Toutes les pistes sont ouvertes, on prend le télésiège et, hop ! Nous voilà au sommet des pentes, prêts à dévaler en ski, en snowboard ou même en snowscoot, ces longs chemins de neige damés. Les sports d’hiver sont un luxe, nous le savons. Toute la population ne part pas en vacances d’hiver de manière régulière. Il est vrai qu’une semaine de sports de glisse pour quatre est un réel effort sur le budget. On compte en moyenne 2 500 € de dépenses pour quatre personnes rien que pour l’hébergement, les forfaits de remonte-pentes et le matériel. Tout le monde ne peut donc pas se permettre de dépenser trois SMIC (en prenant en compte quelques repas, les frais de déplacements, d’habillement au préalable…) pour une semaine de vacances.

Pour les quelques déciles qui en ont les moyens, les activités proposées en station sont extrêmement variées. Qui propose toutes ces activités, à qui appartient la charge de la station, l’entretien des pistes, la sécurité à mettre en place autour des skieurs ?

Le tourisme hivernal en France

La France est un leader mondial dans le tourisme d’hiver avec 10 millions de visiteurs et 7 millions de pratiquants de ski dont 2 millions d’étrangers. Notre pays jouit d’une infrastructure unique de domaines skiables et de stations répartis sur ses six massifs montagneux : avec 357 stations, soit 8,9 % des capacités mondiales, elle compte parmi les trois premières nations de ski dans le monde, au coude à coude avec l’Autriche et les États-Unis.

Avec un chiffre d’affaires global estimé à 7 milliards d’euros annuel en moyenne, les sports d’hiver comptent pour près de 18 % de l’économie du tourisme français. Le nombre d’emplois générés l’hiver en station est supérieur à 100 000, dont 18 000 pour la seule branche des domaines skiables.

Il existe trois types de station :

  • Les grandes stations d’altitude. Elles regroupent les plus grands domaines skiables du monde et ont un enneigement garanti et de qualité.
  • Les stations moyennes et petites. Leurs atouts résident dans la qualité de leurs paysages naturels  et la convivialité qui les anime.
  • Les stations de proximité. Elles accueillent une clientèle régionale et familiale.

Que vous pratiquiez le ski sportif, le ski détente ou le ski en famille, les stations s’adaptent aux aspirations de la clientèle et proposent une palette complète d’activités le jour (pistes, snowparks, nouvelles glisses, espaces de loisirs, etc.) et la nuit (descentes au flambeau, dîner montagnard, activités nocturnes, etc.).

Ce pôle d’attractivités exceptionnel pour la montagne l’hiver, est source d’activité et d’emploi. Hébergeurs, moniteurs, professionnels de la montagne, restaurateurs, commerçants, bénéficient très directement de la fréquentation des domaines skiables. Ainsi, pour chaque emploi dans une exploitation de remontées mécaniques et de domaines skiables, il y a entre cinq et six emplois dans les autres services de la station.

Qui possède les stations ?

Près de la moitié des domaines skiables est exploitée en régie. Toutefois, étant en moyenne de taille modeste, les régies ne représentent que 18 % des recettes nationales : 82 % de l’activité est déléguée à des sociétés privées ou à des SEM (Sociétés d’Économie Mixte)— voir encadré ci-contre.

Une centaine de collectivités opère sous la forme de régies (régie “directe” ou régie à personnalité morale et/ou financière). Ces régies sont généralement communales, mais peuvent aussi, lorsque la compétence d’autorité organisatrice a été déléguée, être des groupements de communes (syndicats intercommunaux, communautés de communes, etc.) ou encore des syndicats mixtes (lorsqu’un Conseil Général et des communes sont associés par exemple).

Environ 120 opérateurs interviennent dans le cadre de délégations de service public. Ces délégataires sont des sociétés de droit privé, dont l’actionnariat peut être privé ou mixte. On dénombre ainsi une trentaine de SEM. Ce sont des sociétés de droit privé, dont l’actionnariat est majoritairement public. On trouve dans l’actionnariat : des particuliers, des collectivités locales (communes, voire département), des banques, des investisseurs institutionnels, etc.

Ce sont les sociétés privées qui réalisent la part de chiffre d’affaires la plus importante. De la petite société qui exploite sa station, aux grands groupe comme la Compagnie des Alpes, c’est ça, le business de l’or blanc.

Quelques noms sont bien connus. Gaston Maulin, boulanger de formation, a fait fortune dans les chocolats et revendu sa société cotée en Bourse. Il possède deux sociétés de remontées mécaniques SATVAC et SAMSO dans le domaine skiable français situé en Maurienne (Savoie). Il a relié plusieurs stations pour créer un domaine skiable plus vaste et donc rentable.

Au cœur des Vosges, la famille Remy a créé et développé la station de ski de la Bresse-Hohneck en 1967, avant de s’étendre hors du département lorrain. Première étape de cette diversification, le rachat, en 1996, de la concession des remontées mécaniques de Saint François Longchamp en Savoie. Depuis, le groupe exploite 10 stations sur 5 domaines skiables dans les Vosges, le Pays de Savoie et les Hautes Alpes. Et le groupe aux 55 millions d’euros de chiffre d’affaires ne s’est pas contenté de “s’expatrier”, il n’a pas cessé d’innover: en 1987. La Bresse met en service la première installation de neige de culture en France. En 1993, c’est la première station à développer commercialement le ski d’aurore et le ski nocturne.

Et il y a le géant du secteur… La Compagnie des Alpes (CDA), cotée en Bourse, exploite la plupart des grands domaines skiables français (Tignes, Val D’Isère, Les Menuires, Les Deux Alpes, Serre Chevalier, Les Arcs, etc). C’est sa principale activité, soit 58 % du chiffre d’affaires total Groupe, la CDA ayant également une activité Parcs de Loisirs et une activité de Développement International. Ces trois pôles ont généré pour l’exercice 2013/2014, 393 millions d’euros de chiffre d’affaires (voir encadré ci-contre).

Comme pour leurs concurrentes, les recettes des sociétés du groupe proviennent de la vente des forfaits. Les charges sont, elles, constituées par les dépenses liées au financement des installations, au personnel, aux taxes et redevances locales et aux dépenses d’exploitation courantes (entretien, énergie, assurances, etc.).

En savoir plus :
Possession des stations
Cam-possession-des-stations
Cam-possession-des-stations2
Chiffre d’affaires consolidé de la Compagnie des Alpes du 1er octobre 2013 au 30 septembre 2014 :

(En milliers d’euros)

Exercice 2013/2014

Exercice 2012/2013 *

Variation

Premier trimestre :

 

 

Domaines skiables

69 552

63 497

9,54 %

Destinations de loisirs

47 443

40 887

16,03 %

Développement international

609

290

110,00 %

Autres

120

265

– 54,72 %

Chiffre d’affaires total

117 724

104 939

12,18 %

Deuxième trimestre

 

Domaines skiables

272 738

283 691

– 3,86 %

Destinations de loisirs

19 867

18 254

8,84 %

Développement international

1 323

224

490,63 %

Autres

334

151

121,19 %

Chiffre d’affaires total

294 262

302 320

– 2,67 %

Troisième trimestre

 

 

Domaines skiables

38 164

35 470

7,60 %

Destinations de loisirs

92 415

81 359

13,59 %

Développement international

1 343

794

69,14 %

Autres

– 7

873

– 100,80 %

Chiffre d’affaires total

131 915

118 496

11,32 %

Quatrième trimestre

 

 

Domaines skiables

8 123

10 969

– 25,95 %

Destinations de loisirs

138 861

140 432

– 1,12 %

Développement international

2 001

1 071

86,83 %

Autres

106

– 194

– 154,64 %

Chiffre d’affaires total

149 091

152 278

– 2,09 %

Exercice 2013/2014

 

 

Domaines skiables

388 577

393 627

1,28 %

Destinations de loisirs

298 586

280 932

6,28 %

Développement international

5 276

2 379

121,77 %

Autres

553

1 095

– 49,50 %

Chiffre d’affaires total

692 992

678 033

2,21 %

* Retraité du reclassement suite à la création du nouveau métier “Développement international”.

Suite de l’article : Zoom sur les stations de sports d’hiver – Partie 2