À quoi sert la comptabilité analytique et comment la mettre en place ? La comptabilité générale permet de déterminer le résultat de l’entreprise. Cette démarche est tournée vers l’extérieur de l’entreprise. Le but de la comptabilité analytique est d’établir des comptes pour les associés de l’entreprise. Elle n’est pas normalisée dans le plan comptable général car les dirigeants décident de ce dont ils ont besoin, puisqu’ils la créent en fonction de leurs besoins.
Plus concrètement, la comptabilité analytique est un mode de traitement des données qui permet de reclasser par définition ou fonction les charges et les produits de la comptabilité générale. On peut s’intéresser aux produits qui entraînent des bénéfices et ceux qui entraînent des pertes. Il faut ensuite analyser les raisons de ces bénéfices et de ces pertes.
Les 5 objectifs de la comptabilité analytique
- Connaître les coûts des différentes fonctions de l’entreprise : charges et produits sont classés par fonction en comptabilité analytique (achats, production, distribution sont les fonctions des charges)
- Déterminer les bases de l’évaluation de certains éléments de l’actif du bilan (stocks et immobilisations)
- Expliquer les résultats par secteur d’activité en calculant les coûts complets des produits pour les comparer aux prix de vente
- Établir des prévisions de charges et de produits : on peut calculer le résultat a posteriori ou en prévision
- Fournir les informations nécessaires à la gestion de tous les éléments de nature à éclairer les prises de décisions.
Le lexique de la comptabilité analytique
Reprenons quelques notions pour comprendre comment traiter concrètement ces informations.
Un coût est défini comme une accumulation de charges sur un produit. Cela peut être un produit, une opération (est-ce qu’il vaut mieux que j’achète ?) ou une fonction. Les coûts peuvent être déterminés soit historiquement, ils sont alors calculés postérieurement aux faits qui les ont engendrés ; soit préétablis, c’est-à-dire calculés antérieurement. Ces coûts peuvent être complets s’ils intègrent toutes les charges de la comptabilité générale ou partiels comme les coûts variables. Les coûts fixes sont négligeables.
Une charge issue de la comptabilité générale peut être :
- Variable (son montant dépend du volume de l’activité) ou fixe (son montant est stable, peu importe le niveau d’activité) ;
- Incorporable (c’est-à-dire qu’elle constitue un élément du coût) ou non incorporable ;
- Directe (c’est-à-dire qu’il peut faire l’objet de l’affectation immédiatement au coût d’un produit, sans calcul préalable) ou indirecte (un calcul intermédiaire sera nécessaire afin de l’affecter à un coût).
La comptabilité analytique n’a pas le même périmètre de charges que celui de la comptabilité générale.
Certaines charges sont écartées du calcul des coûts : ce sont les charges non incorporables.
A l’inverse, certaines charges n’existent pas en comptabilité générale mais sont introduites en comptabilité analytique : ce sont les charges supplétives.
La période n’est pas la même en comptabilité analytique qu’en comptabilité générale. En comptabilité analytique, la période s’adapte aux cycles de production. Comme la périodicité diffère, on procède à l’abonnement des charges et des produits. L’abonnement des charges et des produits permet de les répartir en fractions égales tout au long de l’exercice, quand leur montant peut être connu à l’avance.
Charges non incorporables : Ce sont les charges non reprises en comptabilité analytique car elles ne correspondent pas au fonctionnement normal de l’exercice ou elles concernent un autre exercice. Par exemple, les amortissements des frais d’établissement qui ne sont pas des charges liées à l’activité de la production de l’entreprise, les amortissements dégressifs qui ne correspondent pas à la dépréciation/usure réelle du bien, donc elles ne correspondent pas au fonctionnement de l’exercice et les charges exceptionnelles qui ne correspondent pas non plus au fonctionnement normal de l’exercice puisqu’elles sont exceptionnelles.
Charges incorporables : Ce sont les charges de la comptabilité analytique retranchées des charges non incorporables. Elles peuvent être distinguées en deux sous catégories : directes et indirectes.
- Les charges directes concernent un seul coût. Elles peuvent être affectées sans ambiguïté à ce coût ; exemple : les matières premières.
- Les charges indirectes concernent plusieurs coûts simultanément. Elles nécessitent des calculs préalables en vue de leur imputation aux différents coûts.
Les charges supplétives correspondent à des consommations de biens et services auxquelles la comptabilité générale ne reconnaît pas le statut de charges pour des raisons juridiques ou fiscales.Ces charges représentent la rémunération des facteurs concourant au bon fonctionnement de l’entreprise tel que la rémunération des capitaux propres ou de la rémunération du travail de l’exploitation. Le résultat de l’entreprise rémunère le salaire et le capital de l’entreprise. Il est donc ajouté en tant que charges supplétives puisqu’il correspond au salaire du dirigeant comme s’il était salarié.
Il existe plusieurs méthodes de comptabilité analytique
La méthode des coûts complets :
Cette méthode permet d’expliquer le résultat généré sur l’exercice en s’intéressant aux produits qu’elle vend et à leur coût de revient. Toutes les charges issues de la comptabilité générale doivent être ventilées entre :
Les charges non incorporables : ce sont principalement les charges exceptionnelles ainsi que les charges qui n’ont aucun rapport avec l’activité courante de l’entreprise. Elles ne doivent pas être prises en compte dans cette méthode de calcul.
Les charges incorporables : ces charges vont servir de base aux calculs des coûts. Il conviendra d’y distinguer les charges directes des charges indirectes.
- Les charges directes pourront être attribuées directement au coût d’un produit.
- Les charges indirectes devront, quant à elles, faire l’objet d’une répartition entre plusieurs produits. Elles nécessitent des calculs préalables dans des centres d’analyse :
- Les centres auxiliaires (activités fonctionnelles communes aux différentes fonctions de l’entreprise).
- Les centres principaux (fonctions propres de l’entreprise).
Le principe est de répartir les charges indirectes des centres auxiliaires (des fonctions supports) comme la comptabilité ou le loyer sur les centres principaux. Par exemple, on déterminera que 23 % du coût du service comptabilité est à attribuer au centre « Achats ». Pour répartir convenablement ces charges, on utilise des unités d’œuvre. Dans notre exemple, on déterminera que le nombre de factures d’achat représente 23 % du volume total de documents et c’est cette unité d’œuvre que l’on choisit pour déterminer la répartition des coûts du service comptabilité.
La méthode des coûts partiels :
Le coût d’un produit est la somme de la valeur des ressources (charges) utilisées pour fabriquer ce produit. Par analogie, un coût partiel est une partie du coût global du produit (c’est-à-dire une partie de son coût complet). La méthode des coûts partiels répartit les charges en trois catégories :
- Les charges variables. Elles varient en fonction du nombre de produits fabriqués ;
- Les charges fixes spécifiques. Elles sont générées par un seul produit et imputées à celui-ci ;
- Les charges fixes communes. Elles ne peuvent être imputées à un produit. Elles sont couvertes par les marges dégagées par chaque produit fabriqué.
La marge d’un produit est la différence entre le revenu tiré de ce dernier et une partie de son coût (coût partiel). La méthode des coûts partiels part donc du principe que les produits fabriqués par l’entreprise génèrent des marges (et non des résultats) qui contribuent à couvrir une masse indivisible de charges (charges fixes communes). C’est une méthode prévisionnelle qui permet de :
- Connaître la contribution de chaque produit à la couverture des charges fixes ;
- Mesurer la rentabilité de chaque produit et identifier ceux qui sont les moins rentables ;
- Calculer le seuil de rentabilité (chiffre d’affaires pour lequel les charges fixes sont entièrement couvertes par la somme des marges dégagées par chaque produit).
La méthode des coûts variables :
En adoptant cette méthode, l’entreprise ne considère que les dépenses directement liées à l’activité de l’entreprise. Ainsi il est facile de comprendre que les coûts augmentent si l’activité se développe. On utilise cette méthode pour déterminer le seuil de rentabilité de l’entreprise.
Cette méthode tient uniquement compte des seules charges variables dégagées par chaque produit et des charges fixes globales (spécifiques + communes). Aucune distinction n’est donc faite sur les charges fixes.
La contribution des produits à la couverture des charges fixes se limite au calcul de la marge sur coûts variables (différence entre le chiffre d’affaires par produit et la somme des charges variables de chaque produit)
Le résultat analytique est obtenu en retranchant les charges fixes globales de la somme des différentes marges sur coûts variables par produit :
Résultat = Somme des marges sur coûts variables des produits – charges communes
La méthode des coûts directs :
Appelée aussi « direct costing » : cette méthode prend en compte les coûts variables et les coûts fixes. Elle apporte une vision un peu plus complète de la répartition des coûts que la méthode des coûts variables. Elle consiste à :
- déterminer les marges sur coûts variables par produit/activité ;
- déterminer les coûts fixes globalement et les enlever de la marge sur coûts variables (ce qui aboutit sur un résultat) pour aboutir au résultat d’un produit ou d’une activité de l’entreprise.
La méthode des coûts standards :
Tout est élaboré en amont. L’entreprise fixe des coûts (donc standards) qu’elle appliquera dans son calcul. Toutefois, un suivi est nécessaire et tout écart avec la réalité devra être analysé.
Conclusion : La comptabilité analytique s’appuie sur la comptabilité générale. Elle constitue un formidable outil de gestion et d’aide à la décision, indispensable dans la plupart des entreprises.