… ce qui devrait générer des tensions sur les prix de ces derniers.

Serions-nous en stagflation ?

La stagflation, contraction des mots « stagnation » et « inflation », désigne une situation combinant à la fois une faible croissance économique et une inflation élevée.

La théorie économique a longtemps considéré que cette situation ne pouvait pas se produire en raison de la relation qu’elle supposait inverse entre croissance et inflation : en phase de ralentissement conjoncturel, la politique économique visait à stimuler l’activité via le déficit budgétaire alors que la politique monétaire assouplissait les conditions du crédit. La croissance redémarrait en même temps que les prix progressaient. À l’inverse, si l’inflation était jugée trop forte, la politique économique devenait restrictive et la politique monétaire restreignait les conditions du crédit. L’activité ralentissait alors et la hausse des prix était contenue.

L’expression de « stagflation » a été créée dans les années 1970 pour caractériser une situation économique inédite, lorsque les prix du pétrole et des autres matières premières montant en flèche, ont entraîné à la fois une accélération de l’inflation et un fort ralentissement de la croissance dans les pays industrialisés.

Ce n’est qu’à partir du milieu des années 1980 que la stagflation a pris fin avec la mise en place de politiques de désindexation des salaires qui ont permis de faire reculer les taux d’inflation dans les pays occidentaux.

Pour aller plus loin :

Calculez votre taux d’inflation personnel

L’indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH) est basé sur un panier moyen de biens et de services qui reflète les dépenses de tous les ménages de la zone euro. Cependant, les habitudes de consommation de chaque ménage sont différentes. Cela signifie également qu’ils réagissent différemment aux variations des prix des biens et services individuels. Le calculateur d’inflation personnel vous permet de découvrir votre propre taux d’inflation et de le comparer avec le taux d’inflation officiel de votre pays.

Ce calculateur détermine votre taux d’inflation personnel en fonction de vos habitudes de consommation. Vous pouvez comparer votre taux d’inflation personnel avec l’IPCH et voir quel impact les biens et services que vous achetez habituellement, ont sur votre taux d’inflation.

https://www.euro-area-statistics.org/digital-publication/statistics-insights-inflation/bloc-4a.html