Shadow banking, le nom a de quoi faire frémir, et il le peut. C’est le côté obscur de la régulation financière et des normes de plus en plus drastiques imposées aux banques que l’on connaît.
Le shadow banking, c’est quoi ?
Le shadow banking n’est pas un nouveau produit hyper sophistiqué pour ingénieurs tombés dans la débauche de la finance. Cela recouvre “simplement” les opérations financières qui sont passées en dehors des banques classiques par des intermédiaires financiers qui n’obéissent pas aux mêmes règles, ou qui n’obéissent à presque aucune règle.
Cela a toujours existé !
Disons le tout de suite, ceci a toujours existé. Vous avez toujours trouvé quelqu’un pour vous prêter de l’argent de manière plus ou moins légale, ou des opérations un peu exotiques dont les banques classiques ne voulaient pas. Néanmoins, avec les réseaux et la mondialisation des transactions, ce sont les montants, et le volume colossal qui a changé. On suppose aujourd’hui que il est équivalent à l’activité bancaire classique ! On entend par banque classique une entreprise qui a le droit de recevoir des dépôts du public, l’argent que vous mettez sur votre compte et qui doit être un minimum protégé.
Les banques classiques pour prêter de l’argent sont soumises à des règles qui protègent le système, en demandant aux banques d’avoir pour 9 euros prêtés, un euro dans sa poche, C’est le fameux ratio Bâle III du nom de la législation qui va s’appliquer – le ratio “prudentiel”. Donc, il y a un minimum de garantie demandées aux banques pour éviter des faillites bancaires, et des catastrophes économiques, même si on en est passé très proche en 2008 (d’où de Bâle II à Bâle III).
Ces acteurs du shadow banking ne sont pas soumis aux mêmes règles, puisqu’il n’y a pas de dépôts par le grand public, mais des investisseurs qui confient des sommes à ces gens. On trouve parmi eux les fameux “hedge fund”, qui sont des institutions dont le but est de maximiser le rendement des fonds qu’on leur soumet pour qu’ils les placent, mais on y trouve également des caisses de retraites, des OPCVM, ou même des grandes entreprises avec des trésorerie importantes – on peut penser à APPLE et ses 100 milliards de cash.
L’effet pervers de la régulation et de la pression sur les banques.
Ce sont donc des pans entiers qui échappent à tout contrôle, entre adulte consentant qui se prêtent de l’argent pour faire joujou, sauf que ces institutions ont les moyens de faire peser des risques systémiques aussi grand que les plus grandes banques parfois. Puisque les banques se soumettent à des règles qui les empêchent de prêter facilement,et qui doivent jongler avec la valeur de leur bilan, les investisseurs qui en veulent coûte que coûte se tournent vers les institutions “shadow banking”.
A la sortie, le risque est porté par on ne sait plus trop qui, suite aux multiples montages possibles et aux opérations opaques, rendant le système économique et notamment bancaire encore plus fragile par la concurrence déloyale que leur livre ces institutions, et par les risques qu’ils font peser sur le système tout entier : malgré les défauts qu’on peut trouver aux agences de notation, au moins celles-ci portent un regard sur un certain nombre de produits, qui ne peuvent pas évaluer les produits “qu’on ne voit pas”, ni les régulateurs qui ne les ont pas dans leur périmètre de pouvoir
il est de bon ton de s’élever contre cette économie financière parallèle, mais personne encore n’a réellement mis des solutions pour en limiter les risques.