Certaines sociétés ne sont pas près de faire faillite. Avec plus de 600.000 décès en France par an, soit un mort toutes les 54 secondes, les agences de pompes funèbres sont prospères et vont le rester. Le business est florissant, les techniques marketing sont bien huilées, tout en restant dans un écrin de sobriété dû au secteur. Du grand art !

Malgré une apparente réussite, le secteur fait face à des bouleversements sociétaux profonds. L’espérance de vie augmente, les traditions funéraires se perdent, l’engouement pour les crémations est de plus en plus fort et il existe de nombreux moyens toujours plus performants   de comparer les prix pour les personnes désireuses d’organiser leurs obsèques de leur vivant.

Alors, comment s’en sortent les poids lourds du secteur ? Quel est le taux de rentabilité d’une petite entreprise de pompes funèbres et quelles sont les formalités nécessaires en cas de décès ?

Les poids lourds du funéraire

Trois groupes se partagent la majorité du gâteau que représente le secteur du funéraire en France. Le premier est le groupe OGF détenteur de la marque PFG (Pompes Funèbres Générales) qui se déclare sobrement « Le champion français des services funéraires », le second est Funecap possédant la marque Roc Eclerc, jouant la carte de la grande surface du funéraire et le troisième est « Le choix funéraire » qui est l’enseigne qui constitue le premier réseau de pompes funèbres et marbriers indépendants avec 700 points d’accueil en France.

Pour se donner un ordre d’idée, OGF organise chaque année 125 000 obsèques, soit plus de 20 % du marché. Véritable conglomérat, PFG dispose d’un millier de magasins, de plusieurs chaînes de crématoriums, mais aussi d’usines de cercueils avec… des forêts dans les Vosges et dans les Landes, OGF fabrique 140 000 cercueils par an.

Le domaine du funéraire reste jugé très profitable par les professionnels du secteur et affichera un chiffre d’affaires en hausse de 3,5 % par an jusqu’en 2022. En effet, il est largement décrié que les entreprises de pompes funèbres alourdissent les factures en ajoutant des services. Cela permet aux petites entreprises de marger et aux groupes plus importants d’accroître leur marge.

En effet, les plus gros groupes réussissent à réaliser des économies d’échelle et à augmenter leurs gains de productivité mais sans baisser les prix ne baissent pas. D’ailleurs, ils augmentent à un rythme deux fois plus élevé que celui de l’inflation. Les obsèques coûtent aujourd’hui en moyenne autour de 4 000 euros.

La situation est en fait très courante, les cadors du secteur se plaignent que le service funéraire doit être un service de proximité. Ils conservent donc de nombreux frais fixes avec la multiplication des points de vente.

Mais le numérique est en train de modifier ce secteur comme tous les autres. La bataille de Google Ads est déjà bien engagée, les sites avec devis en ligne et prix affichés fleurissent, la guerre de référencement est en train d’être livrée.

Evidemment, toutes les petites entreprises ne peuvent pas se permettre d’intégrer un service communication ou de faire appel à une agence de communication. Les budgets pour un site internet vitrine réalisé dans les règles de l’art et permettant de récupérer des leads commerciaux démarrent à 3000€ HT pour la conception puis viennent les frais récurrents d’hébergement et de maintenance.

Les entreprises de pompes funèbres indépendantes

Chaque entreprise peut avoir ses propres services ainsi que ses propres tarifs puisque le secteur du funéraire est libéralisé depuis 1993. En France, de nombreuses règles sont énoncées dans le Code Général des Collectivités Territoriales (notamment pour tout ce qui concerne les cercueils).

La loi a apporté en 2008 des dispositions concrètes pour la crémation : interdiction de conserver les cendres à son domicile, possibilité de les disperser dans des Jardins du souvenir, etc.

L’arrêté du 23 août 2010 oblige les pompes funèbres à établir des devis suivant un modèle type afin de faciliter la comparaison.

Le secteur est composé de 3500 entreprises, dont 80 % sont des PME, 95 % issues du privé, qui emploient quelques 25 000 salariés. Le bassin d’emploi est donc particulièrement riche. On notera par ailleurs, la modernisation des pratiques via la recherche scientifique et technologique ou l’émergence du numérique, ce qui implique la création de nouvelles structures, de nouveaux métiers comme les assureurs spécialisés ou encore les start-up s dédiées à la digitalisation de ce type de prestations.

De très nombreuses entreprises investissent dans le numérique afin de s’offrir une visibilité.

Les nouveaux services de la tech-death

Le digital s’attaque au marché du funéraire, qui pèse près de 2,5 milliards d’euros et des start-up fleurissent dans le business post-mortem. Dorénavant, les plus grands acteurs du numérique envisagent la mort de leurs utilisateurs en proposant que le compte inactif du défunt soit récupéré par un proche ou détruit. Facebook et Google vous demandent maintenant vos volontés.

Vous pouvez rédiger votre testament en ligne avec Testamento qui propose un service conçu avec l’aide de notaires et d’avocats. Le site Edeneo propose quant à lui, de protéger toutes vos données précieuses avec un coffre-fort numérique. Au moment du décès, ce coffre-fort sera déverrouillé et toutes les données seront transmises aux personnes préalablement indiquées.

Advitam, société de pompes funèbres fondée en 2016 vous propose de simplifier les démarches administratives et pratique des tarifs bien inférieurs au prix de marché.

En 2012, la mairie de Paris a également lancé sa plateforme d’organisation de funérailles: Révolution obsèques. Avec un prix unique de 789 euros, bien inférieur à ceux de la concurrence, il est possible d’organiser simplement des obsèques en ligne.

Enfin, si un proche ne peut assister aux obsèques, Afterweb-Venture propose aux proches de suivre la cérémonie en ligne qui est retransmise en direct de façon privée.

Coût des obsèques

Les assurances / prévoyances

L’organisation des obsèques n’est pas le seul business des entreprises de pompes funèbres. Elles disposent également de contrats de prévoyance en portefeuille. Au décès, il faut donc s’assurer que le défunt n’a pas souscrit de contrat d’assurance obsèques de son vivant. Ce contrat prévoit en effet, en cas de décès, le versement d’un capital pour l’organisation des obsèques. Le bénéficiaire de ce capital peut être un proche du défunt, mais aussi une entreprise de pompes funèbres.

Ces contrats obsèques sont dans leur grande majorité, des cotisations mensuelles à régler jusqu’à sa mort en échange d’un capital garanti défini préalablement. Bien évidemment, on reconnaît ici le système du viager. Plus de 5 millions de Français ont signé et cotisent chaque mois, depuis que ce type de contrats auprès d’une banque ou d’une assurance existe. Classiquement, les cotisations sont calculées pour qu’en moyenne, les cotisations versées soient supérieures au capital rendu. Cependant, de nombreuses clauses dans ces contrats peuvent même permettre aux banques de ne pas reverser l’argent cotisé : un décès qui survient avant la date prévue dans le contrat, dans un accident de la route ou sur un terrain de guerre. Il faut donc être vigilent quant à la signature de ce type de contrat et prévoir le maximum de cas possibles. Ces contrats sont donc une source de revenus non négligeables pour le secteur.

Le versement du capital prévu par le contrat peut être versé dans les deux cas de figure suivants :

Une entreprise de pompes funèbres est désignée au contrat. Les démarches à réaliser par la famille sont alors simplifiées. Il suffit de contacter l’entreprise de pompes funèbres désignée afin qu’elle organise les obsèques selon les volontés écrites du défunt. La facture est ensuite directement envoyée à l’assurance qui versera le capital correspondant.

Le contrat désigne une personne physique comme bénéficiaire. Dans ce cas, ce dernier doit se manifester auprès de la compagnie d’assurance pour qu’elle verse le capital garanti. Toutefois, la compagnie réclamera des documents justificatifs listés préalablement dans le contrat d’assurance. Il est maintenant obligatoire depuis la loi du 28 juillet 2013 d’affecter le capital à l’organisation des obsèques du défunt.

Les prix

Pour bien choisir une entreprise de pompes funèbres, il faut comparer les différents tarifs. Le secteur s’adonne à une véritable guerre des prix, de telle sorte que l’on peut dorénavant parler « d’ubérisation du funéraire ».

L’incontournable cercueil avec quatre poignées obligatoires est le produit d’appel de tous les commerçants. Chaque enterrement ou crémation, effectué en France doit obligatoirement se faire avec un cercueil, avec quatre poignées pour le soulever. On en trouve à tous les prix, de 450 euros pour un cercueil en aggloméré (700 euros pour du carton amélioré) jusqu’à plus de 3 000 euros pour du chêne massif. Le modèle en érable blanc est vendu 1 900 euros. Vernis, poignées additionnelles, capiton : toutes les prestations supplémentaires sont optionnelles. 

Il existe une infinité de prestations optionnelles qui relèvent de l’imagination commerciale fertile des entrepreneurs. Ainsi, les cendres peuvent être dispersées en mer, en montgolfière et même dans l’espace. Des applications payantes sont proposées comme, par exemple, un coffre-fort numérique (pour ranger les codes et les papiers du défunt) ou encore la sépulture numérique.

L’intention commerciale est d’augmenter le panier moyen en proposant une myriade de services optionnelles en profitant du fait que l’organisation des obsèques doit s’effectuer rapidement suivant le décès. Le « client » agit donc dans la précipitation.

L’inhumation ou le dépôt en caveau provisoire a lieu :

– si le décès s’est produit en France, vingt-quatre heures au moins et six jours au plus après le décès ;
– si le décès a eu lieu dans les collectivités d’outre-mer, en Nouvelle-Calédonie ou à l’étranger, six jours au plus après l’entrée du corps en France.
– Les dimanches et jours fériés ne sont pas compris dans le calcul de ces délais.

La liste des entreprises de pompes funèbres de la commune est obligatoirement disponible à la mairie mais il est possible de s’adresser à des entreprises de pompes funèbres situées hors de la commune. Le premier contact téléphonique est crucial et permet généralement de détecter le sérieux de l’entreprise. Ainsi, l’UFC Que Choisir propose une liste de des questions classiques à poser à une entreprise de Pompes Funèbres afin d’apprécier l’accueil de son représentant et sa capacité à répondre à des questions simples :

  • le montant des honoraires de la société de pompes funèbres (pour les démarches effectuées auprès de l’administration ou de prestataires pour des actes tels que l’ouverture d’un caveau ou le creusement d’une fosse) ;
  • le premier prix pour un cercueil en chêne 22 mm équipé ;
  • le coût du véhicule funéraire et des porteurs ainsi que le nombre de porteurs.

Dans l’éventualité où les réponses seraient évasives ou que le prestataire se refuserait à répondre, il serait opportun de sélectionner une autre entreprise.

Le coût des obsèques varie, en fonction du type d’obsèques, inhumation ou crémation, selon que la cérémonie est civile ou religieuse; selon le type de cercueil ; s’il existe une concession mais également si le défunt porte un pacemaker et au regard de toutes prestations optionnelles. Le coût moyen des obsèques est de 3 350 euros pour une inhumation, hors marbrerie et de 3609 euros pour une crémation.

La loi oblige dorénavant les entreprises à fournir des devis (article 4 de l’arrêté du 11 janvier 1999). Malgré tout, il faut veiller à ce que les tarifs proposés soient bien respectés, que la prestation ne sorte pas du cadre prévu et que tous les éléments liés aux obsèques soient notés sur ce devis sous peine de voir la facture différer fortement du montant initialement prévu.

Le devis doit contenir les informations d’ordre général suivantes:

  • Les mentions légales relatives à l’entreprise de pompes funèbres (nom, adresse, capital et numéro d’enregistrement RCS…). Le devis doit être établi par écrit sur un papier à en-tête et comporter la signature du représentant. Refusez tout devis établi sur une simple feuille volante, il n’engage pas l’entreprise de pompes funèbres.
  • La commune du lieu du décès, de la mise en bière, du service funéraire, de l’inhumation ou la crémation.
  • La durée de validité du devis : en général de 1 à 3 mois, elle doit être systématiquement précisée.
  • L’indication du caractère obligatoire ou non de la prestation proposée doit être clairement précisée en gras ou par un astérisque. À titre d’exemple, un cercueil, le véhicule funéraire, ainsi que des porteurs, sont obligatoires, tandis que les soins de conservation ou le séjour en chambre funéraire sont facultatifs.
  • La formule suivante reproduite de manière lisible : « En application de la réglementation funéraire, seules les prestations suivantes sont obligatoires : fourniture d’un véhicule agréé pour le transport du corps (avant ou après la mise en bière), d’un cercueil de 22 mm d’épaisseur – ou 18 mm en cas de crémation – avec une garniture étanche et 4 poignées et, selon le cas, les opérations nécessaires à l’inhumation et/ou à la crémation (avec fourniture d’une urne cinéraire permettant de recueillir les cendres issues de la crémation ».

Les informations plus spécifiques doivent également figurer sur le devis :

  • Les montants nets des prestations ou fournitures effectuées par chaque entreprise tierce : il s’agit, par exemple, des opérations de fossoyage et de mise en terre en cas d’inhumation.
  • Les honoraires de l’entreprise de pompes funèbres correspondant à la représentation du client auprès des diverses administrations et le montant demandé par ces organismes.
  • Le nombre d’agents exécutant les prestations funéraires et affectés au convoi (en pratique, le nombre de porteurs).

Les contrats abusifs

Beaucoup se plaignent de pratiques commerciales déloyales, de prestations fantômes, de commissions cachées illégales, etc.

Bien que la loi interdise le démarchage ou la publicité pour une entreprise donnée, les contrats obsèques sont parfois le moyen d’orienter la clientèle vers un opérateur funéraire en particulier. Cela va évidemment à l’encontre de la liberté fondamentale qu’à le souscripteur de choisir librement son entreprise de pompes funèbres et d’en changer à tout moment sans frais supplémentaires.

Ainsi, certains assureurs précisent via des supports écrits, que les bénéficiaires ont « la possibilité » d’entrer en contact avec telle ou telle entreprise pour organiser l’enterrement. Le contournement de la loi est manifeste puisqu’il y a publicité mais la personne chargée de l’organisation des obsèques peut interpréter cette information comme la volonté du défunt et ainsi « choisir » l’entreprise en question.

Des entrepreneurs de pompes funèbres indépendants dénoncent également des ententes entre les banques, les assurances et les grands groupes du funéraire.

Autre pratique, des commissions, rebaptisées “frais de dossiers”, sont imposées quand un grand groupe funéraire fait appel à son concurrent pour enterrer une personne dans une ville où ce groupe n’a pas de magasin. Cette commission s’élève à 10 % du capital ou davantage parfois.   Le capital disponible pour la famille est donc forcément réduit. Ces commissions abusives, si elles sont répercutées sur les familles, sont punies par la loi, qui prévoit jusqu’à 5 ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende.

Formalités

Certaines démarches sont à effectuer dans les 24 heures suivant le décès. Dans un premier temps, il faut savoir que chaque décès doit être constaté par un médecin qui établit le certificat de décès. Bien que 80% des décès surviennent en établissement de santé (hôpital, maison médicalisée privée, maison de retraite, etc.), si c’est à domicile, il est nécessaire d’appeler un médecin. En cas de décès dans un établissement de santé (hôpital, maison médicalisée privée), le personnel se charge de ce constat.

Dans un second temps, il faut faire la déclaration en mairie. Comme précédemment, si le défunt se trouvait en établissement de santé, la déclaration est faite par le directeur de l’établissement. Dans le cas contraire, la famille doit faire la déclaration de décès en mairie, mais il est possible de confier cette démarche à un tiers, quel que soit son lien avec le défunt. Les pièces suivantes sont requises : pièce d’identité du déclarant ; livret de famille du défunt ou tout document permettant de contrôler son identité ; certificat médical de décès. A l’issue de cette procédure, l’officier d’état-civil délivre un acte de décès en plusieurs exemplaires originaux. Ce document officiel est gratuit et permet la transcription dans le registre d’état civil.

Dans un troisième temps, il faut gérer le transfert du défunt et ses obsèques. Concrètement, le transfert vers une chambre funéraire n’est jamais obligatoire. Il s’agit d’un service permettant à la famille de pouvoir effectuer des visites à sa convenance sans être gênée par des horaires contraignants d’hôpital public ou de maison de retraite. Par exemple, Le choix funéraire propose à ses clients une chambre funéraire accessible 7j/7 et 24h/24.

En cas de décès à l’hôpital public

La plupart des hôpitaux proposant des soins en gériatrie, disposent d’une chambre mortuaire équipée pour conserver le corps des défunts jusqu’au jour des obsèques, c’est-à-dire 6 jours ouvrés au plus après le décès. Le transfert et l’utilisation des chambres des hôpitaux sont gratuits pendant 3 jours après la date du décès.

Dans l’éventualité où l’hôpital ne dispose pas de chambre mortuaire, un transfert est opéré vers la chambre mortuaire d’un autre hôpital, à son domicile ou vers une chambre funéraire privée. Si l’hôpital est tenu d’avoir une chambre mortuaire, les frais engagés pour le transport du défunt sont à sa charge.

Le transfert, quel que soit le lieu de destination, devra intervenir, selon la loi, dans un délai de 48 heures à compter de l’heure du décès.

En cas de décès en maison de retraite

Les conditions pour les maisons de retraite possédant une chambre mortuaire sont les mêmes que pour les hôpitaux. Le défunt repose en chambre dans l’attente de l’organisation de ses obsèques.

En cas d’absence de chambre, l’obligation des maisons de retraite est floue. Etant donné que les maisons de retraite constituent le domicile des défunts, les corps peuvent, en principe, être maintenus dans les chambres des pensionnaires jusqu’à la mise en bière. Toutefois, la politique généralisée des établissements consiste à fortement inciter la famille à opérer un transfert vers une chambre funéraire, pour des raisons de discrétion vis-à-vis des autres résidents notamment. Dans ce cas, tous frais de transfert et de séjour sont à la charge de la famille.

En cas de décès à domicile

Après le constat de décès par le médecin, la famille peut garder le défunt au domicile ou le faire transférer vers une chambre funéraire dans les 48 heures selon la loi. Dans ce cas, les frais de transfert et de séjour sont à la charge de la famille.