« Difficile de s’y repérer lorsqu’on entend que le diesel est le carburant le plus polluant, qu’à distance égale, l’essence engendre une consommation supérieure au diesel, que des filtres à particules suffisent à diminuer les émissions de particules fines et nox (oxyde d’azote)… … Dans cet imbroglio, intéressons-nous aux principales différences entre l’essence et le diesel : technique, conduite, consommation, prix, ventes… »
Bien que les véhicules électriques soient présents dans les catalogues des concessionnaires et que les véhicules à pile à combustible (hydrogène) sortent de l’anonymat, l’état et les constructeurs nous laissent encore le choix pour les véhicules thermiques entre des motorisations essence et diesel, deux options qui présentent chacune des avantages et des inconvénients, en fonction du domaine concerné.
La technologie diesel longtemps encouragée par le gouvernement au travers d’une fiscalité avantageuse, consomme un produit moins raffiné, le gazole, qui comporte des caractéristiques différentes sur la façon de brûler et donc, de produire de l’énergie, ce qui la différencie de la technologie essence. Cependant, la technologie diesel reste plus bruyante à l’utilisation et plus chère à l’achat ainsi qu’à l’entretien.
Essence ou diesel : la technique
Les deux carburants ont pour point commun d’être produits à partir de pétrole. Néanmoins, leur composition varie car l’essence renferme des hydrocarbures plus légers. Selon les chiffres communiqués par le groupe Total, son mélange est constitué de 5 à 11 atomes de carbone, contre 12 à 25 atomes de carbone pour le diesel. L’essence est réglementée par la norme européenne EN 228 et se caractérise par l’indice d’octane, relatif à l’optimisation de la combustion. C’est la norme EN 590 et l’indice de cétane qui concernent le diesel. Autre élément de différenciation notable, l’exploitation de chaque carburant dans le moteur sachant qu’une motorisation donnée ne peut évidemment pas supporter n’importe quel type de carburant. Voilà pourquoi, un moment d’inattention à la pompe peut être fatal pour la mécanique. Dans un bloc essence, le mélange carburant/air est enflammé par une bougie d’allumage. Pour le diesel, il n’y a pas de bougie d’allumage en raison des températures suffisamment élevées découlant de l’important taux de compression de l’air qui provoque l’auto-inflammation du carburant.
Essence ou diesel : la conduite
A puissance égale, un moteur essence et son alter ego diesel délivrent des performances brutes similaires. Mais selon la plage d’exploitation, l’agrément de conduite est bien différent. Généralement, un moteur diesel dispose d’un couple important à bas régime, mais l’essence est à privilégier pour la noblesse d’une vraie conduite sportive. En matière de sensations, le diesel peut réserver un certain niveau de bruit et/ou de vibrations, résultat du taux de compression plus élevé. Un aspect souvent atténué sur les moteurs récents. Pour résister aux fortes compressions dans les cylindres, un bloc diesel est doté de matériaux très résistants, ce qui donne lieu à une meilleure fiabilité que l’essence, mais son poids est plus important. Comme le souligne Total, « le moteur essence est recommandé pour tous ceux qui roulent peu et de préférence en ville. Le moteur est plus adapté à cet usage car il a besoin de moins de temps que le moteur diesel pour monter en température. » Rouler peu, cela signifie parcourir moins de 20 000 km par an. Au-dessus de ce seuil, le diesel est plus rentable.
Essence ou diesel : la consommation
Il est acquis que pour une puissance donnée, un moteur diesel est moins gourmand en carburant que son équivalent essence. Généralement, la différence se situe aux alentours de 15-20%. La consommation plus basse d’un moteur diesel doté d’un meilleur rendement que son alter ego essence, résulte du taux de compression plus élevé. A titre d’exemple, un Peugeot 3008 de 130 ch consomme 5,1 l/100 km en essence (1.2 PureTech) et 4,1 l/100 km en diesel (1.5 BlueHDi). Avec 180 ch, la consommation est de 5,6 l/100 km en essence (1.6 PureTech) et 4,8 l/100 km en diesel (2.0 BlueHDi). Sur le volet des émissions en CO2, la différence est de 118 contre 106 g/km et 128 contre 124 g/km. Ainsi, à puissance similaire, l’essence émet davantage de CO2 que le diesel qui rejette quant à lui davantage de particules fines.
De quelle pollution parle-t-on ? Le CO2 ou les particules fines ?
Le rejet de CO2 par les véhicules est le critère utilisé actuellement pour déterminer si un véhicule est polluant ou non. Pourtant, même les véhicules dégageant peu de CO2 sont source de pollution. Certaines particules nocives pour notre santé passent le barrage du filtre à particules. Sans oublier les particules fines émises hors échappement (abrasion des pneus, garniture des freins, etc.). Le paradoxe est que les motorisations qui rejettent le moins de CO2, favorisées par l’Etat (bonus-malus écologique), sont celles qui génèrent le plus de polluants toxiques ! Bref, il semble difficile de prendre soin à la fois de l’avenir de la planète et de la santé publique…
Essence ou diesel : les prix
Pour reprendre la référence du Peugeot 3008, disponible sur un même niveau de puissance en essence et diesel, l’écart du prix de base est de 4 600 euros en 130 ch et 5 300 euros en 180 ch. Les blocs essence débutent à 27 000 euros pour le 1.2 PureTech 130 et 36 250 euros pour le 1.6 PureTech alors que les moteurs diesel sont affichés à partir de 31 600 euros pour le 1.5 BlueHDi et 41 550 euros pour le 2.0 BlueHDi. En ce qui concerne le prix des différents carburants à la pompe, l’écart entre le gazole et l’essence s’est réduit au fil des années. Actuellement, il est souvent inférieur à 5% en sachant que le gazole est proposé autour de 1,45 euro, contre environ 1,47 euro pour le SP95-E10 (10% d’éthanol), 1,49 euro pour le SP95 et 1,55 euro pour le SP98. Dans certaines stations, notamment en région parisienne, il arrive même que le gazole soit affiché à un prix plus élevé que l’essence, notamment parce qu’il est davantage taxé que par le passé. Pour autant, la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques (TICPE) est plus importante sur l’essence que sur le gazole (0,70 contre 0,60 euro).
Essence ou diesel : les ventes
Les ventes de véhicules diesel sont en perte de vitesse continue depuis la révélation fin 2015 du Dieselgate, le scandale de triche aux émissions polluantes du groupe Volkswagen. En 2017, les ventes de véhicules diesel sont tombées au niveau des ventes de véhicules essence en France avec une part d’environ 47% pour les deux technologies. Un an plus tard, le fossé s’est creusé : sur l’ensemble de l’année 2018, les ventes de véhicules essence ont grimpé à 54,67% (1 188 172 immatriculations) de part de marché alors que les ventes de véhicules diesel ont chuté à 38,87% (844 831). Au premier semestre 2019, l’écart s’est encore accentué : 58,82% pour les ventes de véhicules essence contre 34,26% pour le ventes de véhicules diesel. Néanmoins, certains constructeurs à l’image de Mazda, veillent à développer encore leurs moteurs diesel.